Ces disparités interrégionales en matière de contribution à la croissance sont ressenties au niveau du PIB par habitant.
LE MATIN
10 Juin 2011
À 16:55
Les débats autour de la réforme constitutionnelle qui occupe aujourd'hui le devant de la scène, intègre bien évidemment la question de la régionalisation. Dans ce sillage, la Direction des études et de la prévision financière (DEPF) s'est attelée à mettre en relief la configuration économique des régions. Un éclairage d'autant plus judicieux que la démarche est adoptée via un indicateur synthétique de la comptabilité nationale, en l'occurrence le PIB. Outre les dynamiques régionales, les experts de ce département relevant du ministère de l'Economie et des Finances ont cerné les spécialisations sectorielles et les vocations «en devenir» des régions. Disposant de coudées assez franches, trois grands groupes de régions contribuent de manière significative à la création de la richesse nationale. Il s'agit de quatre méga régions, quatre régions à développement économique moyen et quatre régions en voie de rattrapage. C'est ce qu'indique en substance le nouveau document de la DEPF intitulée «Etude comparative des contributions régionales à la création de la richesse nationale : ordre et reconfiguration des systèmes productifs locaux à la faveur du découpage proposé par la Commission consultative de la régionalisation».
Les premières sont les principales pourvoyeuses de la richesse nationale, elles y contribuent, sur la période 1998-2009 à hauteur de 61,8%, à savoir Casablanca Settat (24,5%), Rabat Salé Kenitra (15,8%), Marrakech Safi (11%) et Souss Massa (10,5%). En termes de rythme de croissance, note le document du ministère de l'Economie, «ce sont les régions du dernier groupe qui révèlent les trajectoires les plus dynamiques, avec des taux de croissance dépassant la moyenne nationale (6,1%), à savoir les régions de Ed Dakhla Oued Ed Dahab et de Laâyoune Saguia al Hamra avec respectivement 9% et 8,5%. Ces disparités interrégionales en matière de contribution à la croissance sont également ressenties au niveau du PIB par habitant avec cependant une amélioration significative de la situation à la faveur du passage au nouveau découpage. Cet indicateur est en nette amélioration chez toutes les régions, avec des rythmes différenciés. Ainsi, par rapport au niveau national, 5 régions sur 12 ont un PIB/hab qui dépasse le niveau national, il s'agit de Laâyoune Saguia Al Hamra (23.689 DH/ha), Sous-Massa (23.400 DH/ha), Casablanca Settat (21.590 DH/ha), Ed Dakhla Oued ed Dahab (20.043 DH/ha) et Rabat Salé Kenitra (19.578 DH/hab).
Par ailleurs la concentration spatiale autour des trois blocs de régions recensés est doublée d'une concentration sectorielle plus accentuée. Près de la moitié de la valeur ajoutée primaire nationale est concentrée au niveau de deux régions, Souss Massa avec 31,7% et Rabat Salé Kenitra 17%. Quant à l'activité secondaire nationale, plus de 50% de la valeur ajoutée est concentrée dans trois régions du Royaume : Casablanca Settat (42,9%), Rabat Salé Kenitra (10,6%) et Marrakech Safi (10,3%).
Cette concentration concerne également le secteur tertiaire étant donné que quatre régions contribuent à plus de la moitié de l'activité tertiaire nationale : Casablanca Settat (21,4%), Rabat Salé Kenitra (18,2%), Marrakech Safi (12,1%) et Fès Meknès (11,4%). Cette distribution est liée aux potentialités et aux vocations des régions ainsi qu'à leurs structures démographiques et leurs passifs économiques et sociaux. La DEPF révèle une spécialisation sectorielle relative des régions, étant donné que la contribution des différents secteurs à la formation du PIB régional diffère d'une région à l'autre. Ainsi, les régions de Souss Massa, de l'Oriental Rif et de Béni Mellal Khénifra enregistrent une surreprésentation du secteur primaire par rapport au niveau national alors que les régions de Casablanca Settat, de Tanger Tétouan et de Laâyoune Saguia Al Hamra enregistrent une surreprésentation des activités secondaires, secteur caractéristique desdites régions. Pour ce département du ministère de l'Economie, «à travers une approche économique basée sur le PIB régional, ces résultats confirment largement le choix du découpage retenu par la Commission consultative de la régionalisation, à faire émerger des pôles abritant des territoires urbains économiquement forts d'une part, et des espaces non polarisés d'autre part».
Ces derniers sont formés de régions capables de soutenir leur propre croissance en exploitant davantage les ressources naturelles et humaines locales, et de régions à caractère désertique et oasien éligibles à un nouveau palier de croissance que les rythmes d'évolution actuels préfigurent et que les priorités nationales accordées à ces régions doivent renforcer. Autant le découpage régional propose une architecture cohérente, pragmatique et fonctionnelle reposant sur un maillage de critères de fonctionnalité et d'homogénéité, autant il restera tributaire de la capacité du cadre institutionnel qui sera dédié aux régions à mobiliser leur potentiel humain et matériel. Au demeurant cela devrait se faire «sur la base d'une intelligence économique régionale pertinente, au service d'un développement humain durable fondé sur une éthique d'égalité des chances, inclusif et résolument intégrateur».
Valeur ajoutée régionalisée du secteur primaire
Le secteur primaire constitue en moyenne 16,1% de la valeur ajoutée globale, sur la période 1998-2009, dont 14,8% revient au secteur de l'agriculture, chasse et services annexes. Ce secteur revêt une importance particulière sur le plan social à travers le poids de la population active occupée, évalué à 45,2% en moyenne sur cette période. Les enjeux de ce secteur, et particulièrement celui de l'agriculture, apparaissent également dans l'engagement des pouvoirs publics dans des réformes structurantes dont le Plan Maroc Vert, mis en place en 2008 pour assurer une croissance dynamique et équilibrée des différentes filières du secteur. La région de Souss Massa a réalisé la part moyenne la plus importante de la valeur ajoutée primaire durant la période 1998-2009 en contribuant à hauteur de 31,7% dans la constitution de la valeur ajoutée primaire nationale.