La banque franco-belge Dexia, au bord de l'asphyxie trois ans après avoir échappé à la faillite grâce à l'aide des pouvoirs publics, court droit vers un démantèlement qui ferait d'elle le premier établissement européen victime de la crise de la dette.
AFP
04 Octobre 2011
À 18:53
Le scénario catastrophe, qui suscite l'inquiétude des personnels, a affolé les investisseurs et fait plonger mardi l'action du groupe. Co-actionnaires, la France et la Belgique sont montés au créneau pour tenter d'enrayer la panique en assurant qu'elles garantiraient avec leurs banques centrales les dépôts et le financement du groupe jusqu'à la liquidation qui se profile. «Les Etats belge et français répondront présents comme en 2008», a assuré le ministre français des Finances François Baroin à Luxembourg.
«Tant la France que la Belgique sont prêtes à apporter une garantie pour les financements de Dexia, quelle que soit la forme que cela prendra», a renchéri son homologue belge Didier Reynders en annonçant une réunion d'urgence du gouvernement belge mardi soir. Après six heures d'un conseil d'administration marathon, Dexia a ouvert la voie, dans un communiqué sibyllin publié dans la nuit de lundi à mardi, à de nouvelles cessions et alliances pour résoudre ses «problèmes structurels». Le conseil d'administration a mandaté l'administrateur délégué Pierre Mariani pour «préparer, en concertation avec les Etats et les autorités de contrôle, les mesures nécessaires pour résoudre (ces) problèmes». «L'ensemble du groupe Dexia serait à vendre», a indiqué à l'AFP un responsable syndical belge, Jean-Michel Cappoen, à l'issue d'une réunion de représentants de la direction et du personnel de la banque à Bruxelles. «C'est la fin d'une route (...). Les salariés sont inquiets», a résumé Pascal Cardineaud, un représentant du syndicat français CFDT au comité d'entreprise européen de Dexia. «On n'en est même pas au stade de savoir quels seront les impacts sociaux», a-t-il souligné, pointant l'absence de détails fournis par les dirigeants.
Dans son communiqué, Dexia a laissé entendre qu'il allait sans doute isoler hors de son périmètre le portefeuille de 95 milliards d'euros d'actifs à risque dont il cherche à se délester depuis des années et qui «pèse structurellement sur le groupe». Au-delà, le conseil de Dexia souhaite «ouvrir de nouvelles perspectives de développement» aux filiales française et belge. Selon le quotidien français Le Figaro, Dexia devrait céder en chaîne sa filiale turque Denizbank, les activité de gestion d'actifs, de banque privée mais aussi de la branche de banque de détail en Belgique, appuyée sur le vieux Crédit communal de Belgique. Quant au portefeuille de prêts aux collectivités locales en France, qui pèse environ 70 milliards d'euros, il serait repris par une société créée par la Caisse des dépôts et la Banque Postale. «Il n'y a pas de raison d'avoir d'inquiétude majeure à propos de ce groupe si on continue à accélérer la cession d'actifs», a assuré Didier Reynders, refusant de parler de démantèlement.» On va vers un renforcement de l'activité bancaire, c'est cela l'objectif», a-t-il ajouté. Interrogé sur la forme que pourra prendre le soutien de Paris et Bruxelles, M. Reynders a répondu que «les aides financières passent par des garanties, des recapitalisations, des prêts» et que «tout dépendra du schéma présenté par le management de Dexia». Malgré une restructuration à marche forcée depuis 2010 sous l'impulsion de la Commission européenne, Dexia a été rattrapé par la crise de la dette. L'importante réduction de son bilan et de ses besoins en liquidités à court terme n'a pas suffi à rendre son équilibre à l'établissement. Trop d'actifs, trop de prêts à long terme pour trop peu de dépôts : tour à tour, les agences de notation Fitch et Moody's avaient tiré la sonnette d'alarme ces derniers jours sur les conséquences du tarissement des sources de refinancement du groupe, au profil trop exposé pour les marchés.
Grèce: «pas de nouvelles mesures nécessaires»
La Grèce n'a pas besoin de prendre «de nouvelles mesures» de rigueur «à condition que les mesures déjà annoncées soient appliquées», a indiqué mardi le ministre grec des Finances au lendemain de la réunion de la zone euro à Luxembourg qui a demandé des économies supplémentaires au pays. «De nouvelles mesures ne sont pas nécessaires à condition que les mesures déjà annoncées soient appliquées», a affirmé M. Vénizélos lors d'une conférence de presse après son retour de la réunion de la zone euro de lundi.
«Les mesures déjà prises ont été jugées impressionnantes et elles ont changé le climat», a-t-il ajouté. La zone euro a demandé lundi soir de nouvelles économies à la Grèce et de nouvelles privatisations pour combler les trous attendus de son budget pour les années 2013 et 2014 et a reporté à début novembre une décision sur le versement d'un prêt crucial pour le pays, initialement attendu pour le 13 octobre. Localement, selon les médias grecs, la troïka des bailleurs de fonds du pays (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) en train d'effectuer à Athènes un audit sur les comptes grecs, a demandé lundi au ministre de l'Emploi de réviser les conventions collectives du privé en vue d'abaisser le salaire minimum, de 750 euros actuellement.