«S.A.R. la Princesse Lalla Salma place la prévention à la tête des priorités»

LE MATIN : La célébration de la Journée mondiale sans tabac, a eu lieu, sous la Présidence effective de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Salma, dans un établissement scolaire de Beni Mellal. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?

LATIFA LABIDA : C'est d'abord un grand honneur pour toute la famille de l'Éducation que de recevoir Son Altesse Royale la Princesse Lalla Salma dans un établissement scolaire. C'est ensuite un message très fort de la part de Son Altesse Royale quant à l'importance qu'il faut accorder à la prévention et à la jeunesse. S'agissant de la prévention, il faut signaler que dans le cadre de la lutte qu'elle mène contre le cancer, Son Altesse Royale place la prévention à la tête des priorités, la prévention étant l'approche la plus prometteuse en santé publique et économiquement la plus efficace pour une lutte à long terme. Il est aujourd'hui établi qu'un tiers des cas de cancer peuvent être évités en agissant sur les facteurs de risque, à la tête desquels se trouve le tabagisme. De plus, le tabac est la porte d'entrée dans un espace de risques qui guettent la jeunesse tels que la drogue et la délinquance. La jeunesse constitue par ailleurs le cœur de cible de la stratégie de l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer (ALSC), étant entendu que la promotion d'un comportement sain doit se construire dès le plus jeune âge.

Quelle est la stratégie de l'Association en matière de lutte contre le tabagisme ?

Les études réalisées par le ministère de la Santé en 2007 montrent que la prévalence du tabagisme dans la population marocaine est de 18% chez la population de plus de 15 ans et de 30% chez les hommes.
Les non-fumeurs ne sont pas épargnés puisque le tabagisme passif touche une proportion de 40% de la population globale du fait de leur exposition à la fumée, principalement dans les lieux publics.
S'agissant des jeunes de 11 à 15 ans, les études réalisées en 2007 montrent que 4% de cette tranche d'âge fument et que 15% ont touché au moins une fois à la cigarette. La stratégie de l'Association pour réduire le tabagisme actif et passif s'articule autour de deux axes majeurs :
1.Informer et sensibiliser sur les méfaits du tabac ;
2.Aider à l'arrêt du tabac.
C'est pour la mise en œuvre de cette stratégie que l'Association organise des campagnes grand public contre le tabac et met en œuvre le projet « collèges, lycées et entreprises sans tabac », en plus du plaidoyer pour l'application de la loi 15-91 interdisant de fumer dans les lieux publics.

Parlez-nous un peu du projet « collèges lycées et entreprises sans tabac ».

C'est un projet qui a été lancé par l'Association le 31 mai 2007, c'est-à-dire depuis 4 ans exactement, dans le cadre du partenariat avec le ministère de la Santé. Il s'agit d'un dispositif d'incitation et d'accompagnement comprenant la formation, la fourniture de supports pédagogiques et la mise en place d'un système de suivi et d'évaluation. Pour faciliter le sevrage tabagique, près de 500 structures spécialisées on été mises en place dans les centres de santé et les hôpitaux. Toutes les activités du projet font l'objet de manuels de procédures qui facilitent la mise en œuvre aux intervenants. C'est un projet dont la pertinence a été largement reconnue et saluée sur le plan international, ce qui lui a valu le prix de l'OMS pour la lutte contre le tabac.

Qu'en est-il des résultats ?

Les résultats peuvent être appréhendés à travers 3 indicateurs au moins :
1 – Le nombre de plus en plus important, d'établissements scolaires, d'entreprises et d'hôpitaux qui adhèrent au projet ainsi que le nombre d'élèves, d'enseignants et d'employés qui sont touchés par le projet et qui constituent eux – mêmes des vecteurs potentiels de sensibilisation dans leur environnement familial et social :
•22 entreprises privées, 4 établissements publics et 114 hôpitaux publics, y ont adhéré. Ces institutions totalisent un effectif de 120 000 employés.
•Pour les collèges et lycées, ils sont aujourd'hui près de 1500 à avoir adhéré au projet. Ces établissements comptent un million 300 mille élèves, soit environ 60% de l'ensemble des collèges et lycées du Royaume.
2 – Le nombre de fumeurs qui ont décidé d'arrêter de fumer et qui ont suivi le programme de sevrage tabagique. Ils sont 16000 élèves, 3000 enseignants et administratifs et 4000 employés d'entreprises ou d'hôpitaux. Parmi eux 1550 élèves, 2970 enseignants et administratifs et 1840 employés ont définitivement arrêté de fumer, c'est-à-dire qu'ils ont arrêté depuis plus d'un an.
3 – la prévalence qui est en train de diminuer, car les enquêtes effectuées tous les deux ans dans cinq régions montrent une réduction très significative parmi la population scolaire. Le taux de prévalence de 4% observé en 2007 est descendu à 3% en 2009, et nous attendons de voir les résultats de 2011.

Son Altesse Royale la Princesse Lalla Salma récompense annuellement les institutions qui s'engagent scrupuleusement dans le projet, quels sont les heureux élus cette année ?

Effectivement, la reconnaissance de l'effort fait partie du dispositif d'incitation du projet. Ainsi le prix Lalla Salma de lutte contre le cancer a été remis au lycée Ibn Sina de Beni Mellal, ce qui a fait le bonheur et la fierté des 2200 élèves et 130 enseignants et administratifs de cet établissement. Le label or « entreprise sans tabac » a été décerné à quatre entreprises : Maroc Télécom, BMCE BANK, ONCF et Banque Populaire. Quant au label or « hôpital sans tabac », il a été attribué à l'hôpital du 20 Août de Casablanca.
Son Altesse Royale la princesse Lalla Salma a également réservé ses félicitations à cinq autres établissements scolaires qui se sont distingués par les efforts qu'ils ont fournis et l'ingéniosité des initiatives prises dans le cadre du projet. Il s'agit du lycée Lalla Meryem de Guelmim, du Lycée Mohammed El Meknassi de Meknès, du Collège Sakani de Casablanca et du Collège Abdellah Chefchaouni de Chtouka Ait Baha.