Naissance de SAR Lalla Khadija

Une vente aux enchères particulière

La ville blanche abritera une vente aux enchères d'oeuvres d'art célébrant la création artistique des années post-indépendance. Qualifiée d'«exceptionnelle», cette vente est organisée par la Compagnie marocaine des oeuvres et objets d'art (CMOOA).

08 Mai 2011 À 15:07

L'initiateur de cet événement donne ainsi rendez-vous, le 14 mai, aux amateurs institutionnels et privés pour une vente qui célèbre la création artistique au Maroc au lendemain de l'in-dépendance. «Pour la plupart méconnues sur le marché et provenant de collections privées prestigieuses, les oeuvres présentées, souvent reprodui¬tes dans des ouvrages de référence, n'échapperont pas au regard des grands collectionneurs qui ont rarement vu un ensemble d'une telle qualité», indique la CMOOA.

Les organisateurs prévoient également de faire de cette manifestation un hommage à Jilali Gharbaoui, peintre non figuratif considéré comme le premier artiste marocain à avoir choisi ce mode d'expres¬sion picturale, et dont les ''oeuvres violentes'' ne sont que le reflet d e son mal de vivre.
«40 ans après la tragique disparition de Jilali Gharbaoui, un hommage sera rendu à cet artiste-phare que l'on peut qualifier de génie ayant influencé toute une génération», souligne la CMOOA. A ce propos, en 1971, Jilali Gharbaoui loge à Paris chez le criti que d'art Pierre Gaudibert. Il est retrouvé mort sur un banc public au Champ de Mars et fut enterré à Fès.

Mettant l'accent sur l'art abstrait post-indépendance(1955-1975), cette vente présentera un ensemble inédit d'oeuvres de Jilali Gharbaoui, Ahmed Cherkaoui, Ahmed Yacoubi, Miloud Labied, Fouad Bellamine, Mohamed Kacimi, Aziz Abou Ali, Mohamed Chebaâ, Houcine et Baghdad Bennas. « Cette manifestation, qui est sans doute la plus importante depuis 10 années d'activité, révèlera les deux écoles de peinture qui virent le jour simultanément dans les années 50, à savoir les artistes académiques et les autres autodidactes. La vacation se démarquera par une rétrospective d'oeuvres de Jilali Gharbaoui de 1955 à 1970. Cette présentation chronologique permettra de voir son travail de manière exhaustive, ainsi que les évolutions et champs de recherches que l'artiste a explorés, mettant en perspective les symboles ber¬bères afin de marquer son identité artistique », précisent les organisateurs.

De son côté, Ahmed Cherkaoui, porteur également de messages identitaires très forts, proposera le chef-d'oeuvre «Talisman rouge». Une oeuvre qui, pour le moins, titillera l'intérêt des mécènes les plus avertis. Pour sa part, Ahmed Yacoubi, ami de Francis Bacon et de Paul Bowles, ayant vécu longtemps aux Etats Unis, est un artiste énigmatique de la peinture moderne marocaine. «La maternité» et « The Cliff», toiles aux dimensions peu courantes, nous dévoilent à quel point son style est complexe et sophistiqué. Quant à Houcine et Bagdad Bennas, ces deux grands artistes marocains seront soumis pour la première fois au feu des enchères. Ils connurent de leur temps un grand succès auprès de leurs pairs mais, malheureusement, leur rareté sur le marché de l'art ne leur a pas permis d'avoir la reconnaissance qu'ils méritent.

La peinture figurative et naïve marocaine est également très bien représentée par des oeuvres de Ben Ali Rbati, Mohamed Ben Allal, Mohamed Hamri, Fatima Hassan, Chaïbia Tallal, Fatna Gbouri et Hassan El Glaoui. Signées Moulay Ahmed Drissi, artiste le plus original de sa génération et très attaché à ses origi¬nes arabo-berbères, «La nature et la vieillesse » et « Scène de campagne » racontent des récits populaires d'une grande spiritualité, tout en ayant un côté très proche du surréalisme. Autre peintre autodidacte, Mohamed Hamri est présenté par de rares gouaches sur carton, exposées en 1956 au Casino espagnol de Tanger. De même, « Mariage à Chtouka » de Chaibia Tallal et « Le cheval » de Fatima Hassan ne manqueront pas de créer l'événement. Par ailleurs, deux exceptionnelles oeuvres modernes européennes réalisées au Maroc seront proposées. Ainsi, « Les deux amies » d'Edouard Edy Legrand, figurant en couverture de l'ouvrage «Edy Legrand, visions du Maroc» sera l'une des pièces maîtresses de cette vacation, tout comme « La kasbah d'Anemiter » de Jacques Majorelle, datant de sa période de synthèse.

Hôtel de vente

Fondée en avril 2002 par Hicham Daoudi et Hakim Sahel, la Compagnie marocaine des oeuvres et objets d'art (CMOOA) est la première maison de ventes aux enchères du Maghreb. Elle a inauguré ses activités le 28 décembre de la même année, dans le cadre prestigieux de l'hôtel Mamounia à Marrakech. Depuis janvier 2004, la compagnie s'est dotée d'un espace qui permet l'exposition permanente d'une sélection d'oeuvres et objets, ainsi qu'une meilleure gestion des enchères. En effet, son Hôtel de vente, situé au coeur de Casablanca, accueille une large clientèle d'amateurs et de collec¬tionneurs. La compagnie organise, tous les deux mois, des ventes thématiques variées (mobilier, bijoux, tapisseries et textiles anciens, art islamique, etc.) avec une part importante réservée aux peintures orientalistes anciennes et contemporaines et aux artistes marocains de renom. Une équipe de neuf personnes garantit un service de qualité. La compagnie fait, par ailleurs, appel à des experts indépendants de l'entreprise pour l'authentification des objets et oeuvres qui lui sont déposés. Aussi, des commissaires-priseurs assermentés en France assurent les ventes.
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