L'humain au centre de l'action future

Deux artistes, une musique

Lors d'une soirée organisée, récemment, au Palais de la ville, de Tanger, l'association Confluences musicales a rendu hommage à deux grands artistes de renom Randy Weston et Abdellah El Gourd, respectivement jazzman et maallem gnaoui.

Tanger a célébré deux grands noms de la musique jazz et gnaoua et du même coup a porté aux nues le métissage musical.

14 Septembre 2011 À 12:37

Profitant d'un bref séjour à Tanger du grand maître de jazz Randy Weston et son compagnon de route le maallem tangérois de gnaoua, Abdellah El Gourd Boulkhair, l'association Confluences musicales a organisé, en collaboration avec l'Association culturelle de la communauté urbaine de Tanger, un vibrant hommage aux deux grands maîtres de l'art musical, au Palais de la ville de Tanger. Entourés de leurs familles et proches, Randy et El Gourd ont été accueillis par une foule immense d'invités et de fans qui ont fait le déplacement pour admirer leurs musiciens préférés.

Émus, les deux grands maîtres ont exprimé leur remerciement aux organisateurs de cette rencontre. Tour à tour, Ahmed Hadri et Omar Metioui, de l'association Confluences musicales de Tanger ont retracé le parcours élogieux de ces deux grandes stars de l'art musical et gnawi, avant de présenter à l'audience les des deux invités ainsi que le récit de leur première rencontre à Tanger, ville natale d'Abdellah El Gourd. À leur tour, Randy et El Gourd ont régalé le public, avec des séquences musicales en faisant vibrer la salle au rythme des gnaouas.

A côté de cet hommage qui leur été rendu à quelques semaines du Festival de Jazz qui sera organisé à Tanger, signalons que le grand travail accompli par ces deux stars de l'art a été couronné par la remise cette année du Wissam de mérite national de l'ordre d'officier à New York. Une attribution qui témoigne de la consécration de l'amitié ancestrale entre notre pays et les Etats-Unis d'Amérique.

Né le 6 avril 1926 à Brooklyn dans l'Etat de New York et connu pour ses innovations musicales, Randy Weston a suivi des cours de piano dans sa jeunesse et a été bercé par le blues, le jazz et le gospel. Parmi les figures emblématiques qui l'influencèrent, on peut citer Count Basie, Art Tatum, Duke Ellington et plus particulièrement Thelonius Monk. Après son service dans l'armée durant la seconde guerre mondiale, il a joué avec une grande variété de groupes aux influences diverses telles qu'Eddie «Cleanhead» Vinson, avant de former ses propres groupes dans les années 1950. Au début des années soixante il participe à l'«African-American Society», association visant à revendiquer la culture afro-américaine et le droit à l'émancipation du continent africain. Le festival du Nigéria de 1961 contribuera à éveiller ses origines africaines. Autre date clef dans le parcours original de notre pianiste et compositeur, son séjour de 6 années à Tanger à partir de 1967 et sa découverte de l'art des gnaouas grâce à son compagnon de route le Maalem Abdellah Boulkhair connu sous le nom de El Gourd. Toujours à Tanger, il fonde un club de jazz «The African Rythme Club» qui va devenir le berceau international du métissage de l'art des gnaoua avec le jazz. Le compositeur innovateur et auteur de «Hi-Fly» sera profondément inspiré par les musiques d'Afrique et plus particulièrement les gnaouas du Maroc. Cette influence lui permettra d'intégrer des éléments de musique africaine particulièrement marocaine dans nombres de ses albums et compositions.

Une rencontre de talent

En 1967, alors que Abdellah El Gourd travaillait comme électricien à la station de radio « Voix d'Amérique» installée à Tanger, il rencontre le célèbre pianiste de jazz américain, Randy Weston. Le maître El Gourd apprend auprès des maîtres de Tanger et forme avec Randy à la fin des années soixante « African Rythme Club » de Tanger qui sera le point de rencontre international entre le jazz et le gnaoua.
Cette fusion sera largement reprise par la suite par de nombreux groupes. En 1992, après un parcours riche en trouvailles musicales entre les deux maîtres, ils réalisent un vieux rêve en réunissant sur un même album la majorité des œuvres des maalems gnawas du Maroc sous le titre de «The Splendid Master Gnawa Musicians of Morocco». En plus de ces nombreuses collaborations avec d'autres musiciens internationaux comme Archie Shepp, docteur honoris causa, notre joueur du Hajhouj crée Dar Gnawa dans la médina de Tanger pour y perpétuer cet art ancestral.
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