LE MATIN
15 Août 2011
À 18:37
Pour la deuxième fois en moins d'un mois, ils ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur un sujet qui déchaine les passions, du moins en apparence. Si pour certains Rabat mérite un siège à la hauteur de son rang de capitale du Royaume, d'autres estiment que c'est la qualité des services communaux qui font la valeur d'une ville et pas autre chose.
Réunis vendredi dernier en session ordinaire, les édiles de la capitale n'ont pas adopté en fin de compte la convention relative à la réalisation du nouveau siège que la municipalité veut faire construire en plein centre-ville, en lieu et place du célèbre café 7e Art. Plusieurs conseillers voient dans ce projet un signe de « mauvaise gestion des affaires de la population et une incohérence dans l'hiérarchisation des priorités ». Pour eux, il y a des problèmes plus urgents qui exigent que l'on s'y attelle d'autant que le siège actuel est toujours en bon état. C'est donc la pertinence et l'opportunité du projet qui sont remises en cause. «A-t-on vraiment besoin d'un nouveau siège. Il n'est pas normal de dilapider cet argent en réalisant ce projet. Il serait plus judicieux de consacrer cet argent à des projets qui auront des retombées socioéconomiques sur les habitants de la ville», pestait un conseiller de l'opposition vendredi dernier. Les conseillers de la majorité ont beau expliquer que la construction du nouveau siège sera financée par le ministère de l'Intérieur, ses détracteurs n'ont rien voulu entendre. Pour eux « les crédits alloués par le ministère de tutelle devraient être mis à profit pour trouver des solutions aux problèmes qui asphyxient la capitale notamment les ordures ménagères et le manque d'espaces verts». Pour Hakim Benchamass, le fait que le financement soit assuré par le ministère de l'Intérieur «ne nous dispense pas de soulever certaines questions. Nous ne sommes pas contre la réalisation d'un siège qui soit à la hauteur de l'image de Rabat et de son statut de capitale du Royaume. Mais la question c'est de savoir dans quelle mesure le siège actuel empêche-t-il le conseil de remplir ses missions. De plus, ajoute-t-il, les ressources affectées à ce projet, quelle que soit leur origine, devraient être destinées prioritairement aux problèmes nécessitant des solutions urgentes. La propreté dans la capitale est une honte dans certains quartiers.
C'est catastrophique !». «Nous demandons au ministère de l'Intérieur de consacrer cet argent à des projets comme le Centre hospitalier Ibn Sina qui vit dans un chaos total, ou à la commune de Youssoufia qui ne dispose pas d'une seule maison de jeunes. C'est ce qu'il faut faire si on veut vraiment aider les habitants de Rabat. La valeur d'une ville se mesure aussi et surtout à l'aune des services fournis aux habitants et aux prestations qui préservent leur dignité», a renchéri pour sa part un conseiller de l'arrondissement Youssoufia. Outre la pertinence du choix consistant à se doter d'un nouveau siège, l'opposition a trouvé à redire à la procédure ayant permis le choix de l'entreprise qui va devoir réaliser le projet. Certains membres du conseil de la ville se sont dits étonnés «qu'on ait choisi la Compagnie générale immobilière sans avoir fait jouer la concurrence et sans avoir lancé un appel d'offres». Ils ont exigé également que le conseil de la ville ait un droit de regard sur le projet même si c'est le ministère de l'Intérieur qui le finance. «Nous avons le droit de savoir à quoi va ressembler ce projet, ses caractéristiques et même avoir voix au chapitre». Visiblement la controverse autour du nouveau siège n'est pas près de se calmer.
Conventions
Le conseil de la ville de Rabat a adopté lors de sa session ordinaire du mois de juillet, dont le dernier round a eu lieu vendredi dernier, plusieurs conventions de partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des Sports. Trois conventions portent sur la réalisation de plusieurs terrains de football dans les communes de Yacoub Al Mansour, de Youssoufia et de Hassane. Les conseillers de la ville ont adopté également deux projets de convention de partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des Sports. Le premier projet porte sur la réalisation de complexes socioculturels de proximité et le second concerne la réalisation d'un complexe sportif. Là encore, l'adoption de ces conventions n'est pas passée comme une lettre à la poste. Les conseillers de l'arrondissement de Souissi ont tenu à manifester leur mécontentement et leur indignation à cause de l'exclusion de leur arrondissement des conventions conclues avec le ministère de la Jeunesse et des Sports.