Spécial Marche verte

Quand faut-il l'inscrire ?

C'est la fin de l'année pour certains et le début des inscriptions pour les autres. Alors, à quel âge faut-il se résigner à inscrire son enfant ?

23 Juin 2011 À 17:32

Décider de l'âge idéal pour scolariser son enfant est un véritable casse-tête pour les jeunes parents. Tiraillés entre l'envie de l'instruire et la peur que l'enfant ne se sente rejeté, les parents ne peuvent s'empêcher d'avoir un sentiment de culpabilité en envoyant leurs enfants à l'école, lorsque ces derniers ne dépassent pas trois ans.
Alors, scolariser son enfant à un âge précoce, est-il mauvais pour les petits ?
«On constate un grand développement de l'activité préscolaire depuis quelques années. Le travail des couples les oblige à mettre leurs enfants à la crèche ou à l'école dès le bas âge. Aussi, bon nombre de parents inscrivent leurs enfants en préscolaire, pour éviter de les laisser avec les domestiques, de peur qu'ils ne soient maltraités», indique Bouchaib Karoumi, pédopsychiatre. Il ajoute que : «les enfants doivent passer le plus de temps possible à la maison. Ce qui ne les empêche pas pour autant d'avoir une activité scolaire à partir de l'âge de trois ans. Cependant, cette activité doit se faire à temps partiel. Parce que les enfants à cet âge ont encore besoin de jouer et de pratiquer des activités à la maison et surtout en famille». «Ce n'est pas la durée passée avec son enfant qui compte, mais plutôt, la qualité des moments partagés. Il est donc essentiel, de conserver une relation intense avec l'enfant pour son bien-être.
Une relation qui doit être riche en activités et stimulation», souligne M. Karoumi. Certes, il est préférable que l'enfant commence sa scolarisation d'une manière progressive. C'est la raison pour laquelle le ministère de l'Éducation nationale a décidé que l'organisation pédagogique devait comporter un enseignement préscolaire, primaire, collégial, secondaire et supérieur. Selon la stratégie du ministère, l'école primaire est ouverte aux enfants issus du préscolaire et, à titre transitoire, aux enfants qui n'en ont pas bénéficié, âgés de six ans révolus.

Le préscolaire
L'enseignement préscolaire, lui, est ouvert aux enfants âgés de quatre ans révolus à six ans. Il a pour objectif général, durant ces deux années, de faciliter l'épanouissement physique, cognitif et affectif de l'enfant, le développement de son autonomie et sa socialisation. «Quatre ans est un âge très convenable. Il permet à l'enfant d'évoluer suffisamment dans l'environnement affectif et familial, nécessaire à son bon développement et son bien-être», explique M. Karoumi. Ceci est le système éducatif recommandé par le ministère de l'Éducation nationale. En revanche, dans le secteur privé, les choses sont légèrement différentes. En effet, les écoles privées acceptent de prendre en charge les enfants, dans le niveau préscolaire, à partir de trois ans. «J'ai voulu inscrire mon fils à l'âge de deux ans et demi. L'école a refusé. Ils m'ont expliqué que selon leurs règlements intérieurs, mon fils était trop jeune pour la maternelle et qu'il fallait attendre l'année suivante», raconte Safaâ, 35 ans. Elle ajoute : «La directrice de l'école m'a également expliqué qu'elle devait passer un test à Walid (mon fils) pour vérifier s'il était prêt à passer ce cap». En effet, avant de les inscrire à «la petite section», l'école exige des petits candidats de réussir un test d'aptitude qui lui permet de juger les capacités de l'enfant. «La directrice m'a également signifié que mon fils devait être propre avant la rentrée», indique Safaâ. Effectivement, l'administration de l'école n'accepte que les enfants «propres». S'il porte encore les couches en journée, il n'est pas accepté par l'établissement.

Le passage d'un enfant par l'école maternelle n'est, certes, pas obligatoire, toutefois des observations ont permis de conclure que les élèves qui ont fait la maternelle s'adaptent plus vite à la vie dans les écoles primaires. L'école maternelle prépare l'enfant à affronter, dans les meilleures conditions, l'enseignement élémentaire. Même si le jeu occupe une très grande place dans les classes, les enfants commencent à acquérir des bases essentielles. À l'entrée au CP, une grande différence de niveau peut alors être observée entre les enfants scolarisés pour la première fois et ceux qui ont suivi les programmes de la maternelle.


TÉMOIGNAGE : «J'hésite encore… »
«Lina, ma fille, a deux ans. À la prochaine rentrée scolaire, elle n'aura que deux ans et quatre mois. Je voudrais bien l'inscrire à la maternelle, mais j'ai peur qu'elle ne soit trop petite. Mais en même temps, elle s'ennuie beaucoup à la maison et elle devient de plus en plus difficile à gérer. Ses grands-parents, qui la gardent depuis sa naissance, n'arrivent plus à la maîtriser. J'ai alors pensé que l'école pourrait peut-être l'aider à canaliser son excès d'énergie. Ma sœur avait inscrit son fils à deux ans et huit mois, il s'est très bien adapté. Il n'a même pas pleuré les premiers jours. Il adore aller à l'école. Son langage s'est rapidement développé et il s'est calmé d'une manière remarquable. Il faut croire que c'était un vrai petit tyran avant sa scolarisation. Je ne sais vraiment pas quoi faire !».
Fatima-ezzahra • 30 ans, maman de Lina
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Exolication : Ghizlane Benjelloun,• Pédopsychiatre

«La scolarisation précoce ne signifie pas que les parents sont froids et occupés»

À quel âge un enfant peut-il aller à l'école ?

L'enfant doit intégrer l'école à partir de l'âge de trois ans pour acquérir les pré-requis nécessaires à son développement psychomoteur langagier et cognitif. Les enfants qui bénéficient de ces socialisation et stimulation précoces ont clairement plus de facilités en cours préparatoire. D'un autre côté, l'enfant peut être mis en crèche dès l'âge de six mois. Cela ne nuit pas à son développement. Par contre, il est important d'éviter que l'âge d'entrée dans une collectivité ne coïncide pas avec un âge où l'angoisse de l'étranger ou de séparation est importante, notamment huit, douze et dix-huit mois.

Six ans, est-ce idéal pour le développement de l'enfant ?

C'est à mon avis un pis-aller. Il est idéal que l'enfant reçoive une stimulation bien avant six ans, âge ou il est censé apprendre déjà à lire ! Le préscolaire favorise l'épanouissement de l'enfant. Les activités s'appuient sur les besoins d'expression, de mouvement et de jeu. À travers les jeux, l'enfant apprend une multitude de choses (les couleurs, les repères dans l'espace, le sens de l'observation…).

Quelles sont les conséquences d'une scolarisation précoce ?

Il est important de favoriser l'épanouissement psycho-affectif de l'enfant. Ce qui consiste à lui assurer une stabilité, une sécurité et une cohérence éducative. La scolarisation précoce ne signifie pas que les parents sont froids et occupés ! C'est une entrée dans la société. Un relai éducatif et une entrée en douce dans les apprentissages qui aident l'enfant à investir positivement l'école.
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