Lors de cette grande fête cinématographique cannoise, un programme spécial sera dédié au «grand pays du cinéma». Le souvenir du regretté Youssef Chahine planera sur la journée du 18 mai.
AFP
01 Mai 2011
À 12:28
L'Egypte sera cette année le premier pays invité du festival de Cannes qui inaugure ainsi un hommage annuel aux grands pays du cinéma, avec un programme spécial de projections et de festivités le 18 mai. "Cette journée, sur laquelle planera le souvenir du regretté Youssef Chahine (mort en 2008), permettra de mettre l'accent sur les forces vives du cinéma égyptien qui sera représenté par des réalisateurs, des acteurs, des producteurs, des techniciens", ont indiqué jeudi les organisateurs du festival dans un communiqué.
Mais, a précisé à l'AFP le délégué général du festival, Thierry Frémaux, "le choix de l'Egypte n'est pas seulement motivé par les événements récents dans toute la région : il s'agit d'abord de rendre hommage à un grand pays de cinéma". Le président égyptien Hosni Moubarak a été contraint de quitter le pouvoir le 10 février après plus de deux semaines de manifestations populaires. Ces dix-huit jours de manifestations - à partir du 25 janvier - ont d'ailleurs inspiré la première oeuvre projetée le 18 mai : "18 jours" réunit les courts-métrages de dix réalisateurs (Sherif Arafa, Yousry Nasrallah, Mariam Abou Ouf, Marwan Hamed, Mohamed Aly, Kamla Abou Zikri, Sherif El Bendari, Khaled Marei, Ahmad Abdallah et Ahmad Alaa), tournés dans l'urgence, "sans budget et de manière complètement bénévole", précise le festival de Cannes. Ils ont ainsi réalisé avec 20 comédiens "dix histoires qu'ils ont vécues, entendues ou imaginées" et "les recettes de ce film seront consacrées à l'organisation de convois d'éducation politique et civique dans les villages égyptiens". La projection sera suivie d'un dîner officiel organisé en l'honneur de l'Egypte et d'un concert de West El Bala.
Deux longs-métrages égyptiens seront également présentés, l'un dans la sélection "Cannes Classics", avec une copie neuve du Facteur (Al Bostagui) d'Hussein Kamal (1968) et "Le Cri d'une fourmi" de Sameh Abdel Aziz (2011). Par ailleurs, le festival proposera un documentaire inédit sur la révolution de jasmin, en Tunisie, "Plus jamais peur" de Mourad Ben Cheikh (Tunisie), et "The Big Fix" (Surdose) de Josh Tickell (USA), documentaire environnemental produit par Peter Fonda. Des séances destinées aux lycéens programmeront enfin "Les Hommes libres" d'Ismael Ferrouki (Maroc/France) avec Michael Lonsdale et Tahar Rahim, et "Prodigies" (La Nuit des enfants rois), film d'animation d'Antoine Charreyron.
Un cinéma qui a une histoire
L'image des premiers films produits en Egypte, l'histoire du cinéma égyptien est un véritable conte, où se mêlent larmes et sourires, et où les drames s entrelacent au chant et à la danse. Son commencement est la découverte faite par Mohammed Al-Kalioubi - qui réalisait un documentaire sur la vie d'un des pionniers du cinéma des années 20, Mohammed Bayoumi - de quelques boîtes de vieux films, laissées à l'abandon dans la cave obscure de la vieille maison de Bayoumi. AI-Kalioubi découvrit ainsi un ensemble de filins de fiction réalisés par Bayoumi dans les années 20, et par conséquent plus anciens que le film de Aziza Amir, Laila, datant de 1928, et considéré jusqu'alors comme le premier film de fiction. Cette trouvaille obligea tous les critiques et tous les historiens à reconsidérer leurs écrits sur la naissance de ce cinéma. Mais bien avant ces films, l'Egypte avait connu le cinéma des frères Lumière, grâce à la communauté française, importante en Egypte. Et c'est comme cela que le peuple égyptien se familiarisa avec cette invention, qui deviendrait plus tard l'un des arts les plus importants du 20ème siècle. Les films Lumière et les films de Méliès étaient projetés sur les écrans des cafés, au Caire et à Alexandrie. Ils enflammaient le cœur des Egyptiens, qui laissaient ainsi libre cours à leurs rêves et voyaient dans cet art la possibilité d'exprimer ce qu'ils ressentaient intérieurement. Ajoutez à cela la capacité de ce nouvel art d'enregistrer sur le vif des événements mondiaux et de les reproduire sur les écrans...