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Le «port sec» pour bientôt

La cinquième escale régionale organisée le 23 avril à Fès par la CGEM Union régionale Centre-Nord devant porter sur le transport et l'efficacité des échanges internationaux a viré à une suite de doléances de la part des industriels.

La PII de Fès sera en partie franche et ouverte à tous les secteurs industriels.

26 Avril 2011 À 16:16

Prévue pour débattre de l'importance de la logistique et de sa contribution à réduire les coûts des transactions et d'améliorer l'efficacité des échanges internationaux, la 5e escale régionale sur la logistique organisée le 23 avril à Fès par la CGEM Union Régionale Centre Nord sous l'intitulé « La logistique : vecteur de développement de la région », a viré en une rencontre de doléances. Les industriels de Fès ont profité de la présence de Ahmed Réda Chami, ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies et de Mohamed Gherrabi, Wali de Fès-Boulemane pour exposer les maux de Fès. Il s'agit selon des intervenants de l'enclavement de la ville de Fès, du manque terrible de main-d'œuvre qualifiée notamment dans les secteurs du textile-confection et du bâtiment, du manque de zones industrielles. ces derniers réclament l'amélioration de l'environnement économique des entreprises et plus d'avantages pour Fès comme ceux accordés, selon eux, par le gouvernement à d'autres villes littorales comme Tanger et Casablanca.

Ils insistent surtout sur les projets du port sec, de zones franches et d'une autoroute reliant Fès à Tanger Med.
En réponse à ces différentes préoccupations, Ahmed réda Chami a indiqué que la région sera dotée bientôt d'un port sec, d'une PII (Plate-forme industrielle intégrée) aménagée par TMSA avec une zone franche située au niveau de Ras Al Maa et que cela devrait améliorer la logistique qui absorbe prés de 20% du PIB marocain, diminuer les coûts et les délais du transport, relancer l'investissement et l'emploi à Fès. « Nous sommes bien avancés sur les différentes PII lancées à travers le Maroc sauf celle de Casablanca à cause d'un problème de foncier. La PII de Fès sera en partie franche et généraliste ouverte à tous les secteurs pouvant combiner plusieurs types de quartiers sachant que le tissu industriel de Fès reste dominé par le textile», explique t-il. Et d'ajouter que l'avantage avec les PII, c'est qu'elles permettent de capter les investissements étrangers et nationaux et qu'elles seront gérées par leurs aménageurs avec à la clé des offres en services, logistiques, banque, un guichet unique administratif regroupant les différents services de l'Etat… « Nous avons au Maroc quelque 5 000 ha de zones industrielles dont seulement 2 500 ha valorisés à cause notamment de la spéculation immobilière… Mais une zone industrielle ne doit pas être conçue comme un projet immobilier. .. c'est pour cela que nous avons opté pour un gestionnaire-aménageur qui propose des services adéquats aux industriels », précise-t-il.

Le ministre a aussi annoncé la réhabilitation de la zone industrielle de Bensouda grâce au fonds foncier. Celui-ci permet de mettre à la disposition des investisseurs, aussi bien pour l'achat que pour la location, des terrains et/ou de l'immobilier industriel à des coûts compétitifs. Le ministre a aussi saisi l'occasion pour appeler les industriels de Fès à adhérer aux différents programmes lancés par son ministère notamment le tout nouveau programme Inmaa. Ce programme est dédié selon Ahmed Réda Chami au renforcement de la compétitivité des entreprises et à la promotion de l'excellence opérationnelle "Lean manufacturing'' au sein des entreprises. « Ce programme monté avec le partenariat de l'ANPME, trois banques de la place, l'OCP et le cabinet McKinsey & Company, prévoit des formations des cadres des entreprises dans une usine modèle à Bouskoura. Il est lancé avec 7 entreprises pilotes qui au bout de quelques mois ont vu leur production augmenter de près de 50%. Une usine type est prévue à Tanger et une autre à Fès si le besoin se fait sentir », précise le ministre.

Ceci étant, ce programme comme les autres ne semblent pas rassurer les industriels de Fès. Ce qu'ils veulent, c'est une autoroute reliant la ville à Tanger Med. Ce àquoi le ministre a répondu « Je ne sais pas si l'autoroute est nécessaire. Pour moi, c'est le port sec qui est nécessaire, la densification de l'aérien ainsi que le développement du rail qui est très utilisé dans le transport des marchandises… il faut choisir nos batailles. Le Maroc n'est pas un pays riche et il faut exploiter les ressources dont nous disposons», souligne-t-il. Du même avis, le Wali de Fès-Boulemane a insisté dans son intervention sur la méthode dans le choix et la défense des projets à caractère régional pour peser sur les décisions et a demandé aux industriels de Fès d'arrêter de se lamenter.

«Il est important de penser à des projets qui apportent une valeur ajoutée à la ville et à la région et renforcent son attractivité. L'autoroute est une décision de l'Etat et pas de la région», ajoute-t-il. Il explique que Fès souffre de son image des années 90 de ville très syndiquée et de la défaillance de la gestion locale pendant plusieurs décennies. «Il y a aujourd'hui une nouvelle vision du développement territorial et il faut y adhérer… il faut chercher de meilleures pistes pour le développement et des niches intéressantes », conclut-il. Mohamed Horani, Président de la CGEM a de son côté souligné que chaque région est appelée aujourd'hui à faire valoir ses atouts et à renforcer son attractivité. Et ce, malgré les déséquilibres en matière de ressources disponibles dans telle ou telle région. Il a aussi précisé, en réponse aux industriels qui dénoncent le soutien accordé par l'Etat à Tanger ou à Casablanca, que tout projet dans n'importe quelle ville marocaine est d'abord un projet pour le Maroc.

Les annonces de Ahmed Réda Chami

Pour être éligible à la zone franche, les entreprises doivent s'engager à satisfaire plusieurs conditions dont la garantie de l'exportation d'au moins 85 % de leur production annuelle. Le ministre a annoncé lors de cette rencontre qu'il compte corriger cette loi pour la passer à 65% voire à 50%. Et ce, pour donner plus de flexibilité au niveau des zones franches et permettre aux investisseurs locaux et étrangers de s'y installer. Il a aussi promis de soutenir les textiliens pour exploiter les opportunités qui se présentent aujourd'hui dans ce secteur. Autres annonces de Chami, l'ouverture de Fès Shore en mars prochain et la création prochainement d'une antenne de l'ESCAE à Fès. A noter que les industriels de Fès n'ont pas caché leur déception de l'absence des ministres Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances et celui de l'Equipement Karim Ghellab, ministre de l'Equipement et du Transport qui avaient confirmé auparavant leur participation à cette rencontre. Ils semblaient aussi ne pas trop apprécier le franc-parler de Ahmed Réda Chami, ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies.
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