Spécial Marche verte

Techniques de décodage

On aura tout essayé pour arrêter le phénomène du piratage des chaînes cryptées, mais nos génies marocains ont toujours la solution qu'il faut, au grand plaisir des téléspectateurs.

22 Février 2011 À 17:44

Au fil des années, plusieurs méthodes de piratage audiovisuel ont vu le jour. C'est le cas avec l'élaboration des différentes cartes numériques «magic, abracadabra...» et le recours à certaines techniques comme le flashage des récepteurs... Mais hélas, toutes ces techniques ont été battues par les nouveaux systèmes d'anti-piratage. Ces derniers ont rendu le décryptage des codes de plus en plus difficile. Lors de cette dernière décennie nous avons tous assisté à une véritable guerre informatique entre les techniciens des chaînes et nos génies «craqueurs».

Les techniciens font leur travail qui consiste à trouver des codes efficaces et difficiles à déchiffrer en diminuant les intervalles de changement de code. Parfois, il est même programmé pour être changé toutes les minutes, voire toutes les secondes. Les pirates, qui sont installés essentiellement à Derb Ghellef Joutia, font également leur travail en trouvant la solution qu'il faut. Ils passent souvent des journées entières connectés en espérant de tomber sur la bonne clé. Malgré tous les efforts fournis pour battre le piratage audiovisuel, les téléspectateurs marocains ont toujours deux solutions qui s'offrent à eux pour regarder leurs chaînes françaises préférées ainsi que d'autres chaînes cryptées. Ils peuvent désormais utiliser soit la «dream box», soit le «dingle» grâce aux génies «craqueurs» qui se surpassent chaque jours sans baisser les bras afin de trouver les solutions les plus efficaces, au grand plaisir des téléspectateurs toujours prenants. Le «dream box» est un home média-center qui marche à l'aide d'une connexion Internet, généralement via un routeur afin de capter plusieurs bouquets de chaînes TV payants. Les vendeurs promettent une meilleure qualité et un service fiable sur toutes les chaînes. «L'appareil «dream box» coûte 600 DH contre 3.000 DH au début de son apparition et l'accès aux chaînes coûte 1.000 DH/an», lance Youssef, un pirate et vendeur de matériel nécessaire pour ce genre de service. «L'installation nécessite une parabole avec une tête mobile pouvant capter au moins les satellites Hotbird et Astra plus une connexion Internet (une connexion de 1 mégabit est largement suffisante). Il est aussi préférable d'acheter un routeur, qui coûte 500 DH, pour que la «dream box» puisse bien fonctionner. Quant à l'installation, c'est le vendeur qui se déplace chez le client pour tout mettre en ordre», poursuit-il.

Côté consommateurs, l'astuce «dream box» a plutôt l'air de bien marcher. «J'utilise la «dream box» depuis fin 2008, lorsque mon ancienne carte «Abracadabra» a cessé de marcher. Je suis satisfait, l'image est nette et j'ai un très large choix en ce qui concerne les chaînes de télévision. Malheureusement, depuis le début de cette année, certaines chaînes ne sont plus accessibles. Il s'agit du bouquet de OSN et Canal. Apparemment, ils emploient des techniciens très forts, mais rien n'est jamais perdu avec nos génies marocains», confie Mehdi, un utilisateur de la fameuse «dream box». «Certes, au début j'ai rencontré quelques difficultés pour pouvoir m'adapter au nouveau programme, mais une fois l'habitude installée, tout se passe bien. J'arrive à voir toutes les chaînes du TPS et la TNT française, que pourrait-je demander de plus?» ajoute-t-il. La deuxième solution qui s'offre au téléspectateurs pirates est le «dingle». Un petit appareil spécialement conçu pour faire des miracles. Grâce au «dingle», plusieurs codes de chaînes payantes sont déchiffrés avec une facilité déconcertante. L'installation de l'engin en question nécessite une deuxième parabole avec une tête mobile pouvant capter plusieurs satellite afin de trouver les signaux nécessaires. Il faut également prévoir des câbles et le «dingle» bien sûr. «Cette astuce a été découverte au début de l'année dernière et a battu son plein lors de la coupe du monde 2010. Le «dingle» consiste à déchiffrer les caractères formant le code à une vitesse incroyable au fur et à mesure du changement de ces derniers», indique Omar, un craqueur de Derb Ghallef.

Le «dingle» aussi laisse des effets très positifs auprès des utilisateurs. «Sans la moindre complication, je peux capter plusieurs chaînes que j'aime regarder grâce au «dingle». À noter le bouquet TPS, Al jazeera sport, ART... Avant fin 2010, je pouvais même regarder les chaînes américaine d'OSN, mais leurs techniciens ont pu vaincre nos génies marocains pour le moments. Je suis sûre que cela ne durera pas éternellement. Nous sommes passés par pire», affirme Fadwa. Les téléspectateurs marocains ont toujours gardé confiance en leurs «sauveurs» : les pirates de l'audiovisuel. C'est compréhensif parce que jusqu'à présent, ils ne les ont jamais déçus.

Derb Ghallef : un véritable monument historique

Tous les craqueurs et pirates audiovisuels sont installés à Derb Ghellef Joutia à Casablanca. Ceux qui sont dispersés dans d'autres zones, gardent toujours des liens avec le Derb, parce qu'il est toujours à l'avant-garde et dispose de toutes les nouveautés. Derb Ghellef est tellement célèbre qu'il a été cité par Wikipédia, l'encyclopédie électronique internationale. «Derb Ghallef est un quartier populaire de Casablanca, célèbre pour son marché appelé le marché Joutia, mais aussi le «Paradis du piratage». Il est connu pour la vente des produits électroniques, ainsi que des contrefaçons à des prix modestes et abordables par la majeure partie de la population marocaine. On y trouve des marchands de meubles, de prêt-à-porter, du multimédia, surtout pour les étrangers. On peut y acheter quasiment n'importe quel matériel informatique ou vidéoludique possible. Toutes les pièces, puces, cartes sont disponibles en quantité respectable. Certains marchands font venir leur marchandise de Corée du Sud et du Japon. On peut donc parfois trouver du matériel pas encore sorti en Europe ou aux USA», lit-on sur Wikipédia.
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