Pour commémorer le deuxième anniversaire du décès de l'artiste Mohamed Saïd Afifi, décédé le 6 septembre 2009, la Compagnie Labrija Ibdaâe a organisé, mardi 6 septembre 2011, une rencontre dédiée à la vie et l'œuvre de ce talentueux artiste jdidi.
LE MATIN
08 Septembre 2011
À 17:20
Sous l'égide de la province d'El Jadida, une rencontre a été organisée, mardi dernier, à l'ENCG d'El Jadida, à l'initiative de la Compagnie Labrija Ibdaâe et en collaboration avec la Direction régionale de la Culture Doukkala-Abda, en hommage au regretté Mohamed Saïd Afifi, à l'occasion du 2e anniversaire de son décès. Cette grande manifestation, présidée par Mouâad El Jamaï, gouverneur de la province d'El Jadida, a réuni de nombreuses personnes du monde du théâtre marocain et des adeptes du 4e art qui ont évoqué le parcours d'un homme de théâtre qui était un nationaliste fier de sa culture arabe et un humaniste aux visées universalistes. Mohamed Saïd Afifi a été, en effet, nationaliste et homme de foi avant d'être comédien et metteur en scène.
Les intervenants à cette rencontre n'ont pas manqué de souligner que le disparu était humain, généreux, altruiste et qu'il était un grand homme qui était marqué à vie par les rôles shakespeariens à tel point qu'on le qualifie d'«Othello marocain». Concernant son parcours artistique, sa veuve, madame Karima Afifi a retracé le riche parcours de feu Mohamed Saïd Afifi, mettant en avant ses capacités professionnelles. Selon elle, il avait un profond respect pour l'être humain et pour l'art. Madame Karima Afifi a ensuite dit : «Mohamed Saïd Afifi, qui est né le 25 décembre 1935 à El Jadida, dans une famille jdidie, a été arrêté à deux reprises du temps du protectorat et a fait de la prison comme tant d'autres, il était certes un nationaliste convaincu parce qu'il était fier de sa culture arabe, mais aussi il a été un humaniste aux idées universalistes.
Bon vivant, spirituel, affable, généreux, d'une sensibilité rare (qualités que lui reconnaissent ceux qui l'ont fréquenté), il aimait la vie et a vécu comme il l'entendait, libre, souvent meurtri au cours de sa carrière mais jamais aigri. Il a beaucoup donné de sa personne, de son argent pour réaliser ce qu'il voulait. Toutefois, iI a vécu en gentleman tout au long de sa vie, certes, sans beaucoup d'argent, mais tellement riche, non seulement sur le plan humain, artistique et théâtral, mais aussi sur le plan éthique, ce qui lui a permis d'être en harmonie avec lui-même».
La star Fatima Regragui a souligné que le talent d'Afifi était plus qu'exceptionnel, surtout lorsqu'il s'adonnait à l'interprétation des rôles complexes du théâtre mondial tels «Hamlet» et «Othello». Elle a aussi affirmé qu'Afifi était un homme d'esprit, plein de ressources, talentueux et généreux. Et à la fin de son témoignage, Fatima Regragui a déclaré : «Nous avons perdu, avant tout, un frère et un ami irremplaçable». De son côté, le comédien Mohammed Ben Brahim, qui a côtoyé feu Afifi au théâtre municipal d'El Jadida, entre les années 1969 et 1974, a confié à propos de Mohamed Saïd Afifi : «Afifi était un homme d'une grande générosité, doté d'un incomparable sens de l'humour. Un homme qui était fier de son pays et qui aimait à la folie notre glorieux drapeau.
Il était mon professeur et il m'a beaucoup aidé dans mes débuts artistiques. Et pour moi, Afifi restera à jamais l'un des pionniers du théâtre national qui a laissé derrière lui une longue carrière riche en œuvres réussies qui resteront gravées dans la mémoire des Marocains». Quant à l'artiste Mohammed Saâri, il a mis en exergue les qualités professionnelles du défunt qui excellait dans l'art du mime et jouait de plusieurs instruments de musique, telle la contrebasse, tout en soulignant qu'Afifi a fait ses débuts, au début des années 50, avec la troupe marocaine du théâtre national, relevant du secrétariat d'État à la Jeunesse et aux sports. Il a rejoint ensuite la troupe Mâamoura et arrive vite à se distinguer en interprétant plusieurs rôles mémorables, entre autres «Hamlet» et «Othello». Puis il est allé forger ses compétences à l'étranger, notamment en Angleterre, en France et au Japon. Saâri souligna à la fin qu'Afifi était un homme d'esprit, grand passionné et éminent enseignant qui avait l'art de transmettre son savoir en toute simplicité.
Qualité humaine et professionnelle
Mouâad El Jamaï, gouverneur d'El Jadida, a tenu à prendre la parole et a dit : «La longue carrière artistique d'Afifi et son amour pour son pays en disent long sur ses travaux et sur ses qualités humaines et professionnelles. Sa longue carrière a été marquée par une volonté constante d'avancer et de contribuer à l'essor de la culture et de l'art. Mais je crois que derrière chaque grand homme, il y a une femme. Je crois fermement que madame Afifi mérite bien qu'on lui rende hommage de son vivant. Le 6 septembre (date du décès de Mohamed Saïd Afifi) sera chaque année célébrée à El Jadida en tant que fête du théâtre. Nous allons réhabiliter et restaurer le théâtre d'El Jadida pour rendre à cette ville son aura de ville de théâtre et de culture. Une première somme de 600 millions a été consacrée à ce joyau architectural et culturel. Et si Dieu le veut, nous allons commémorer le 3e anniversaire du décès de feu Mohamed Saïd Afifi au théâtre d'El Jadida rénové et restauré. Les acteurs de théâtre d'El Jadida devront s'impliquer pour redorer le blason du théâtre dans notre ville, en particulier, et notre province en général.» À la fin de cette cérémonie émouvante, le gouverneur de la province d'El Jadida a remis à madame Karima Afifi une statuette symbolisant le cheval des Doukkala.
De même, des cadeaux-souvenirs ont été remis à madame Afifi par la Compagnie Labrija Ibdaâe et par des personnes et des associations jdidies. Dans ce contexte, madame Karima Afifi nous a déclaré : «Cet hommage que la Compagnie Labrija Ibdaâe a rendu aujourd'hui à mon mari fera partie de mes meilleurs souvenirs. Je suis très touché et ému par ce geste de reconnaissance de la part du gouverneur de la province. Un grand merci à tous les anciens élèves Jdidis d'Afifi». Quant à Abdelhakim Ben Sina, président de la Compagnie Labrija Ibdaâe, il nous a dit : «À travers cette humble cérémonie, la Compagnie Labrija Ibdaâe a voulu rendre hommage à notre grand maître feu Mohamed Saïd Afifi, un grand homme de l'art qui a servi la culture pendant plus de soixante ans. À partir de l'année prochaine, notre compagnie organisera à partir de chaque 6 septembre, une rencontre internationale Saïd Afifi pour le théâtre.»