Ils se chamaillent? C'est normal. Les bagarres entre frères et sœurs leur permettent de marquer leur territoire et de se respecter.
LE MATIN
27 Janvier 2011
À 17:50
La fratrie est en effet, le creuset fondateur dans lequel on apprend à "se frotter" à l'autre, à gérer les conflits. Dans un premier temps, les enfants revendiquent la même place dans la famille et sont donc jaloux de tout ce que possède l'autre. Ce sentiment est constructif, car il les pousse à s'intéresser à autrui. Au fil du temps, ils apprennent ainsi à se différencier et comprennent que chacun peut avoir son territoire sans empiéter sur celui de l'autre. Rares effectivement, sont les fratries exemptes de chamailleries. La rivalité est inhérente à l'état de frère et sœur, contraints de partager l'amour des mêmes parents. Alors comment ces derniers, doivent-ils réagir face à ces conflits ? Et comment faire pour les limiter?
Tout d'abord, les psychologues conseillent de ne pas intervenir à chaque fois, mais seulement quand ils en viennent aux mains ou quand l'un des enfants est vraiment en difficulté. Parce que, en prenant la défense de l'un, nous risquons d'exacerber le sentiment d'injustice de l'autre." Selon l'âge des enfants, il ne faut pas particulièrement intervenir; ils apprennent ainsi à se connaitre et connaitre les limites de l'autre à ne pas franchir», soulignent les spécialistes. Aussi, il faut éviter de crier, mais essayer de toucher l'enfant en le regardant dans les yeux. «Quand ça dégénère entre mes enfants, je les isole. Chacun dans sa chambre et interdiction de parler ou de jouer ensemble. Au bout d'un moment ils en ont assez d'être seuls et réalisent qu'ils préfèrent quand même être ensemble », explique Khadija, maman de trois enfants.
Difficile, souvent, de savoir qui est à l'origine de la dispute. Alors, plutôt que de punir un seul enfant, vaut mieux opter pour une sanction « light » pour chacun, qui ne laissera pas de rancunes d'un côté ou de l'autre. C'est après la bataille qu'il est temps de revenir sur les causes du conflit, et de rappeler quelques principes essentiels. « Quand il s'agit d'une petite dispute, je les laisse se débrouiller entre eux. Mais quand je vois que cela dégénère, j'interviens. Je les laisse parler à tour de rôle, chacun explique sa vision des choses. Souvent ça suffit à les apaiser. Et à la fin, je leur demande de s'excuser mutuellement », signale cette fois Fatiha, mère de deux enfants.
Chose essentielle, il ne faut surtout pas se disputer devant les enfants. Car, l'imitation commence tôt, et pour tout : des enfants qui voient les « grands » se disputer reproduisent volontiers le conflit, ne serait-ce que pour éloigner le spectre d'une éventuelle séparation. Il faut préciser aussi que, pour éviter que les chamailleries ne virent à la bagarre, il importe de poser des règles claires. Les enfants doivent savoir qu'ils n'ont pas le droit de porter la main sur l'autre, sans quoi ils encourent une punition. De même, il faut leur apprendre à mesurer le sens des mots et interdire les insultes. « Il est important de fixer des limites, quelles qu'elles soient, et surtout de les faire respecter », insiste le mari de Fatiha. Les psychologues conseillent en outre de ne pas dramatiser les conflits.
En dehors du cercle familial, des frères et sœurs "ennemis" se révèlent souvent solidaires. Et des sœurs qui se chamaillent pendant l'enfance peuvent devenir complices à l'adolescence. Il faut aider chacun à construire son propre territoire, pour sortir de la logique de comparaison. Bien sûr, cet objectif est plus facile à atteindre si chacun peut s'isoler dans sa chambre. Mais on peut aussi aider deux frères à dépasser leur rivalité en les orientant vers des activités sportives différentes où chacun donnera la mesure de ses capacités. En tout état de cause, il faut toujours se garder de hiérarchiser et de valoriser la réussite de l'un au détriment de l'autre. Autre clé : consacrer du temps séparément à chacun de ses enfants. Dernier conseil : quand ils ne se disputent pas, il est important de le souligner. Le silence règne dans le salon ? Il faut les en féliciter : «Ça fait bien plaisir de vous voir ensemble». Et quand on vous demande « Ils ne se disputent pas trop», ne répondez surtout pas «Si, tout le temps ! ».