Salon international de l'agriculture de Meknès

Disparités des salaires dans le textile

D'un pays de la Méditerranée à l'autre, la rémunération horaire varie, mais la palme de la générosité revient assurément à la Turquie qui accorde presque deux euros à ses salariés.

Le salaire minimum au Maroc dans le textile-habillement demeure supérieur à ceux des pays concurrents comme la Roumanie ou encore la Tunisie.

05 Janvier 2011 À 14:24

Selon la dernière lettre mensuelle du Cedith (Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement), les écarts de salaires minimums sont importants d'un pays méditerranéen à l'autre en janvier 2011. La palme de la générosité revient à la Turquie avec un salaire horaire de presque deux euros.

Pourtant, rien n'empêche le secteur textile-habillement turc d'être très compétitif à l'exportation. En effet, aujourd'hui, le pays se positionne comme le second fournisseur de l'Union européenne tant en textile qu'en habillement. Ses exportations en 2010 ont atteint 15 milliards de dollars grâce à un environnement favorable créé notamment par l'Union douanière avec l'UE qui permet aux exportateurs turcs de bénéficier de la règle de la simple transformation, c'est-à-dire la possibilité d'exporter à droits nuls vers les marchés européens des vêtements produits à partir de tissus de n'importe quelle origine, par exemple chinoise ou indienne.
Sans oublier le marché intérieur turc d'une taille de 75 millions de consommateurs et une industrie textile puissante et moderne à laquelle est adossée la confection turque.

Sur la deuxième marche du podium se trouve le Maroc avec un salaire (spécifique au secteur textile-habillement) de 0,93 euro l'heure. Un niveau qui, d'après les professionnels du secteur, est pénalisant pour la compétitivité des exportations textile-habillement marocaines du moment qu'il demeure supérieur à ceux des pays concurrents comme la Roumanie ou encore la Tunisie. Il est à signaler que le salaire minimum dans le secteur textile-habillement au Maroc est 24 % supérieur à celui de la Tunisie dont la salaire minimum se situe à 0,75 euro (convention collective textile-habillement) contre 0,86 euros pour l'Algérie. La Jordanie, dont le salaire légal par heure est de 0,77 euro par heure, fixe le salaire minimum dans le textile-habillement à 0,61 euro, alors que l'Egypte avec 0,24 euro l'heure ferment la marche.

Selon Jean-François Limantour, président du Cedith, «par rapport à l'Egypte, on notera que le taux du SMIC n'a toujours pas été modifié depuis… 25 ans. Il devrait subir une augmentation massive pour être porté à 400 livres égyptiennes/mois en 2011, soit 52 euros, base 48 heures par semaine.
On trouve encore, dans des entreprises égyptiennes, des salariés dont la rémunération mensuelle est d'environ 25 euros».

Ce qui permet à ces dernières opérant dans le secteur d'exporter des produits bon marché de qualité vers les marchés américains et européens.
Elles travaillent souvent en sous-traitance et peuvent importer à droits nuls, en admission temporaire, les tissus utilisés pour la confection des vêtements. C'est ce qui explique les délocalisations d'un grand nombre d'usines européennes vers certains pays où le coût de la main-d'œuvre est intéressant. Dans ce sillage, force est de préciser que, depuis le 1er janvier 2011, le SMIC horaire en France est de 9 euros.
En quelque sorte, le revenu d'une ouvrière en France est équivalent à celui perçu par près de quatre ouvrières en Turquie, 10 au Maroc ou en Algérie, 12 en Tunisie, 15 en Jordanie et au moins 35 en Egypte!

Industrialisation et créativité

Au terme des 11 premiers mois de l'année 2010, les exportations marocaines de vêtements confectionnés ont reculé, sur une année, de 5,9% à 15,89 MMDH, tandis que les exportations des articles de bonneterie se sont inscrites en hausse sur la même période de 4,6% 6,35 MMDH. Ceci à un moment où les exportations textile-habillement de Tunisie ont augmenté de 6,5 % au cours des onze premiers mois de 2010 par rapport à la même période de 2009, pour atteindre une valeur de 4,54 milliards de dinars (2,4 milliards d'euros). Elles demeurent cependant inférieures de 5 % à celles des 11 premiers mois de 2008. Au cours de la période janvier-novembre 2010, la France conserve son rang de premier client de la Tunisie (+2,2 % à 1,537 milliard de dinars) devant l'Italie + 6,6 % à 1,424 milliard de dinars).
Ces deux marchés représentent les deux tiers (65, 2 %) des débouchés extérieurs du secteur textile-habillement de Tunisie. A ce titre, pour renforcer les avantages compétitifs de l'industrie marocaine par rapport à la concurrence internationale, l'Amith (Association marocaine des industries du textile et de l'habillement) entend aussi se mobiliser en faveur d'un assouplissement des règles d'origine préférentielles de l'Union européenne. Par ailleurs, des efforts sont consentis pour fluidifier les procédures douanières.
La compétitivité passe également par l'industrialisation et la créativité. Sur ce plan, l'AMITH estime que les outils sont déjà en place avec notamment l'ouverture en octobre dernier de Casa Moda Academy et la mise en oeuvre de divers programmes et initiatives pour le coaching des managers, la formation professionnelle, la veille économique, la promotion et la prospection des marchés, l'amélioration de la productivité et le développement des capacités d'offres en produits finis ainsi que le statut de gestionnaire de marques.
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