Spécial Marche verte

Aucune amélioration pour le Maroc

Qu'il s'agisse de détournements de ressources publiques ou de pots-de-vin, notre pays a encore du chemin à faire pour vaincre la corruption.

06 Décembre 2011 À 18:13

Réformer la Justice et garantir son indépendance et vaincre la corruption, constituent le cheval de bataille du futur gouvernement. Du moins en matière de lutte contre la corruption, Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement, a visiblement du pain sur la planche. Le Maroc est loin d'être sorti de l'auberge à ce niveau.
En effet, il ressort des résultats de l'Indice de perception de la corruption (IPC), publié par Transparency International, au titre de l'année 2011, que le Maroc n'a enregistré aucune amélioration au niveau du score, par rapport à l'année précédente. Le pays a obtenu une note de 3,4 sur 10, exactement comme en 2010, ce qui confirme son «enlisement dans une fourchette située entre 3,5 et 3,2 au cours des neuf dernières années», indique le rapport. Cette note le place au 80e rang parmi 183 pays. Il figure ainsi parmi les pays où sévit une corruption «endémique». Ce résultat est particulièrement préoccupant puisqu'il fait chuter notre pays de la huitième à la dixième place parmi dix-huit pays arabes et confirme les contre performances enregistrées dans les autres indicateurs internationaux.

«Cela fait environ une décennie que notre pays est noyé dans la corruption. Nous stagnons dans la même fourchette entre 3,5 et 3,2. C'est triste. Plusieurs initiatives ont vu le jour, mais aucune action réelle n'a été entreprise. Plusieurs promesses n'ont pas été tenues. Nous espérons qu'avec la nouvelle Constitution et le nouveau gouvernement, nous arriverons à éradiquer le phénomène », affirme Mohamed Ali Lahlou, directeur du Centre d'assistance juridique anti-corruption de Transparency Maroc.
L'indice indique de manière claire que l'évaluation par les 8 agences indépendantes auxquelles est confiée cette mission ne peut prendre en compte les déclarations d'intention et les engagements de pure forme que lorsqu'ils sont accompagnées d'actions significatives pour les traduire en faits.

En ayant accueilli la quatrième session de la conférence des États parties à la convention des Nations unies contre la corruption en 2011 (du 24 au 28 octobre 2011 à Marrakech), le Maroc a affiché, aux plans national et international, sa volonté de rejoindre les pays décidés à combattre ce fléau. Il n'en reste pas moins que dans les faits, on ne peut que constater son incapacité à hisser l'action de l'État au niveau de l'intention qu'il déclare. «Les nouveaux scandales en 2011 (CNSS, CIH...) et la timidité des suites judiciaires qui leur sont faites sont la preuve évidente du peu de résolution dont font preuve les pouvoirs publics dans la lutte contre toutes les formes de corruption», souligne Transparency Maroc.

«Force donc est de constater que les réformes, de pure forme, engagées ne peuvent détourner le mouvement citoyen, les ONG et les forces démocratiques structurées, qui réclament la fin de l'impunité, de leur revendication d'accompagner les promesses par des actions effectives, notamment en poursuivant les personnes impliquées dans des actes de corruption et en les écartant de la gestion de la chose publique», indique Transparency Maroc. «Nous continuerons à nous mobiliser avec l'aide de tous nos partenaires pour contribuer à l'édification d'un Système national d'intégrité en mesure d'assurer le droit au développement et d'instaurer la culture de la transparence et de la reddition des comptes», poursuit l'ONG.

Au niveau mondial, deux tiers des pays classés ont un score inférieur à 5. Et seulement une petite quinzaine de pays peuvent se targuer d'avoir quasiment éradiqué la corruption publique. Celle-ci semble donc être consubstantielle à l'activité étatique. Concernant le classement, la Nouvelle-Zélande arrive en tête, suivie de la Finlande et du Danemark. La Somalie et la Corée du Nord, incluses dans l'indice pour la première fois, sont classées dernières.

La plupart des pays du «printemps arabe» sont classés dans la moitié inférieure de l'indice, avec un score inférieur à 4 points. Avant cet événement historique, un rapport de Transparency international portant sur la région soulignait que le népotisme, les pots-de vin et le clientélisme étaient si profondément ancrés dans la vie quotidienne que même si des lois anti-corruption étaient en place, elles n'avaient que peu d'effets.
Les pays de la zone euro atteints par la crise des dettes, en partie en raison de l'échec des autorités à empêcher la pratique des pots-de-vin et l'évasion fiscale, facteurs clés de cette crise, font partie des pays de l'Union européenne ayant reçu les scores les plus bas.

Programme du gouvernement Benkirane

Le programme du Parti de la justice et du développement (PJD) est axé autour la bonne gouvernance tant au niveau politique qu'économique, social et culturel. Le futur chef de l'Exécutif, Abdelilah Benkirane, a récemment renouvelé les engagements de son parti envers les citoyens pour préserver la stabilité et soutenir le développement au Maroc.Il s'agit en grande partie de la lutte contre la corruption.
En effet, c'est un engagement qui revient souvent dans le discours des dirigeants du PJD. Ce dernier a promis d'améliorer le classement du Maroc relatif à l'Indice de perception de la corruption de 80 à 40. Le parti prévoit également dans son programme la moralisation de la vie publique à travers le lancement d'un programme national inclusif de sensibilisation autour des dangers de la corruption ainsi que des dispositions juridiques à appliquer et l'élaboration d'une charte nationale de prévention contre ce fléau.
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