Avec l'important déficit de la balance commerciale et l'évolution moins dynamique des investissements directs étrangers, le marché bancaire continue de subir les conséquences de plusieurs facteurs restrictifs de liquidité. Un statu quo qui perdure malgré que Bank Al-Maghrib ait augmenté le volume de ses financements sur le marché monétaire. Qui plus est, la baisse récurrente du taux de la réserve monétaire de deux points de pourcentage, à 6% seulement à partir du mois d'avril 2010, n'aura pas atténué les tensions sur les liquidités bancaires. Mettant toujours la main à la poche, la banque centrale continue d'accroître le niveau de liquidités injectées dans le circuit bancaire. En avril denier, et comparativement au mois précédent, les facteurs autonomes de liquidité ont exercé sur les trésoreries bancaires un impact restrictif de 3,4 MMDH. Une tendance que l'on impute pour l'essentiel à la contraction des avoirs extérieurs nets de Bank Al-Maghrib. En avril dernier, ces mêmes avoirs se sont inscrits en baisse de 2,1% d'un mois à l'autre, ce qui s'est traduit par un ralentissement de leur accroissement annuel, revenu de 4,1% à 2,9% en mars. Compte tenu de l'incidence expansive de la baisse du minimum requis au titre de la réserve monétaire, elle-même due à l'exclusion des comptes sur carnets auprès des banques de l'assiette de calcul de la réserve monétaire, le besoin de liquidité des banques ressort à 15,1 MMDH contre 16,2 MMDH un mois auparavant. Aussi, la banque centrale a-t-elle réduit le volume de ses injections par le biais des avances à 7 jours sur appel d'offres, le ramenant à 15 MMDH. Ces interventions n'ont que partiellement dissipé les tensions qui ont fait augmenter les taux d'intérêt. En effet, le caractère durable des besoins de liquidité sur le marché monétaire et l'augmentation des risques ont joué dans le sens du maintien des taux d'intérêt à un niveau relativement élevé que précédemment.
Dans ce sillage, les crédits bancaires, toutes catégories confondues, continuent de se positionner sur une phase cyclique descendante. Fin avril dernier et à l'exception des facilités de trésorerie, dont la hausse annuelle s'est accélérée à 9,7%, les accroissements des autres catégories de crédit ont enregistré globalement des ralentissements. Ainsi, le taux de progression des crédits à l'équipement est revenu à 9,9% contre 16,4% en janvier et 14,6% en février, tandis que celui des crédits à la consommation s'est situé à 6,8%, alors qu'il s'était stabilisé à 7,7% durant les deux derniers mois. Quant aux prêts immobiliers, leur progression est restée globalement inchangée à 9%, recouvrant une quasi-stagnation du taux d'accroissement des crédits à l'habitat et un net ralentissement de celui des financements consentis aux promoteurs immobiliers. Par agent économique, les crédits accordés au secteur privé ont connu une hausse de 10,3%, attribuable à l'augmentation des concours aux sociétés non financières, alors que ceux octroyés au secteur public et aux autres sociétés financières ont de nouveau fléchi, accusant une baisse de 18,3% et de 5,7%, respectivement. Le Trésor s'est désendetté sur le marché monétaire, comme en atteste le flux négatif enregistré par les créances nettes sur l'administration centrale.
Le financement du Trésor sur le marché des adjudications a connu une légère reprise et les levées des fonds ont été orientées, essentiellement, vers les maturités à court et moyen termes. Un ajustement à la baisse des taux d'intérêt sur ce marché a été enregistré. Les taux débiteurs ont connu, en moyenne pondérée, une baisse de 8 points de base au quatrième trimestre 2010, passant à 6,21% au lieu de 6,29% un trimestre plus tôt. Cette tendance est due au repli des taux appliqués aux crédits de trésorerie aux entreprises. Parallèlement, les taux créditeurs se sont stabilisés. Par ailleurs, la création monétaire semble entamer une reprise conjoncturelle. Le flux net de la masse monétaire a résisté à la baisse. La phase baissière du cycle conjoncturel paraît s'interrompre et une phase de croissance semble émerger lentement, mais elle reste à être confirmée à court terme. La création monétaire pourrait connaître des taux de croissance faibles, mais en légère amélioration, de même pour les créances sur l'économie. L'évolution des avoirs extérieurs nets est tributaire du comportement du commerce extérieur et des recettes touristiques. Le flux de la masse monétaire se situerait à 1,2 et 8,5 MMDH respectivement aux premier et deuxième trimestres 2011. Le flux des créances sur l'économie s'établirait, quant à lui, à -7,5 et 5,1 MMDH aux mêmes périodes. Pour le HCP, le rythme de financement monétaire de l'économie a légèrement repris au quatrième trimestre 2010. «La phase baissière du cycle conjoncturel pour le flux de la masse monétaire semble arriver à sa fin». L'inflexion ainsi escomptée entamerait une nouvelle période de croissance qui reste à confirmer pour les prochains mois. Les informations disponibles et les prévisions établies laissent présager une amélioration du rythme d'évolution au cours de l'année 2011.
Le loyer de l'argent
Le taux moyen pondéré sur le marché interbancaire a enregistré une hausse de 4 points de base, s'établissant à 3,30%. Pour ce qui est des taux des bons du Trésor à 13 semaines, à 2, à 5 et à 15 ans, émis sur le marché primaire, ils ont accusé des baisses allant de 1 à 3 points de base par rapport aux dernières émissions, revenant respectivement à 3,29%, à 3,60%, à 3,83% et à 4,32%. Quant aux rémunérations assortissant les bons à 10 et à 20 ans, elles sont restées quasiment inchangées entre mars et avril, se situant à 4,12% et à 4,42% respectivement. En ce qui concerne les taux créditeurs, le taux moyen pondéré des dépôts à 6 et 12 mois est passé de 3,49% en février à 3,52% en mars, traduisant ainsi une augmentation à la fois du taux des dépôts à 6 mois et de celui des dépôts à 1 an.