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L'ancien aquarium ressuscite

L'ancien aquarium de Casablanca, situé au sein de l'Institut national de recherche halieutique, en face de la mosquée Hassan II, ouvrira ses portes de nouveau du 4 février au 31 mars. Les Casablancais pourront ainsi redécouvrir ce bâtiment fermé depuis plusieurs années, le temps de l'exposition « Abysses».

L'exposition Abysses présente la faune de l'entre-deux-eaux et du fonds des océans.

29 Janvier 2011 À 15:42

Cette dernière dévoilera aux habitants de la capitale économique et du Maroc la plus grande diversité de créatures des profondeurs jamais réunies. «Les animaux présentés appartiennent à des espèces rarissimes, dont il n'existe pas ailleurs d'autres spécimens aussi bien conservés», indiquent les responsables de l'Institut français, organisateur de l'exposition. Pour un tarif d'entrée fixé à 10 DH, le public découvrira donc des animaux, en exclusivité mondiale, comme le poulpe à ventouses lumineuses Stauroteuthis syrtensis, la merveilleuse ballerine rose à grandes nageoires en forme d'oreilles, ou le diable noir Melanocetus johnsoni, poisson qui attire ses proies à l'aide d'un appendice lumineux faisant office d'appât.

Étudiants, jeunes et moins jeunes auront la chance de prendre contact avec la réalité des abysses présentée par Claire Nouvian, auteur et réalisatrice de films scientifiques et animaliers en collaboration avec des chercheurs du monde entier. Selon les organisateurs, la visite de l'exposition débute par le passage dans un sas qui permet au visiteur de pénétrer l'univers des profondeurs. Celui-ci entre ensuite dans une vaste salle obscure dans laquelle il se retrouve entouré d'images de créatures inconnues enchâssées sur des caissons rétro-éclairés. Des spécimens uniques disposés sur des colonnes ou dans des aquariums seront présentés telles des œuvres d'art. En outre, un film diffusé en boucle et réalisé spécialement pour l'exposition illustre la vie des abysses : formes insensées, couleurs étonnantes, images incroyables d'un univers qui commence seulement à dévoiler ses splendeurs. «L'émerveillement et l'étonnement devant le spectacle du peuple des profondeurs justifieraient à eux seuls l'exposition. Mais, il y a plus, l'exposition Abysses, en présentant, pour la première fois, la faune de l'entre-deux-eaux et du fonds des océans, souhaite témoigner de la fragilité des hautes mers qui, bien que représentant plus de 60% de la surface du globe, restent parmi les zones les moins protégées de notre planète », apprend-on de l'Institut français.

«On assiste aujourd'hui à une désaffection préoccupante des jeunes pour les filières scientifiques : tout le monde veut «faire de l'argent», comme si c'était la seule finalité dans la vie ! Le diplôme d'ingénieur est encore prisé, mais comme «passeport pour une carrière brillante», plus personne ne rêve de comprendre les secrets de la vie ou de la matière, ça me désespère… J'espère que plonger au cœur de l'inconnu du vivant sur terre, comme l'exposition Abysses le permet, créera une sorte de «réveil» à la fois émotionnel, scientifique et intellectuel», explique Claire Nouvian.

Après Paris, Hong Kong, Luanda, Taipei, Shangai, Hangshou… c'est ainsi au tour de Casablanca de révéler la richesse de la biodiversité des océans et ses créatures extraordinaires, mais aussi de sensibiliser ses habitants à l'urgence de protéger l'environnement. Il est à noter que les habitants des abysses, créatures du froid et de l'obscurité, liées à un milieu très particulier, ne peuvent pas survivre en aquarium. De plus, leur mode de conservation est extrêmement complexe. « Les animaux réunis pour l'exposition ont été pêchés à des fins d'études scientifiques par les échantillonneurs des submersibles, ou chalutés avec soin au cours de campagnes océanographiques menées aux quatre coins du monde.

Ces spécimens ont ensuite été conservés avec des méthodes innovantes, leur permettant de garder leur aspect naturel », explique la commissaire de l'exposition. L'autre objectif de cet événement, c'est la résurrection de l'ancien aquarium, ne serait-ce que pour quelques jours. «Plusieurs générations de Casablancais ont découvert l'univers sous-marin dans cet édifice, partie intégrante du patrimoine de la ville. En y présentant cette exposition, à la pointe des avancées accomplies dans les sciences de la mer, nous rendons hommage au premier outil de vulgarisation scientifique d'Afrique », affirme Patrice Armengau, directeur de l'Institut français de Casablanca. Selon lui, le choix de l'aquarium est justifié par son accessibilité facile, sa proximité de la grande médiathèque de la mosquée Hassan II et du palais des expositions.

Histoire de l'aquarium

Rappelons que l'aquarium de Casablanca, ouvert le 3 janvier 1962, disposait de soixante bassins d'eau douce et d'eau de mer qui présentaient un échantillonnage aussi large que possible de la faune aquatique de l'Afrique nord-occidentale. Le bâtiment comportait deux parties principales : l'une réservée aux études et à la recherche (laboratoires et services techniques) et l'autre accessible au public, comprenant salle de conférences, salle de lecture et aquarium, achevée onze ans plus tard. À leur jonction, une tour de sept étages, véritable signal percé de hublots, abrite les installations nécessaires au fonctionnement de l'aquarium. L'aquarium, ainsi que la piscine municipale voisine, a été désaffecté dans les années 80, en raison de la pollution de l'eau de mer pompée dans la baie.
Héritier de l'Institut des pêches maritimes du Maroc, l'Institut national de recherche halieutique, créé par le dahir du 29 juillet 1996, poursuit la mission initiale d'évaluation des ressources marines, du suivi de leur exploitation, de surveillance de la qualité et de la salubrité du milieu marin, du perfectionnement des techniques de pêche et de la valorisation des produits de la mer ou de l'aquaculture. Durant les dernières années, on a longuement parlé du projet d'un Musée maritime national à Casablanca, qui devrait émerger des «ruines» de l'aquarium de Casablanca. Toutefois, aucune démarche n'est encore prise sur le terrain.
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