Trio vocal au féminin

Trois voix, trois religions, trois cultures qui mettent à l'honneur les femmes à travers le somptueux patrimoine ibéro-méditerranéen, riche en chants et traditions féminines. «Après la belle réussite du concert «Massar Wa Nissae», nous n'avons pas hésité à répondre favorablement à l'initiative de la direction du festival Mawazine pour présenter un nouveau projet qu'on a intitulé «Riad Al Achikat». C'est un concept qui met à l'honneur les femmes et leurs voix à travers les chants d'amour du bassin méditerranéen. C'est aussi une initiative qui rassemble trois chanteuses de milieux culturels différents, partageant la même passion artistique, pour dire à tout le monde que la musique et le chant n'ont pas de frontières», souligne Samira Kadiri, instigatrice du projet.
En effet, avec leur talent exceptionnel et une harmonie sans égal, les trois cantatrices ont transporté l'assistance dans un beau voyage traversant la péninsule ibérique, en plein cœur de l'Andalousie, jusqu'au bassin méditerranéen, célébrant la femme et sa beauté. Tantôt en solo, ou en duo, ou encore toutes les trois, Vanessa, Begonia et Samira sont arrivées à subjuguer l'assistance par leurs voix angéliques qui ont retenti dans ce bel espace de la Villa des Arts. Mais aussi par la finesse et la richesse du produit qu'elles ont apporté.

Ces divas, issues des trois religions monothéismes, connues pour être des pionnières de la fusion interculturelle, sont arrivées à constituer un vrai «Riad au féminin», au centre duquel se trouve l'âme, la beauté et la lumière. Cette dernière est allée droit au cœur du spectateur, qui est resté ébahi devant ces chantres de la paix, de la tolérance et du dialogue, s'évertuant par leurs efforts à enrichir le patrimoine musical, grâce à des initiatives de ce genre.
«Nous souhaitons à travers ce concert fêter la femme au sens le plus large du terme. C'est pour cette raison que nous avons puisé dans le riche patrimoine musical afin d'illustrer divers portraits de la femmes, c'est-à-dire la femme mère, kahina, mystique, sublimée…», précise la chanteuse lyrique Samira Kadiri.
«Ilahi La Touâaddibni», «Talat Fatayat Achiqat», «Rahati Chorba Al Okar», «Lamma Bada Yatassanna» et bien d'autres beaux morceaux (en arabe, hébreu ou espagnol) que les trois chanteuses nous ont offerts à travers leurs voix angéliques qui ont survolé le ciel de la Villa des Arts, devenue le temps de cette soirée un palais andalou où se déroulaient de merveilleuses nuits de rêve. Un vrai hommage à la femme et à sa capacité vocale, supporté par l'ensemble féminin (dirigé par Zakia Yekhlef), dont le jeu et les improvisations musicales ont transporté les mélomanes dans un monde de spiritualité, de mystère, d'harmonie, d'intimisme où Ève est le seul protagoniste et, surtout, pour confirmer, encore une fois, qu'elle est le cœur battant de l'univers. «Ce projet nous permet, d'abord, de mettre en exergue la présence de la femme dans le patrimoine musical méditerranéen (Andalou-Ibérique), puis de déceler ce brassage culturel qui a, de tout temps, fait la force et enrichi davantage ce legs ancestral», renchérit la soprano marocaine.

Des cantatrices de renom

De renommée mondiale, Samira Kadiri, Vanessa Paloma et Begonia Olavide ont chacune un parcours riche, mais différent l'une de l'autre.
Samira Kadiri est artiste lyrique (soprano), comédienne et chercheuse en musicologie. Elle chante des mélodies arabo-andalouses, des poésies arabes en lied, des romances et des ballades séfarades en ladino-haketia, des cantigas, des chants troubadours en langue d'oc ainsi que des chants syriaques en araméen.
Vanessa Paloma est, quant à elle, une chanteuse, écrivaine et conférencière. Elle a étudié le mysticisme juif dans la vieille ville de Jérusalem et a continué ses recherches au Maroc.
Begonia Olavide, réputée tant pour sa voix que par ses dons de musicienne, est l'une des meilleurs joueuses de psaltérion dans le monde. Elle est considérée internationalement comme pionnière de la récupération et de l'interprétation du psautier.