Spécial Marche verte

Les dangers de certains produits pharmaceutiques

Lors du 27e congrès annuel de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie (ESHRE), tenue, du 3 au 6 juillet à Stockholm, en Suède, les spécialistes maghrébins se sont intéressés aux questions liées à la sécurité des patientes et aux coûts des nouveaux traitements de fertilisation et de reproduction.

30 Juillet 2011 À 15:25

Vu que la tendance est à la hausse vers la parentalité tardive, les chercheurs ont présenté les résultats de leurs études, à quelque 9.000 participants de diverses nationalités. Les chercheurs maghrébins se sont surtout intéressés à une étude concernant les produits pharmaceutiques dérivés d'urine. Et ce, parce que près de 100.000 femmes au Maghreb se voient prescrire chaque année des hormones de fertilité, parfois dérivées d'urine. Ces hormones ont été jugées comme dangereuses par Neil Cashman, professeur en neurologie, membre du directoire du centre de recherche en neuro-dégénérescence et anomalies de configuration protéique à l'Université de British-Columbia et auteur d'une étude internationale qui met en évidence le risque des produits pharmaceutiques dérivés d'urine dans le traitement de l'infertilité féminine. Les résultats ont, en effet, démontré que les femmes, ayant été sujettes à des injections de produits fertilisants dérivés d'urine, risquent de développer une maladie à prion, à l'origine de problèmes de santé d'ordre neurologique, comme la maladie de Creutzfeldt-Jakob chez l'être humain ou encore le syndrome de la vache folle chez les bovins.

Cette étude souligne, également, l'avancée des recherches scientifiques et met en comparaison les risques liés aux produits dérivés d'urine par rapport aux produits recombinants. Une alternative déjà existante sur le marché maghrébin. «Nous avons pour la première fois détecté des protéines prions dans les produits pharmaceutiques dérivés d'urine mais pas dans les produits pharmaceutiques dits recombinants», déclare le Pr. Cashman. Avant de souligner : «Il est important d'examiner si les risques de ces produits peuvent désormais l'emporter sur leurs avantages». Ajoutant que l'ampleur du risque est à ce point difficile à déterminer et des études scientifiques plus poussées seront nécessaires. Selon la même étude, les méthodes actuelles de dépistage ne permettent pas de détecter les prions dans l'urine de donneuses infectées. Ceux-là sont souvent mélangés à ceux de milliers d'autres donneuses, ce qui rend impossible l'identification des donneuses infectées.

«En tant que médecin neurologue, je pense que si une alternative plus sûre est disponible, elle devrait être utilisée. A moins que le coût ne soit vraiment prohibitif. Cependant, celui-ci doit être décidé par chaque patiente et le risque éventuel doit être connu par chaque médecin traitant», insiste le professeur. En Afrique du Nord, la différence de coût pour un traitement dérivé d'urine ou à base d'hormones recombinantes est quasiment inexistante. Pour cela, les spécialistes maghrébins se sont penchés sur la personnalisation du traitement hormonal, comme une méthode efficace d'anticipation des résultats et par conséquent d'optimisation de coût pour la patiente. D'autant plus que la sécurité sociale au Maroc, en Algérie et en Tunisie prend en charge les deux versions du traitement déjà commercialisées sur ces marchés.

En attendant de connaître la position des autorités locales sur les mesures à prendre, le choix revient donc au médecin traitant et à la patiente quant aux risques des produits urinaires. Pour ce qui est de la personnalisation du traitement hormonal, l'étude de Luciano Nardo a démontré que l'hormone «AMH» peut être utilisée comme un marqueur de dépistage efficace, à envisager avant la prescription de tout traitement. Selon Nardo, l'utilisation de l'AMH a permis, dans les pratiques cliniques, de mieux prédire la réponse au traitement de stimulations ovariennes. «Les femmes devraient faire ce test avant la fécondation in vitro afin d'obtenir des informations sur leurs chances de succès et déterminer le traitement le plus approprié», souligne-t-il. Avant d'ajouter : «En mesurant l'AMH, nous avons pu réduire le coût du traitement à, presque, un tiers de sa valeur, ce qui est un aspect non négligeable pour beaucoup de patientes».

Eshre

La Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie(ESHRE), a été officiellement fondée, en 1985, à la suite d'un débat large et animé durant lequel les délégués de toute l'Europe ont participé.
L'objectif principal de l'ESHRE est de promouvoir l'intérêt et la compréhension de la biologie de reproduction et de médecine.
Elle le fait en facilitant la diffusion des recherches ultérieures et des résultats de recherche en reproduction humaine et d'embryologie pour le grand public, les scientifiques, les cliniciens et les associations de patients,
L'ESHRE travaille également à informer les politiciens et les décideurs politiques à travers l'Europe.
Sur un plan plus appliqué, elle vise à promouvoir des améliorations dans la pratique clinique à travers l'organisation d'enseignement, de formation et de formation médicale continue, le développement et le maintien de registres de données et la mise en œuvre des méthodes pour améliorer la sécurité et l'assurance qualité dans les procédures cliniques et de laboratoire.
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