Le projet est initié par la radio néerlandaise internationale pour rapprocher les électeurs des programmes électoraux des partis politiques.
LE MATIN
01 Novembre 2011
À 18:03
Peut-on travailler pour un parti progressiste, être proche d'un parti conservateur et se rendre compte qu'on penche plutôt pour les idées d'un parti libéral ? La boussole électorale qui vient d'être lancée au Maroc montre bien que c'est possible. Elle est, en effet, un projet initié par Hunnamsterdam, la voix arabe de la radio Nederland internationale. Il s'agit d'un questionnaire mis en ligne par les responsables de la radio en coopération avec un groupe d'académiciens pour permettre aux utilisateurs de se situer dans l'échiquier politique national. Le principe est donc simple. Les internautes peuvent accéder directement au site mis en ligne par la radio néerlandaise ou via des sites d'informations marocains partenaires du projet. Chaque participant devra répondre, en toute confidentialité, à un questionnaire de 30 questions sur des sujets variés qui concernent les domaines politiques, économiques et sociaux. Les résultats vont permettre aux internautes de se situer avec plus de clarté dans la scène partisane et de découvrir le cas échéant, leurs affinités politiques. Mais il faut s'attendre à ce que les résultats soient dans certains cas très surprenants. Une équipe scientifique à l'origine de cette boussole a été déjà expérimentée dans plusieurs pays. «Un groupe, composé de vingt chercheurs marocains et étrangers renseignés bien évidemment sur la vie politique et sociale du pays, a participé à la préparation du projet. Nous nous sommes basés sur des documents officiels des partis politiques retenus dans le projet. Les travaux menés ont permis de dresser un questionnaire de 70 interrogations», a souligné Hicham Abbassi, membre du comité académique. Et d'ajouter: «nous avons retenu au final 30 questions seulement. Il convient également de souligner que les réponses d'un participant lui permettent de se situer dans une carte par rapport aux programmes électoraux de douze formations politiques. Nous avons pris en considération les résultats obtenus par les partis politiques en question dans les élections législatives de 2007».
Neutralité Les partis retenus sont, notamment l'Istiqlal, l'USFP (Union socialiste des forces populaires), le PPS (Parti du progrès et du socialisme), le PJD (Parti de la justice et du développement), le PAM (Parti Authenticité et Modernité), le RNI (Rassemblement National des Indépendants), le MP (Mouvement Populaire), l'UC (Union Constitutionnelle), le FFD (Front des Forces Démocratiques), le MDS (Mouvement Démocratique et Social). Même si plusieurs formations politiques sont membres dans des alliances politiques, notamment la «Koutla» démocratique et l'alliance pour la démocratie communément appelée G8, les responsables disent que leurs choix n'ont pas du tout pris en considération les alliances qui existent dans la scène politique. A la question sur les risques d'influencer les choix des électeurs potentiels, les concepteurs du projet affirment que la boussole électorale est indépendante et non liée à aucun parti candidat ou autorité. Elle est basée sur une méthodologie scientifique qui la rend totalement transparente et équitable vis-à-vis de tous les partis politiques. Elle a été développée aux Pays-Bas et a ensuite été utilisée dans 34 pays différents, notamment la Turquie, le Canada et tout dernièrement la Tunisie. De ce fait, la principale mission de la boussole est de motiver les électeurs marocains et de les aider à faire leurs choix politiques.
La boussole se contente ainsi de comparer les avis des internautes au contenu des programmes des différents partis. A noter que le site www.bosala.nl a été activé le 31 octobre 2011 et sera accessible jusqu'au jour des élections le 25 novembre 2011.
Expérience
En Afrique, la boussole électorale a été lancée pour la première fois en Tunisie à l'occasion des élections pour l'assemblée constituante. Plus de 100 partis politiques tunisiens étaient en courses dans ces élections, les premières depuis la chute de Zine El Abidine Ben Ali. C'est le parti islamiste d'Annahda qui est arrivé premier à l'issu de ce scrutin. La boussole a été mise en place pour permettre de se situer au milieu d'une offre partisane pléthorique. Une association des immigrés tunisiens installés aux Pays-Bas a été impliquée pour mener à bien le projet. L'expérience sera ainsi reproduite à l'échelle continentale au Maroc avec la participation de chercheurs marocains installés en Hollande. Le Maroc organise des élections législatives anticipées après l'adoption d'une nouvelle constitution. Pour rappel, le Royaume compte 33 formations politiques.