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Les jeunes à l'honneur

Le bilan des politiques publiques ciblant les jeunes à Rabat fait ressortir une marge d'intervention réduite des collectivités locales sur les plans social, économique et fiscal.

Les Forums de la capitale :

25 Mai 2011 À 16:28

«Comment faire de Rabat une ville inclusive ? », tel était le thème général retenu pour l'édition 2011 des Forums de la capitale, lancés mardi 24 mai à Rabat. Des élus locaux, des responsables gouvernementaux, des acteurs associatifs ainsi que des habitants de la ville ont répondu présents à l'invitation du Conseil de la ville, de l'Agence américaine pour le développement international (USAID-Maroc) et du Forum urbain Maroc, organisateurs de ces rendez-vous mensuels. Le Conseil de la ville veut ainsi être à l'écoute de la voix de la population, ses besoins, ses attentes et ses reproches vis-à-vis des instances élues. Dans son intervention à l'ouverture des travaux des forums, Fathallah Oualalou, maire de Rabat, a mis l'accent sur une question de grande actualité intéressant de près la ville. Il s'est interrogé sur la place qui revient à la capitale dans le chantier de la régionalisation élargie ouvert en 2010. « C'est tout l'espace régional qui va changer après le lancement du processus de la régionalisation élargie. La région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaers est censée ainsi s'élargir pour abriter d'autres villes ». Mais plus que la taille, le souci majeur selon M. Oualalou est de « faire de Rabat une ville dotée d'infrastructures et de services modernes à l'instar de la capitale économique ».
Le premier forum programmé ce 24 mai a mis à l'honneur la jeunesse de la capitale à travers le thème « quelle politique de la ville répondant aux attentes et aux aspirations des jeunes ? ». Un thème qui cadre parfaitement avec l'intitulé de cette édition, puisque « toute politique inclusive de la ville se doit de cibler les jeunes et plus particulièrement les moins favorisés d'entre eux », estime Mekki Zouaoui, professeur universitaire à Rabat et modérateur du premier forum. Il identifie trois types de politiques publiques s'adressant à la jeunesse. « Il y a d'abord les stratégies sectorielles déclinées à l'échelle nationale. Il s'agit de voir à ce niveau quel est le rôle des instances élues dans la concrétisation de ces stratégies à l'échelle locale. Ensuite, il y a les politiques propres à la commune qu'elle conduit selon les prérogatives qui lui sont conférées par la Charte communale. Celles-ci demeurent pourtant limitées, ce qui fait que souvent, la commune ne peut intervenir qu'à la marge », analyse M. Zouaoui.

En effet, que ce soit pour la création de l'emploi, l'attraction des investissements, l'aide aux plus démunis ou la garantie d'un accès équitable de la population aux services sociaux, les prérogatives économiques, sociales et fiscales qui sont accordées aux collectivités locales ne leur permettent pas de jouer pleinement leur rôle. L'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), voilà le troisième niveau d'articulation des politiques publiques ciblant les jeunes. Tout le monde connaît les réalisations de l'INDH en faveur de la jeunesse en situation difficile à l'échelle nationale.

Ce qui serait intéressant selon le modérateur, c'est de faire le bilan d'action de cette initiative au niveau de Rabat, notamment pour ce qui est de l'infrastructure dédiée à la jeunesse. Malgré les progrès, on note un grand vide dans ce domaine, ne serait-ce qu'en ce qui concerne les maisons de jeunes et les espaces sportifs. Othmane Makhon, délégué du ministère de la Jeunesse et des Sports à Rabat, est le premier à l'admettre. « Bien qu'étant un espace d'encadrement culturel, pédagogique et politique par excellence, les maisons des jeunes manquent beaucoup à Rabat. Par exemple, le quartier Hassan ne dispose, à ce jour-là, d'aucune maison des jeunes. L'offre est certainement en dessous de la demande ». Le même constat est valable pour les clubs socio-sportifs. Sur ce volet, M. Makhon estime que « Rabat est en retard par rapport à d'autres villes marocaines ». Il attribue ce retard notamment au problème du foncier qui, même s'il existe, reste inadapté pour la construction d'espaces attrayants dédiés aux jeunes. Le responsable tient néanmoins à rappeler les efforts du ministère pour renforcer l'offre proposée aux jeunes de la capitale. « Jusqu'en 2010, quelque 24 clubs socio-sportifs de proximité ont été construits à Rabat. Un autre sera achevé d'ici août prochain au quartier Yaacoub Al Mansour, et à l'arrondissement Al Youssoufia, le coup d'envoi sera donné prochainement pour la construction d'un autre club ».
Certes, les besoins des jeunes ne peuvent être résumés en la création d'espaces sportifs et culturels. D'après Touria Jaidi, présidente de l'Association marocaine d'aide aux enfants en situation précaire, la priorité doit être accordée aux enfants et aux jeunes en situation difficile.

Dans ce sens, elle estime urgent de former un nombre important de travailleurs sociaux pouvant venir en aide à cette catégorie vulnérable de la population. Pour Latifa Amrani, également militante associative, l'enjeu est ailleurs. « Il faut redonner confiance aux jeunes dans les institutions politiques. Pour ce faire, il ne faut pas se contenter de mettre en place des institutions. Il faut en assurer une mise en œuvre optimale », préconise-t-elle.
Certainement, les problèmes des jeunes sont tellement multiples et vastes qu'ils ne peuvent être cernés dans un seul forum. On espère donc que l'initiative du Conseil de la ville trouvera des prolongements au sein des arrondissements et des quartiers de la ville. Ces derniers sont appelés plus que jamais à établir la proximité et à jeter les ponts de communication avec leurs jeunes.

Objectifs

« Le lancement par la ville de Rabat de débats mensuels sous forme de forums vise en premier lieu l'amélioration de ses pratiques de gouvernance locale et la promotion d'une participation accrue de ses habitants, particulièrement ses jeunes et ses femmes, à la gestion de leur ville », indique un communiqué de presse du Conseil de la ville. A l'approche de la célébration en 2012 de la ville de Rabat, ces forums seront l'occasion de faire le bilan des projets socioéconomiques réalisés durant la dernière décennie, ainsi que sur les dysfonctionnements à corriger. Il s'agit notamment des disparités sociales et économiques relevées entre les différents arrondissements de la ville. Les forums sont donc destinés à ouvrir un débat sur ces questions et à recueillir les points de vue et les propositions des habitants pour améliorer la gestion de la ville dans le cadre d'une « démocratie participative ».
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