L'humain au centre de l'action future

«Pour rendre hommage au rôle que joue la femme»

Son dernier film est déjà dans la boîte, prêt à être diffusé. «Femmes en miroirs» est la nouvelle œuvre cinématographique signée Saâd Chraibi. Il nous en parle avant sa sortie, le 8 mars prochain, dans les salles nationales. Hommage à la femme, ce film est également une ode à l'amour et au combat de la femme au quotidien.

14 Février 2011 À 16:02

LE MATIN : Votre dernier film «Femmes en miroirs» sortira le 8 mars prochain. Comment le présentez-vous au public ?

SAÂD CHRAÏBI :
Il s'agit du troisième volet d'une trilogie qui avait commencé par «Femmes et femmes» en 1998, qui avait continué par «Jawhara, fille de prison» en 2004 et qui se clôture par «Femmes en miroirs» maintenant. Ce troisième volet constitue une étape comparative entre la situation de la femme au Maroc au début du XXIe siècle et sa situation dix ans après, tant au niveau de sa relation avec les autres au travail, à la maison, avec l'homme qu'au niveau de sa relation globale avec la société.

Quels sont les thèmes exposés dans «Femmes en miroirs» ?

Si les préoccupations de la femme étaient auparavant d'ordre matériel et revendicatif, nous constatons aujourd'hui qu'elles deviennent plus intimistes, plus psychologiques et plus sentimentales. Sa relation avec ses compatriotes du même sexe devient également un sujet de débat et une réflexion qu'elle mène pour une meilleure connaissance de son propre statut. Nous avons constaté ces mutations à travers une enquête que nous avions menée en 2008 et dont les résultats ont révélé une complexité relationnelle nouvelle qui ne se limite pas à revendiquer l'égalité avec l'homme, mais qui va au-delà dans la recherche de son équilibre psychique et celle de sa place dans la société. C'est l'ensemble de ces interrogations que le film «Femmes en miroirs» essaie de poser pour ouvrir un nouveau débat sur cette évolution.

Saâd Charibi et les femmes, c'est une longue histoire d'amour... Peut-on dire que c'est votre sujet de prédilection ?

Ce n'est pas seulement une histoire d'amour, c'est aussi et surtout un acte artistique pour rendre hommage au rôle que joue la femme dans le développement de la société marocaine. C'est un sujet que tout un chacun a le devoir de traiter, pas seulement aux niveaux social, politique ou économique, mais également aux niveaux culturel et artistique. La femme au Maroc vit aujourd'hui des mutations profondes et participe à différents niveaux à l'évolution de la société, il est donc normal de lui donner la place qu'elle mérite et la parole qu'elle est en droit de réclamer.

Et pourquoi ce grand intérêt pour ce sujet ?

Il ne s'agit pas d'un sujet de prédilection mais il s'agit d'abord de remplir mon rôle d'observateur social qui se préoccupe des différentes facettes de l'évolution de sa société. Il est vrai que j'affectionne de donner la parole à tout groupe social qui n'en a pas suffisamment ou qui en est privé. Je pense que la femme au Maroc fait encore partie de ce groupe.

Votre film sortira le 8 mars prochain, journée mondiale de la femme. Pourquoi le choix de cette date ?

C'est un choix qui me paraît naturel du fait que le film traite de la question féminine, que ses rôles principaux
sont féminins et que les
actrices qui tiennent les premiers rôles sont des femmes. Y a-t-il meilleure date pour exprimer mon intérêt pour la question ?

Comment voyez-vous, en tant que cinéaste et en tant qu'homme, la situation de la femme marocaine aujourd'hui ?

Entre la théorie et les slogans d'un côté et la vie quotidienne qu'elle vit d'un autre côté, il y a encore du chemin à parcourir ! Si aujourd'hui il faut rendre hommage au formidable travail accompli par les différentes associations des droits de la femme, aux acquis qu'elles ont pu obtenir tant au niveau législatif qu'au niveau des résultats qu'elles ont obtenus dans la satisfaction de certaines de leurs revendications, force est de constater que l'égalité avec l'homme est loin d'être réalisée dans la vie quotidienne. Ce qui manque à mon sens, c'est de traduire dans la vie de tous les jours l'ensemble des acquis obtenus sur papier ou au niveau des intentions et des discours. D'en faire une pratique au quotidien à la maison, au travail, dans la rue, dans les écoles et partout où elle doit cohabiter avec les autres.

Comment s'est fait le casting de "Femmes en miroirs"?

En choisissant les actrices et acteurs qui correspondent aux profils psychologiques et physiques des personnages tels que décrits dans le scénario d'abord. Ensuite en organisant des séances de répétitions de toutes les scènes du film avec tous les acteurs et actrices. C'est au vu des résultats constatés que le choix définitif s'est opéré. Ce choix a permis de confirmer des comédiens et comédiennes avec lesquels j'avais déjà travaillé et a permis par ailleurs de découvrir de nouveaux talents qui, pour moi, ont un avenir prometteur dans le domaine de l'interprétation dans notre pays.
------------------------------------------------------------------------------------------

Synopsis

Une jeune photographe marocaine de notoriété internationale vit à Paris. Elle sillonne le monde et organise des expositions dans plusieurs galeries. Elle reçoit un appel du pays, qu'elle avait quitté depuis dix ans à la mort de son père, pour apprendre que sa mère est gravement malade. Elle décide donc de rentrer malgré elle.
Son retour va être l'occasion de faire revivre son passé avec ses joies et ses douleurs, l'histoire controversée et secrète de ses parents, celle de son ancien amour non oublié, ainsi que celle d'une ancienne bonne qui avait travaillé chez sa famille et que le destin a menée vers une vie tumultueuse.
La trajectoire des trois femmes va suivre des cheminements différents pour aboutir à des situations inattendues….
Copyright Groupe le Matin © 2025