La FDT, l'UGTM et l'UNTM insistent sur le maintien de la représentation syndicale au Parlement et annoncent leur intention de mener des actions pour défendre cette présence.
La participation des syndicats au CES ne peut nullement pallier leur absence du Parlement.
LE MATIN
03 Juin 2011
À 16:57
La FDT (Fédération démocratique du travail), l'UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc) et l'UNTM (Union nationale du travail au Maroc) semblent être les premières à ouvrir le débat sur les nouvelles dispositions de la future Constitution. Même si l'on n'a pas encore de détails sur la nouvelle copie, les informations qui circulent concernant le changement de composition et les domaines de compétences de la deuxième Chambre parlementaire font réagir de nouveau les syndicalistes.
En effet, les trois centrales syndicales se sont fendues cette semaine d'un communiqué commun dans lequel elles réitèrent leur attachement au maintien d'une représentativité syndicale au Parlement. Dans le même document, les représentants des trois syndicats demandent de consolider la participation syndicale dans la législation et le contrôle des politiques gouvernementales. «La représentativité territoriale évoquée par le Discours royal du 9 mars comme plate-forme de la représentation dans la deuxième Chambre comporte une dimension sociale. De même, la population active représentée par les syndicats est une composante importante. De ce fait, la représentativité syndicale doit être renforcée dans le Chambre des conseillers», lit-on dans le communiqué publié par les trois syndicats à l'issue d'un colloque scientifique sur le rôle des représentants des salariés dans la deuxième Chambre parlementaire. Pour la FDT, l'UGTM et l'UNTM, la représentativité syndicale au Parlement est un acquis pour la classe ouvrière marocaine qu'il faut renforcer. Les centrales annoncent même qu'elles comptent dans l'avenir prendre des initiatives de plaidoirie et de communication pour sensibiliser l'opinion publique à l'importance du rôle du syndicat au Parlement. Faut-il en déduire que les centrales syndicales refusent de quitter le Parlement et de se contenter d'une représentativité au CES (Conseil économique et social) fraîchement installé ?
Contactés, des responsables au sein des syndicats alliés affirment que la position de leurs syndicats respectifs est claire dans les mémorandums présentés à la commission chargée de la révision de la Constitution. «Les syndicats ont toujours joué un rôle important. Leur action était efficace concernant notamment le code de la route qui a été adopté à la première Chambre, mais il a été bloqué à la deuxième», explique Mohamed Yatim, le secrétaire général de l'UNTM. Pour ce dernier, la participation des syndicats au CES ne peut nullement pallier leur absence du Parlement. «Le Conseil économique et sociale assume tout juste des missions à caractère consultatif. Il faut préciser que les syndicats jouent un rôle important dans le cycle de la législation et le contrôle de l'action gouvernementale. Ce rôle a été rendu plus efficace grâce à la présence des syndicats au Parlement. Il est donc important de maintenir et renforcer cette présence». Même son de cloche à la FDT qui insiste sur le caractère vitale du rôle des syndicats au Parlement. «Nous sommes pour le maintien d'une représentativité syndicale au Parlement. Car les syndicats jouent un rôle important à la deuxième Chambre. Il est vrai que nous siégeons également au CES, mais il ne faut pas oublier que ce conseil à des compétences à caractère consultatif», déclare pour sa part, Abderrahmane Azzouzi, secrétaire général de la FDT.
À noter enfin que les trois syndicats ont appelé dans leur communiqué à adopter une approche progressive dans la révision de la composition de la Chambre des conseillers. Ces derniers évoquent l'expérience française où le mandat de la deuxième chambre parlementaire n'arrive à échéance qu'en 2018. Le débat ne fait que commencer concernant ce dossier qui pourrait attiser les discussions lorsque le projet de la nouvelle Constitution sera dévoilé dans les jours à venir.
Alliance
Cela fait plusieurs mois que la FDT, l'UGTM et l'UNTM adoptent des positions communes concernant plusieurs dossiers. Les trois syndicats avaient en effet scellé une alliance pour coordonner leur action. Ils avaient expliqué cette décision à l'époque par un souci de renforcer l'action syndicale et d'avancer en rangs serrés. Même si cette alliance avait faibli pour un certain temps, à cause notamment des problèmes internes à la fois dans l'UNTM et la FDT, elle a prouvé à plusieurs occasions son efficacité. Les trois syndicats coordonnent leurs actions notamment à l'occasion du dialogue social avec le gouvernement. Il faut signaler que les trois centrales sont représentées à la deuxième Chambre du Parlement, tout comme la CDT (Confédération démocratique du travail) et l'UMT (Union marocaine du travail). Ces deux syndicats avaient été également invités à rejoindre cette alliance, mais aucune suite n'a été donnée à cette invitation.