Spécial Marche verte

La cause n'est pas toujours l'alcool

01 Février 2011 À 16:27

La cirrhose du foie est une maladie diffuse, chronique et irréversible, dont la définition est anatomique, avec l'association de trois types de lésions: Une atteinte des cellules du foie (cellules hépatiques) ; une fibrose et des nodules de régénération, où des cellules hépatiques essayent de fonctionner mais y arrivent mal, car la disposition architecturale des nouvelles cellules n'est pas conforme à leurs fonctions.
La cirrhose est en général, la conséquence d'agressions prolongées des cellules du foie. Agression alcoolique, virale, ou autres (médicaments, déficit enzymatique, maladie de Wilson...) La destruction de ces cellules hépatiques entraîne une diminution des différentes fonctions de cet organe, se traduisant par une insuffisance hépatocellulaire. Selon la taille des nodules, on distingue les cirrhoses micronodulaires et macronodulaires. Au Maroc, les hépatites virales surtout B et C, sont la première cause de cirrhose. Vient ensuite, l'alcoolisme. En fait, l'alcool et l'hépatite virale sont responsables de 90 % des cirrhoses. La quantité d'alcool et la durée d'intoxication nécessaires pour provoquer une cirrhose semblent assez variables selon les individus. Cependant, il faut une quantité journalière d'alcool pur de plus de 30 grammes pendant environ 10 ans chez l'homme (moins chez la femme). « Mon oncle avait décédé suite à une cirrhose du foie.

Pourtant il n'avait jamais touché à l'alcool dans sa vie. Et il n'est pas le seul. Je connais plusieurs personnes qui en ont souffert et même mort sans avoir bu un verre d'alcool dans leur vie», explique Fatima-Zahra. Il existe d'autres causes de cirrhose que les hépatites virales et l'alcool. Il s'agit de la cholestase extra hépatique prolongée qui entraine ce que nous appelons «une cirrhose biliaire secondaire». L'insuffisance cardiaque prolongée entraînant un foie cardiaque même si elle se transforme rarement en cirrhose cardiaque. Ou encore le syndrome métabolique. Pour ce qui est des symptômes, pendant une période plus ou moins longue, dite non compliquée, seul un examen clinique ou biologique peut mettre en évidence les stigmates.
Cependant, parfois, nous pouvons sentir de la fatigue, une perte d'appétit, une faiblesse musculaire, des douleurs à l'abdomen, l'impuissance... A un stade plus avancé, les signes révélateurs peuvent être une asthénie et amaigrissement, une ascite (présence de liquide à l'intérieur de la cavité péritonéale), un ictère (coloration jaune de la peau et des muqueuses), des problèmes cutanés, du diabète et même de l'insuffisance cardiaque. La cirrhose alcoolique, elle, est habituellement précédée d'une période de latence qui ne se traduit que par un foie augmenté de volume (inflammation au foie), à cause d'une surcharge en graisses. «Il y a plus ou moins un an et demi, nous avons découvert que maman avait une cirrhose du foie. Elle est aussi diabétique (3 piqûres d'insuline par jour). La cirrhose n'est pas une conséquence de l'alcool puisque maman ne boit pas. Le médecin m'a dit qu'elle pouvait vivre des années avec cette cirrhose mais qu'il fallait faire attention. Elle a aussi des varices à l'œsophage et jusqu'à présent, elle n'a jamais eu de problèmes de ce côté-là», confie Hanane.

«Mon père vit avec sa cirrhose du foie depuis 30 ans, à ce jour et depuis 6 ans il souffre de multiples complications», assure Karim. Il n'existe aucun traitement curatif de la cirrhose, malheureusement.
En effet, les solutions proposées se limitent au sevrage absolu en boissons alcoolisées, diurétiques spironolactone, traitement symptomatique des complications. Il s'agit surtout, de soulager le malade, traiter les complications et dans des cas spécifiques, procéder à la greffe du foie. La transplantation hépatique est un traitement réservé dans certains centres spécialisés aux maladies chroniques du foie arrivées à un stade évolué. Après la transplantation, un traitement immunosuppresseur (corticoïdes, ciclosporine, azathioprine) est nécessaire.

Des complications peuvent survenir après quelques mois : hémorragies digestives, infections, insuffisance rénale, cancer du foie. Ces complications sont souvent mortelles. L'ascite est la complication la plus fréquente.
Elle peut s'installer rapidement ou progressivement. C'est un épanchement liquidien dans la cavité péritonéale qui se traduit lorsqu'il est important par la distension mate de l'abdomen.
Les ictères sont également une complication fréquente.
Les infections sont multiples et s'expliquent par la diminution des systèmes de défense
antibactérienne.

* Journaliste stagiaire
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EXPLICATION : Rafiq Ismail •
Gastrologue

«Il n'y a pas de traitement réel
de la cirrhose du foie»,
Qu'est-ce qu'une cirrhose du foie ?

Tout d'abord, je tiens à signaler que la cirrhose du foie est une définition anatomo-pathologique. La cirrhose constitue le stade terminal de toutes les maladies du foie, c'est une conséquence de diverses lésions: l'hypertension portale, il s'agit d'une augmentation des vaisseaux, d'une régénération des nodules de mauvaise qualité et d'une désorganisation architecturale du foie.

Quelles sont les causes les plus fréquentes d'une cirrhose du foie ?
La principale cause au Maroc, contrairement à l'étranger, c'est les hépatites virales B et C: Le Centre de Transfusion Sanguine a déclaré 1,5 % des cas d'hépatite C et 2 à 5% d'hépatite B. mais ces chiffres restent quand même à vérifier. Vient ensuite l'alcool, les hépatites auto-immunes, que nous relevons chez les femmes, les maladies de surcharge : l'obésité (Stéatohépatite), l'ictère (jaunisse), l'excès de fer. La maladie de « Wilson », qui est un excès de cuivre, peut être considérée comme maladie de surcharge et cause génétique ou héréditaire. Nous pouvons compter aussi la cholestase même s'il s'agit d'une suite très rare avec les hépatites médicamenteuses ou toxiques.

Pouvez-vous nous parler des symptômes de la maladie ?
Il existe deux types de cirrhose : la cirrhose compensée, où aucun symptôme n'est remarqué. Le patient peut vivre avec ce type pendant une période d'au moins cinq ans, sans jamais s'en rendre compte. La cirrhose décompensée, c'est le cas où le foie n'assume plus ses fonctions. Et là, les symptômes sont généralement : la jaunisse, l'ascite, l'hémorragie digestive (vomissement de sang) ou carrément un cancer.

Et pour le traitement ?
Il n'y a pas de traitement réel de la cirrhose. Il faut en fait traiter les causes, par la prévention, les vaccins hépatiques… Si nous n'arrivons pas à connaitre le pourquoi de la maladie, là, il faut traiter les complications.
Il existe aussi la greffe de foie, malheureusement impraticable au Maroc. La transplantation hépatique n'est confrontée à aucun obstacle législatif ou religieux, mais à des problèmes d'infrastructure et de moyens.

Comment se pratique la greffe ?
Soit nous prenons le foie de donateur mort, cérébralement, soit nous prenons la moitié du foie d'un donateur vivant, puisque le foie a la faculté de se régénérer.
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