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Kadhafi, tué par la révolution après 42 ans de pouvoir

Mouammar Kadhafi, dont la mort à Syrte (Est) a été annoncée jeudi par le nouveau régime, a gouverné la Libye pendant près de 42 ans d'une main de fer. Mais huit mois de révolte soutenue par une intervention de l'OTAN l'avaient contraint à prendre la fuite en août après la prise de la capitale Tripoli par le Conseil national de transition (CNT, ex-rebelles).

Le décès annoncé de Mouammar Kadhafi marque la fin d'une ère de despotisme et de répression au cours de laquelle le peuple libyen a souffert pendant trop longtemps.

20 Octobre 2011 À 17:30

A 69 ans, M. Kadhafi, plus ancien dirigeant arabe et africain, a continué jusqu'au bout à lancer des appels à «la résistance» contre les «croisés» occidentaux. Il appelait aussi à la victoire sur les «insurgés», liés, selon lui, à al-Qaïda et qu'il appelait «les rats».

Ce sont ces insurgés devenus les maîtres de la Libye, qui ont annoncé sa mort à Syrte, chef-lieu de sa région d'origine tombé jeudi aux mains des «révolutionnaires» après un siège de plusieurs semaines.
Né, selon sa propre légende, sous une tente bédouine dans le désert de Syrte le 7 juin 1942, Mouammar Kadhafi, fils de berger, reçoit une éducation religieuse stricte et entre dans l'armée en 1965. A 27 ans, il renverse pacifiquement le vieux roi Idriss, le 1er septembre 1969.

En 1977, il proclame la «Jamahiriya», un «Etat des masses» qui gouverne par les comités populaires élus. Dans son «Livre Vert», il préconise une démocratie directe, conjuguant socialisme et pensée islamique.
Pour diriger cet immense pays pétrolier, où viennent travailler des centaines de milliers d'Africains, il affiche vite un style imprévisible, avec des comportements indisposant souvent ses partenaires, portant des tenues traditionnelles ou des uniformes militaires. Il aime recevoir sous sa grande tente, entouré de femmes-soldats, ses «amazones», et se nourrit frugalement, notamment de lait de chamelle.

Accusé de «terrorisme», il devient la «bête noire» des occidentaux. Tripoli est bombardé par les Etats-Unis en avril 1986. La Libye sera plusieurs années l'objet d'embargos, après les attentats contre un avion américain au-dessus de Lockerbie, en Ecosse (270 morts en 1988) et un avion français au Niger (170 morts en 1989), dont Tripoli reconnaîtra la responsabilité, versant des indemnisations aux familles des victimes.
Kadhafi est élu à la tête de l'Union africaine -dont il est l'inspirateur- début 2009, et le demeure un an. Il est déçu par ses pairs arabes, qu'il accuse de «brader la Palestine».

En 2003, il annonce le démantèlement de ses programmes secrets d'armement. Il est reçu les années suivantes, avec faste, -après avoir libéré des infirmières bulgares injustement accusées d'avoir propagé le virus du sida- à Paris et à Rome, l'ancienne puissance coloniale qui offre excuses et dédommagements.
Tout bascule le 15 février 2011 avec l'insurrection, la prise de Benghazi par les rebelles du CNT et l'intervention de l'OTAN, autorisée par l'ONU le 17 mars.

La Cour pénale internationale (CPI) a lancé contre Kadhafi, son fils Seif Al-Islam et son beau-frère Abdallah al-Senoussi un mandat d'arrêt pour «crimes contre l'humanité».

L'UE salue «la fin d'une ère de despotisme»

Le président de l'UE Herman Van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont salué jeudi «la fin d'une ère de despotisme et de répression» en Libye après l'annonce de la mort du leader déchu libyen Mouammar Kadhafi. «Le décès annoncé de Mouammar Kadhafi marque la fin d'une ère de despotisme et de répression au cours de laquelle le peuple libyen a souffert pendant trop longtemps. Aujourd'hui, la Libye peut tourner une page de son histoire et embrasser un nouvel avenir démocratique», ont affirmé les deux dirigeants dans un communiqué commun. MM. Van Rompuy et Barroso ont appelé le Conseil national de transition (CNT) à poursuivre «un processus de large réconciliation» entre tous les Libyens pour permettre une transition «démocratique, pacifique et transparente». Au moment de l'annonce préalable de la capture de l'ancien dirigeant libyen, le président du Parlement européen, Jerzy Buzek avait salué «un grand jour pour la Libye et la démocratie».
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