Comme son nom l'indique, cette maladie oculaire est le résultat de la détérioration de la «macula», une affection qui prive celui ou celle qui en souffre de sa vision centrale.
LE MATIN
11 Janvier 2011
À 16:23
«Il y a quelques années, je me suis tout simplement frottée l'œil droit et là, je me suis rendue compte que je ne voyais que du noir, avec un tout petit peu de lumière aux alentours. C'était un véritable choc pour moi. J'étais à moitié aveugle», raconte Fatiha. «Après plusieurs consultations, analyses, angiographies… Tous les ophtalmos que j'ai consultés ont diagnostiqué une dégénérescence maculaire. Une maladie oculaire qui a entrainé la cécité de mon œil droit et de laquelle je ne pourrais jamais guérir, même pas à l'étranger.
Maintenant, je ne peux que contrôler régulièrement, pour éviter que cela se reproduise avec mon œil gauche», poursuit-elle. La dégénérescence maculaire est une maladie dégénérative qui atteint la rétine et qui provoque la perte progressive de la vision centrale en laissant presque intacte la vision latérale. Elle affecte directement la macula, un petit cercle situé au centre de la rétine et qui est une membrane sensible à la lumière qui tapisse le fond de l'œil. Elle est en fait responsable de l'acuité visuelle, nécessaire aux activités quotidiennes telles que la lecture ou la conduite de voiture et qui permet aussi la vision des plus fins détails visuels. «J'ai beaucoup de mal à lire, que ce soit sur papier ou sur écran. J'ai plusieurs difficultés à définir les visages même les plus près, sachant que je porte des lunettes pour corriger ma myopie. Aussi, j'ai dû oublier mes loisirs de couture et de broderies. Ce n'est plus possible», confie Fatiha. La vision centrale s'altère progressivement et apparaît un "scotome", une tache noire qui se projette sur l'objet regardé.
Comme une caméra dont le film est taché, le centre du champ visuel est brouillé et tous les détails sont perdus. La vision de près, en particulier la lecture, devient rapidement pénible, voire impossible. L'ampleur de la perte de vision centrale est souvent variante, en fonction du type de dégénérescence maculaire, de sa sévérité ou d'autres caractéristiques individuelles. L'ampleur de la perte de vision est très variable aussi car elle est liée au type de la maladie et à ses complications. En effet, il existe deux types de la dégénérescence maculaire, une forme "sèche" et une forme "humide".
La dégénérescence maculaire sèche représente la majorité écrasante des cas et elle peut progresser en une forme humide. Les tissus de la rétine se rétrécissent et au centre de celle-ci, se forment de petits dépôts de couleur blanc-jaunâtre, appelés druses. Les druses s'accumulent sous l'épithélium pigmentaire de la rétine en dessous de la macula. Dans les cas de dégénérescence maculaire humide, de nouveaux vaisseaux sanguins se développent autour de la macula et derrière elle. Il y a une hémorragie à l'intérieur de la macula ou derrière elle. Des produits, appelés exsudats, s'échappent de la rétine et s'accumulent sur la macula. Les exsudats finissent par disparaître, mais une cicatrice les remplace. Toutes les personnes qui subissent une forme humide de dégénérescence maculaire étaient auparavant atteintes de la forme sèche.
Les deux types de dégénérescence maculaire sont tout à fait indolores. Dans le cas de la dégénérescence maculaire sèche, le centre du champ de vision commence à s'embrouiller ou s'affaiblir lentement dans un œil. Les couleurs restent visibles, mais les détails sont flous. Cette évolution se fait sur un certain nombre d'années. On ne remarque souvent pas les stades précoces, en particulier si l'autre œil est en bon état. Malheureusement, la dégénérescence maculaire ne touche rarement qu'un seul œil. Cela peut prendre du temps, mais l'autre œil finit souvent par présenter le même trouble.
La perte de la vue dans les cas de dégénérescence maculaire humide est beaucoup plus rapide. La partie centrale du champ de vision s'amenuise, s'embrouille, et finit généralement par disparaître complètement, laissant une grande tache aveugle. L'un des premiers signes de la dégénérescence maculaire humide est l'apparition de lignes qui ondulent au centre du champ visuel. Ce phénomène s'explique par l'écoulement sous la macula de liquide qui s'échappe des nouveaux vaisseaux sanguins, la soulève de son lit et la déforme. La dégénérescence maculaire humide se produit habituellement dans un œil à la fois.
Le diagnostic
Souvent asymptomatique au début, seul un ophtalmologue ou un spécialiste des yeux reconnaîtra la dégénérescence maculaire à partir de la description de vos symptômes: centre de la vision qui s'amenuise, disparaît ou se brouille, mais un examen de la vue est nécessaire pour confirmer le diagnostic. Tous les examens comprennent l'observation visuelle de la rétine. L'ophtalmologue examine les yeux du patient après y avoir mis quelques gouttes afin de dilater les pupilles. La présence de petits flocons jaunes appelés druses peut constituer un signe de dégénérescence maculaire. Certaines personnes présentent des druses sans être victimes de dégénérescence maculaire, mais leur accumulation peut indiquer des troubles ultérieurs.
Parlez nous un peu de la dégénérescence maculaire…
La dégénérescence maculaire est une maladie à l'origine de malvoyance sévère, très fréquente surtout dans les pays industrialisés, en raison du vieillissement de la population. Elle débute vers la cinquantaine, mais passe inaperçue pendant de nombreuses années, puis la vision baisse, accompagnée de perceptions déformées des objets, par exemple, une ligne droite qui paraît ondulée. Il est difficile de déceler la maladie tôt. La plupart des personnes ne sont examinées que lorsque leur vision baisse. Le dépistage se fait par un simple examen du fond de l'oeil, ou par des examens complémentaires: angiographie rétinienne et OCT (optical cohérence tomograp).
Quelles sont les causes de la dégénérescence maculaire ?
L'origine précise de la dégénérescence maculaire n'est pas encore connue, mais on sait qu'un terrain génétique défavorable est nécessaire à sa survenue. Ainsi, une personne a plus de risques d'être malade si des membres de sa famille présentent cette maladie. L'âge est un autre facteur aggravant. L'étude épidémiologique de la dégénérescence maculaire indique que la proportion de population atteinte croit avec les tranches d'âge considérées. Des facteurs environnementaux comme le tabagisme, les affections cardiovasculaires, l'état nutritionnel pourraient constituer des facteurs accélérant la maladie.
Y a-t-il un traitement efficace pour lutter contre cette maladie ?
Les moyens actuels de traitement sont limités. Une étude statistique (ARES, 2001) menée sur un grand nombre de patients a montré l'effet bénéfique d'un traitement associant antioxydants et suppléments vitaminiques (vitamines A, C, E, zinc). Appliqué au tout début de la maladie, il en a ralenti la progression. Mais actuellement il n'existe aucun traitement ayant démontré son efficacité dans la forme sèche (atrophique) de la dégénérescence maculaire . La forme humide (exsudative) peut bénéficier d'un traitement par photocoagulation au laser, qui permet la destruction de certaines formes de néo-vaisseaux. Plus récemment, des anti-VEGF sont injectés à l'intérieur de l'œil. Ce sont des médicaments très chers qui empêchent la prolifération et le développement des néo-vaisseaux rétiniens. Ils peuvent améliorer la vision ou stabiliser la perte visuelle, à condition que le patient soit traité le plus tôt possible.
Quels conseils pouvez-vous donner à un malade dont un œil est atteint de dégénérescence maculaire ?
La protection contre les rayons de soleil, par le port d'une bonne paire de lunettes solaires. Une bonne alimentation par la consommation de produit frais et des consultations ophtalmologiques régulières permet une bonne prévention ainsi qu'une prise en charge rapide de la maladie. De nombreuses recherches sont actuellement consacrées à de nouveaux produits pour prévenir et réduire la perte visuelle consécutive à la dégénérescence maculaire. L'outillage optique grossissant permet souvent d'améliorer les actes de la vie courante et de conserver une autonomie. Dans les meilleurs cas, la personne déficiente visuelle peut retrouver une fonction d'écriture et de lecture.