«La coopération avec ONU Habitat est une autre forme de diplomatie active»
A ONU Habitat, son programme tourne autour de quatre points : rendre les villes plus productives en soutenant l'économie urbaine et les finances municipales. Pour faire des villes un moteur de développement, il faut passer par une décentralisation et par l'accès aux services urbains.
Alioune Badiane, directeur régional ONU Habitat pour l'Afrique et les pays arabes
LE MATIN
25 Janvier 2011
À 16:17
Le Maroc s'est vu attribué, par ONU Habitat, le Prix d'Honneur pour l'Habitat 2010 à l'occasion de la Journée Mondiale de l'Habitat. A travers ce prix, partagé avec cinq autres pays, Afrique du Sud, Autriche, Chine, Colombie, Singapour et annoncée par le SG des Nations unies au souverain lors du Sommet sur les Objectifs du millénaire pour le développent (OMD), ce sont des efforts en matière de lutte contre la pauvreté qui sont mis en avant, une expérience qui donne un caractère plus marqué aux interventions du Maroc en matière d'appui aux catégories sociales défavorisées et de réduction de la pauvreté, notamment à travers l'INDH et le programme Villes sans bidonvilles.
Le chantier de lutte contre la pauvreté est encore immense au vu d'une réalité sociale difficile et requiert encore des efforts considérables. En projet, et conjointement avec ONU Habitat, le Maroc pourrait organiser une conférence internationale sur la résorption des bidonvilles et la réalisation des OMD, à la fin de l'année 2011. Cette réunion, destinée à échanger sur les expériences capitalisées par de nombreux pays en matière d'amélioration des conditions de vie des populations vulnérables dans les villes, s'inscrit dans le prolongement de ce prix. Il s'agit de réunir «le Top 20» des pays qui ont enregistré les plus fortes avancées en faveur de l'habitat des plus pauvres ainsi que les pays, institutions et organismes œuvrant à l'amélioration des conditions des populations vulnérables dans les villes.
Comme le souligne Alioune Badiane, Directeur régional ONU Habitat pour l'Afrique et les pays arabes en visite au Maroc, «en tenant une telle réunion regroupant le Top 20, le Maroc aura beaucoup de mérite car il pourrait contribuer de manière significative aux efforts et à la réflexion des Nations unies. Comme il l'a fait récemment en novembre dernier à Bamako lors de la conférence africaine des ministres de l'Habitat et du Développement urbain qui a consacré le Maroc comme étant vice-président de la conférence pour la période 2010-2012. Le Maroc pourrait développer l'échange d'expériences et des bonnes pratiques à travers la coopération Sud-Sud, retenue par la Conférence comme l'un des axes majeurs du renforcement du partenariat à l'échelle du continent africain. Il s'agira aussi de partager les expériences dans la lutte contre la pauvreté toujours plus grande, conséquences de la crise financière mondiale qui aujourd'hui touche l'économie réelle.
D'autres rendez-vous sont inscrits dans les agendas, l'un des plus importants est sans doute la réalisation en 2015 des objectifs de l'OMD : éradiquer l'extrême pauvreté et la faim, assurer l'éducation universelle, promouvoir les genres et l'égalité, réduire la mortalité infantile et la mortalité maternelle, combattre les épidémies comme le sida et la malaria, assurer un environnement durable. Autant de défis évoqués dans cet entretien par Alioune Badiane qui, avant de rejoindre ONU Habitat, il y a un peu plus d'une décennie, avait conduit les programmes d'aménagement du territoire au Sénégal, avant d'être nommé directeur de l'aménagement urbain.
LE MATIN: L'Assemblée générale a élu Juan Clos, de l'Espagne, au poste de directeur exécutif du Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), avec rang de secrétaire général adjoint, pour un mandat de quatre ans qui a pris effet le 18 octobre 2010 et viendra à expiration le 17 octobre 2014. La candidature de M. Clos avait été proposée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Quelles sont les priorités de son mandat ?
ALIOUNE BADIANE : Juan Clos, spécialiste de la santé publique a une longue carrière derrière lui tant sur le plan politique, qu'en tant que maire de Barcelone entre 1997 et 2006, comme ministre dans le gouvernement espagnol en charge de l'Industrie et des questions touristiques et enfin comme ambassadeur d'Espagne en Turquie. Il est reconnu comme praticien de la ville. De 1997 à 2006, Juan Clos a été élu maire de la ville de Barcelone et directeur de l'Espace métropolitain du Grand Barcelone, où il a mené le Plan 2000-2010 de logements sociaux à coût réduit dans la continuité de la politique qu'il a menée entre 1985 et 1991, dans le cadre du Programme de renouvellement du centre ville de Barcelone, qui était le quartier de la ville le plus difficile et le plus déshérité et qui incluait le port de la ville. Cette réhabilitation avait été menée en même temps que le Programme d'investissement pour les jeux Olympiques 1992 de Barcelone. A ONU Habitat, son programme tourne autour de quatre points : rendre les villes plus productives en soutenant l'économie urbaine et les finances municipales. Pour faire des villes un moteur de développement, il faut passer par une décentralisation et par l'accès aux services urbains. Les fonctions urbaines sont des fonctions cardinales qui permettent aux citoyens de travailler, de bouger, de produire, de s'aérer. Il y a des moteurs de civilisation qui sont gérés par les édiles et les élus qui doivent rendre compte aux citoyens. Les autorités municipales doivent être en mesure de décliner un agenda mais qu'ils soient aussi jugés sur cet agenda. Il y a une question de redevabilité, de responsabilité, de gouvernance locale et de citoyenneté.
A Barcelone, Juan Clos est connu pour avoir mis en place un vaste programme d'investissement à long terme comme l'extension du tramway et du réseau de métro de la ville ?
Tout à fait et sa deuxième priorité c'est précisément la mobilité urbaine. Les villes, dit-il, doivent être mobiles et les citoyens ne doivent pas être tenus en otages par un déficit des transports. J'ai remarqué avec beaucoup de satisfaction que le Tramway de Rabat sera bientôt mis en circulation, ce qui permettra une grande fluidité entre Rabat et Salé. La mobilité urbaine est un champ de recherche dans lequel nous allons nous investir. Sa troisième priorité, c'est la planification urbaine. Je ne parle pas des masters plans d'antan, très directifs, mais d'une planification qui organise un espace pensé collectivement qui coordonne le développement et la création des villes, dans le respect du cadre de vie des habitants et qui tienne compte des équilibres entre des populations, des activités et des équipements en terme d'espaces publics, d'espaces verts, de réseaux d'eau, réseaux de communication qui permettent de connecter une ville… Regardez ce que les villes asiatiques arrivent à faire en terme de développement spatial, regardez l'exemple de Shanghai.. Mieux planifier, c'est d'abord lutter contre l'occupation irrationnelle, la concentration, c'est anticiper le développement d'une ville qui est construite sur le long terme. La quatrième dimension des priorités de Juan Clos, c'est la gestion législative des villes, c'est la réglementation, c'est la « city status »qui se réfère à tout un ensemble de variables fondées sur la relation entre les citoyens et le pouvoir. Il n'est pas facile de codifier la législation urbaine ! Au sein d'ONU Habitat, nous voudrions donner un caractère normatif mais aussi opérationnel. Comment donner une relance, une justification à ces chantiers pour en tirer des leçons du développement, c'est la problématique actuelle et c'est aussi l'empreinte de Juan Clos, le nouveau directeur d'ONU Habitat qui tiendra son CA le 15 avril prochain et qui s'occupe de plus en plus de relever le défi de la pauvreté.
Le dernier Forum urbain mondial qui s'est tenu à Rio en mars 2010, et auquel a participé le Maroc, a consacré son thème au Droit à la ville et à la réduction de la fracture urbaine. Quel est le poids de ce mot d'ordre dans les pays du Sud ? Quels sont aujourd'hui les enjeux et les défis majeurs des villes, dans un monde majoritairement marqué par une accélération de l'urbanisation et quelles en sont les urgences, à la lumière des Objectifs du millénaire pour le développement ?
ONU Habitat traite des questions de l'heure, et celle de la fracture urbaine est une réalité au Brésil comme elle l'est dans nos pays en Afrique. Au Brésil, il y a deux mondes qui cohabitent difficilement. Plus du tiers des Brésiliens vivent alors en situation de pauvreté, tandis que 10 % de la population concentre 46,9% des richesses selon les statistiques des Nations unies. Avec un programme « Faim zéro », la Bourse familiale et le revenu minium de citoyenneté, le président Lula a travaillé à réduire la pauvreté et la fracture urbaine. Il a investi plus de 250 milliards dans ces projets sociaux, dans la santé, dans l'éducation qui ont apporté cette dimension de citoyenneté aux Brésiliens les plus pauvres qui ont participé plus activement à la vie de la cité. Les enjeux étaient tendus car avant tout il faut éviter du patronage ou du populisme.
C'est-à-dire…
C'est quand les pouvoirs jouent aux pompiers pour éteindre le feu sans avoir une véritable politique de lutte contre la pauvreté. Donner la dignité à quelqu'un c'est lui assurer ses droits et lui faire sentir qu'il est capable de décider, d'investir, de se prendre en charge. Le pouvoir doit mettre en place des mécanismes d'intégration. La société est cassée en deux, ceux d'en bas et 80% de cette population n'est pas capable de s'en sortir toute seule et vit l'exclusion :pas d'école, pas de centre de santé, pas d'eau potable, ce sont les damnés de la terre. Le président Lula grâce à un retour de l‘Etat, a sorti une grande partie de cette population de l'ombre. Lutter contre la pauvreté, c'est un long combat qui doit permettre l'éducation des citoyens qui grâce à cette éducation pourront prendre des décisions, voter, investir, lire le journal. Education d'alphabétisation certes, mais aussi éducation qui lui permet de se prendre en charge. Il faut également assurer la santé, mettre en place des dispositifs sanitaires pour éviter la dégradation de la santé du citoyen, une santé de plus en plus menacée par le Sida, la tuberculose et d'autres épidémiologies qui ressurgissent. Il faut aussi réaliser des infrastructures, des logements décents, mettre en place les services publics pour créer un environnement favorable à l'emploi. La gouvernance des institutions est tout aussi importante. Nous avions de la Tunisie une image d'un pays émergent, développé, mais une chose essentielle aura manqué, la dignité des citoyens pour leur permettre de s'exprimer. Il faut revisiter les agendas locaux dans ce sens, car la politique du pain et les jeux ne suffisent plus. Dans certaines régions d'Afrique, c'est encore pire, et l'Afrique va manquer le rendez-vous des Objectifs du millénaire pour le développement pour bien des raisons, mais surtout pour l'absence de la gouvernance et la spoliation des ressources publiques..Il y a aussi une responsabilité partagée entre les pays du Nord et ceux du Sud notamment dans la fuite des capitaux. D'autre part, l'ensemble des engagements internationaux comme ceux relatifs à l'aide au pays en développement qui ont été pris à Monterrey, par exemple, ne sont pas respectés. Or cette notion d'engagement est importante.
Comment voyez-vous le Maroc qui a été lauréat, en 2010, du Prix d'Honneur pour l'Habitat pour son programme national Villes sans bidonvilles ?
Si vous regardez l'objectif 7, la cible 11 des OMD, le Maroc fait partie des rares pays qui ont pu avancer grâce à l'engagement pris par l'Etat, les plus hautes autorités du pays, les collectivités et le ministre en charge du secteur de l'Habitat pour attaquer des questions aussi complexes que la lutte contre la pauvreté avec l'INDH et celle du foncier, du financement et des infrastructures. ONU Habitat est un bon observatoire et ce que nous avons remarqué, c'est qu'après avoir lancé la campagne mondiale sur la sécurité et l'occupation, le Maroc a pris le taureau par les cornes. Notre institution a le mandat et l'expertise d'aider les pays pour engager les programmes de développement. Le Maroc l'a fait et a donné une grande satisfaction, nous avons scanné cette expérience. Le Maroc s'est vu décerné en octobre dernier à Shanghai, le Prix ONU Habitat, qui est un prix incitatif pour aller de l'avant et mieux faire encore ! D'ici 2015, en soutenant les investissements et en ajoutant une dimension sociale aux programmes d'habitat, le Maroc s'en sortira. Il faut être vigilant sur cette question de maîtrise d'ouvrage sociale, car donner un toit c'est bien, mais au-delà du bâti, il y a des mécanismes d'accompagnement qui permettent d'avoir des droits économiques. Il faudra aussi partager cette expérience
Il y a un projet dans ce sens. Le Maroc compte organiser en 2011 une réunion internationale regroupant le Top 20 des pays ayant réussi à conduire des politiques volontaristes de résorption des bidonvilles. Quelle est l'ambition d'une telle rencontre ?
En convoquant les meilleures politiques et pratiques en matière d'amélioration des conditions de vie des populations des bidonvilles, le Maroc veut se confronter aux meilleures pratiques dans le monde pour voir ce qui se fait de mieux afin de se l'approprier. Aujourd'hui, beaucoup de pays en Asie, en Amérique Latine, en Afrique du Nord, en Egypte où il y a actuellement un Fonds de 300 millions de dollars dédiés à l'amélioration des bidonvilles, ont innové dans ce domaine. Le Maroc a mis quelque 2, 7 milliards pour réduire la fracture et lancer le chantier. En convoquant le Top 20, les 20 meilleures pratiques dans le monde en novembre prochain, on voudrait confronter les expériences du Brésil, de l'Inde, de l'Indonésie qui ont réalisé des performances. Comment et que peut-on apprendre de telles expériences ? Comment certifier en termes méthodologiques ces réalisations et comment en sortir des politiques d'excellence qui serviraient aux pays pauvres ? Après 10 années de négociations, nous avons mis en place les lignes internationales pour l'amélioration de la décentralisation et les services de base. Les autorités locales sont au premier rang de cette lutte contre les bidonvilles parce qu'ils sont les plus proches des populations et dans ce sens nous aurons les expériences des pays d'Asie, d'Amérique latine mais aussi d'Europe et d'Afrique. Nous sollicitons l'accord du Maroc pour qu'ensemble nous puissions inviter les pays africains les plus pauvres pour qu'ils nous fassent part de leurs expériences. En tenant une telle réunion regroupant le Top 20, le Maroc aura du mérite car en le faisant, le Maroc aide le système des Nations unies en préparant nos objectifs de 10 ans. Dans toute l'Afrique, au Malawi, en Tanzanie, en Afrique du Sud. Des forums urbains naissent, des politiques de lutte contre la pauvreté sont mises en œuvre et le Maroc dans ce chapitre a des choses à dire et pourra contribuer de manière significative aux efforts et à la réflexion des Nations unies. La conférence africaine des ministres de l'Habitat et du Développement urbain a consacré le Maroc comme étant vice-président de la conférence.
Vous connaissez l'adage de l'agronome René Dumont qui avait écrit un best seller de l'époque : « L'Afrique est mal partie » avec un legs colonial dramatique en termes de sources de conflits ethniques, de problèmes frontaliers. Quelle est la situation dans les pays africains et notamment ceux du Sud du Sahara ?
L'Afrique au sud du Sahara reste confrontée au plus grand défi qui est l'amélioration significative de la vie d'au moins 100 millions d'habitants des taudis d'ici 2020. Cela nécessite des interventions multiples pour résoudre les problèmes d'assainissement et d'accès à l'eau potable, ainsi que l'amélioration de l'aspect physique des bâtiments et autres infrastructures et services. En dépit de la réussite de la baisse significative de 71 % à 62 % de la proportion des populations urbaines vivant privées de logements entre 1990 et 2005 en Afrique subsaharienne, l'urbanisation rapide de nos jours a produit un grand nombre de personnes vivant dans cette situation. mais il n'y a pas que cette région du continent. Des problèmes particuliers se posent dans les pays où les conflits armés récents ou en cours ont détourné les dépenses publiques loin des activités de développement et des secteurs sociaux où le tissu urbain a été endommagé ou détruit et des personnes déplacées sur une grande échelle comme en Somalie, en Angola, en Sierra Leone et les régions du Soudan. Ces conflits ont exacerbé les problèmes récurrents du sous investissement en milieu urbain ; le manque de volonté politique et une pauvreté généralisée. Les conflits ruraux peuvent déplacer les personnes dans les milieux urbains relativement sûrs comme à Luanda, Lobito et Benguela (Angola) et Freetown (Sierra Leone) ; par contre, les combats en milieu urbain et la destruction peuvent entraîner les populations hors des villes. Dans les villes touchées, jusqu'à 80 % des citadins vivent dans des conditions insalubres. La ville d'Addis-Abeba en Ethiopie a une proportion similaire, mais pour des raisons historiques différentes. Dans toute la région Afrique, des stratégies diverses seront nécessaires, y compris à la fois des interventions dirigées par l'Etat et par les collectivités locales, et les changements politiques majeurs pour faciliter les efforts de l'auto-assistance des ménages et des communautés à atteindre des normes localement adéquates. Même si l'état des lieux est souvent dramatique, nous avons remarqué que la vie des 24 millions d'habitants des bidonvilles et autre habitat informel en Afrique s'est relativement améliorée durant la dernière décennie ; ce qui représente 12% de l'effort mondial visant à réduire cette forme de fracture urbaine. L'Afrique du Nord est la seule sous-région dans le monde en développement où le nombre (8,7 millions) et la proportion des habitants des bidonvilles n'a cessé de baisser depuis 2000 (de 20 à 13 %). L'Egypte, le Maroc et la Tunisie sont les pays les plus dynamiques et où des efforts remarquables on été notés. En Afrique subsaharienne, cependant, la proportion totale de la population urbaine vivant dans des bidonvilles n'a diminué que de 5 % (ou 17 millions de personnes). Le Ghana, le Sénégal, l'Ouganda, le Rwanda et le Burkina Faso ont été les pays les plus actifs de la région, en réduisant la proportion des habitants des bidonvilles de plus d'un cinquième dans la dernière décennie.
Lors des travaux de la Conférence ministérielle africaine sur le logement et le développement urbain (Bamako, novembre 2010) le Maroc, vous l'avez rappelé, a été élu à la vice-présidence pour la période 2010-2012. Qu'attendez-vous du Maroc ?
On a convoqué à Bamako les ministres africains de l'Habitat pour réfléchir sur la question foncière. La déclaration et le plan d'action de Bamako devraient être déroulés grâce aussi aux réformes qui vont être prises. Le Kenya, le Sénégal, le Cameroun, la Zambie sont restés dans le bureau et continuent à travailler. Nous sommes très contents du retour du Maroc qui va dynamiser cette conférence ministérielle. Le Maroc et le ministre de l'Habitat, Mr Hjira l'a dit à Bamako compte développer l'échange d'expériences et des bonnes pratiques à travers la coopération Sud-Sud, retenue par la Conférence comme l'un des axes majeurs du renforcement du partenariat à l'échelle du continent africain. En fait, ces nouveaux axes de travail se fondent sur l'expertise et les acquis du Maroc en matière de politiques de l'habitat et d'un volontarisme pour la réduction de la pauvreté. Leur développement ne peut que renforcer la visibilité des actions du Maroc à l'échelle internationale et mieux répondre aux défis d'une urbanisation croissante et d'une nécessaire inclusion urbaine. Nous serions très heureux que le Maroc puisse honorer son Prix ONU Habitat en renforçant dans ce domaine ses relations avec l'Afrique.
ONU Habitat coopère avec le Maroc depuis une quinzaine d'années. Quels sont les axes de ce partenariat et comment peut-il aujourd'hui se renforcer, au vu des nombreux chantiers du Royaume ?
Nous avons travaillé ensemble sur la pauvreté urbaine au Maroc avec les programmes Agenda 21 sur les villes du Sud. En appui institutionnel, nous travaillons sur l'amélioration des conditions des populations et la planification urbaine. Ce travail fait aussi partie d'une diplomatie active au niveau international et au niveau des instances africaines. Nous espérons que le Maroc sera un élément important par son expertise en termes d'habitat, de financement, de mobilité, de planification urbaine dans la déclinaison de l'agenda du Directeur exécutif Juan Clos. Nous sommes de nouveau à la recherche d'un candidat pour le Forum urbain Mondial 6, parce que Bahreïn n'est pas en mesure de le faire. J'ai beaucoup travaillé sur ce dossier avec votre ambassadeur à Nairobi et nous allons au cours de mon séjour rediscuter de la question avec le ministère des Affaires étrangères. Sa candidature signifierait de pouvoir convoquer l'Agenda du monde en préparation d'Habitat 3, car nous préparons le trentenaire d'ONU Habitat. Après Nairobi, Barcelone, Vancouver, Shanghai, Rio De Janeiro, le tour des pays arabes est venu et pour les amis du Maroc, ce pays ferait un très bon candidat. Le Maroc a les infrastructures qu'il faut pour ce rendez vous mondial, son expertise en matière de planification urbaine et nous serions immensément heureux de montrer ce que fait le Maroc en ce XXIe siècle.