Que ce soit par choix ou par obligation, le travail de nuit a des conséquences négatives sur la vie et la santé des personnes qui le pratiquent.
Le travail de nuit dérègle le rythme biologique de l'organisme. Chose qui engendre une fatigue difficile à récupérer, des troubles du sommeil et, par conséquent, ce travail peut être source de maladies et d'accidents.
LE MATIN
15 Mai 2011
À 11:13
Médecins, infirmiers, agents de sécurité, gardiens, chauffeurs, policiers, gendarmes, pharmaciens, serveurs, téléconseillers… les métiers qui exigent un travail de nuit sont nombreux et les personnes qui les exercent mènent un train de vie particulier. «Travailler la nuit, ce n'est pas évident», lâche Hassan, ouvrier. «J'ai essayé de travailler la nuit. Mais, j'ai dû arrêter après seulement un mois. J'étais vraiment très mal. Je dormais toute la journée, mais je me sentais tout le temps fatigué, comme si je ne m'étais pas reposé du tout», ajoute-t-il. En revanche, Khalid, infirmier, voit les choses d'un bon œil. «Je travaille la nuit dans un hôpital et cela m'arrange beaucoup. C'est sans doute plus facile quand c'est toujours les mêmes horaires. On arrive à avoir un rythme et des habitudes. Par contre, le changement des horaires est difficile». Même satisfecit chez Mohamed, un autre infirmier : «Je travaille toujours la nuit, à raison d'une nuit sur deux. J'ai donc 36 heures pour me reposer. Je ne m'en plains pas du tout.» En effet, la personne semble s'habituer à son rythme de vie après un certain moment. N'empêche que le travail de nuit dérègle le rythme biologique de l'organisme. Chose qui engendre une fatigue difficile à récupérer, des troubles du sommeil et, par conséquent, ce travail peut être source de maladies et d'accidents, que ce soit sur le lieu de travail même, ou sur le chemin du retour au domicile.
D'après certaines études, il existerait des prédispositions génétiques, des facteurs liés à l'habitude de ce type de travail ou des adaptations individuelles et familiales. Le sommeil de jour n'est pas réparateur, parce qu'il ne concorde pas avec l'horloge biologique du corps. C'est la raison pour laquelle les employeurs tendent à alterner les horaires entre leurs salariés, même si certains préfèrent ce style de vie particulier. «Le travail de nuit n'est pas toujours facile à faire accepter aux autres, pourtant, à mon avis, il permet beaucoup de choses comme de voir ses enfants grandir. Après, c'est une question d'adaptation individuelle», insiste Khalid. Effectivement, être présent la journée à l'heure où ses enfants sont à la maison et travailler pendant qu'ils dorment est l'un des avantages du travail nocturne. N'empêche que cette situation pèse beaucoup pour certains couples.
«En tant que personnel de la santé publique, nous sommes obligés, de temps à autre, de travailler la nuit. Ce qui ne plaît pas du tout à mon mari», révèle Sofia, médecin. Elle ajoute : «Ce n'est pas facile pour une femme, surtout si elle a des enfants». Si, pour certains, le travail de nuit génère de petits malentendus, il peut s'avérer fatal pour d'autres, à l'instar de Malika qui a vu sa vie conjugale basculer à cause des horaires de travail de son mari. «J'ai demandé le divorce parce que je n'ai pas pu supporter les horaires de travail de mon mari. Ce n'est plus une vie de famille lorsque le mari est absent toutes les nuits, même si c'est pour la bonne cause. Je me sentais seule et en danger. J'ai préféré le quitter», raconte tristement Malika. «Certaines personnes préfèrent travailler la nuit pour des raisons financières, peu importe le risque sur leur santé», explique Serge Hernandez, responsable dans un cabinet de recrutement.
En effet, le Code du travail marocain précise que les heures supplémentaires doivent être rémunérées par une majoration de 50 % du salaire, si elles sont effectuées entre 21 heures et 6 heures. La loi du travail va même jusqu'à interdire le travail par roulement ou par relais et punit par des amendes tout employeur ne respectant pas les dispositions légales. «Les employeurs ne respectent malheureusement pas les dispositions du Code du travail. Ils profitent de l'ignorance de leurs salariés et de leurs besoins financiers», assure Serge Hernandez.
Hormis les problèmes de santé et les dégâts qu'ils peuvent engendrer sur la vie familiale, le travail de nuit peut présenter un véritable risque. «Nous sommes toujours en danger la nuit dans la rue», affirme Hamid, gardien de nuit. «Même avec les chiens qui m'accompagnent chaque soir, les brigands n'hésitent pas à m'agresser. Une fois, j'ai été poignardé et mes chiens empoisonnés», ajoute-t-il amèrement. Après s'être rétabli, Hamid a repris sa place dans le même parking. Malgré tous les risques qu'il encourt, l'homme était obligé de reprendre son boulot afin de pouvoir nourrir sa famille.
Ce que dit la loi...
Article 201 : Quel que soit le mode de rémunération du salarié, les heures supplémentaires donnent lieu à une majoration de salaire de 25 % si elles sont effectuées entre 6 heures et 21 heures pour les activités non agricoles et entre 5 heures et 20 heures pour les activités agricoles, et de 50 % si elles sont effectuées entre 21 heures et 6 heures pour les activités non agricoles et entre 20 heures et 5 heures pour les activités agricoles. La majoration est portée respectivement à 50 % et à 100 % si les heures supplémentaires sont effectuées le jour du repos hebdomadaire du salarié, même si un repos compensateur lui est accordé. Article 203 : Sont punis d'une amende de 300 à 500 dirhams : - le non-respect des dispositions de l'article 187 ; - le défaut d'indemnisation des heures supplémentaires visées à l'article 196 ou la majoration non conforme aux taux fixés par l'article 201 ; L'amende est appliquée autant de fois qu'il y a de salariés à l'égard desquels les dispositions des articles précités n'ont pas été observées, sans toutefois que le total des amendes dépasse le montant de 20.000 dirhams.