Il se fixe comme objectif l'implication des MRE dans la vie politique marocaine et de promouvoir leur droit à la représentativité politique, garanti par la nouvelle Constitution.
Le nouveau parti part des acquis apportés par la nouvelle Constitution en la matière pour réclamer le droit des Marocains résidant à l'étranger à participer à la vie politique dans leur pays d'origine.
LE MATIN
28 Juillet 2011
À 14:50
Le paysage politique marocain s'est enrichi par un nouveau parti politique. « Le collectif pour la patrie » dont la création a été annoncée ce mercredi 27 juillet à Rabat se veut un parti pas comme les autres, puisqu'il est entièrement formé par la diaspora marocaine et fait de la défense de ses droits son fer de lance. « C'est le premier parti politique à placer la migration marocaine au cœur de ses préoccupations. Certes, il existe des formations politiques qui se sont intéressées aux MRE, mais pas au point d'exercer une véritable influence sur les politiques publiques », souligne Saïd Ida Hassan, président de la commission préparatoire du congrès constitutif du Parti. Et d'ajouter que « la naissance du Collectif est le résultat de la dynamique politique et sociale qui s'est installée au Maroc, mais aussi le couronnement des efforts de plusieurs acteurs politiques et associatifs dans les pays de l'immigration ». Le nouveau parti part des acquis apportés par la nouvelle Constitution en la matière pour réclamer le droit des Marocains résidant à l'étranger à participer à la vie politique dans leur pays d'origine. « L'adoption de la Constitution révisée nous a mis du baume au cœur parce que le nouveau texte a pris compte de nos revendications. Il a rendu justice à travers trois articles à la communauté marocaine résidant à l'étranger en constitutionnalisant leur droit à être représentés dans la Parlement ainsi que dans toutes les instances politiques du pays.
Nous sommes 5 millions de Marocains à vivre à l'étranger et à occuper des postes politiques, économiques et scientifiques prestigieux dans les pays d'immigration. Il est temps de faire profiter le Maroc de ce grand potentiel et de changer le regard stéréotypé qu'on porte aux MRE comme étant de simples pourvoyeurs de devises », clame M. Ida Hassan. Le nouveau parti se propose d'être une force mobilisatrice des Marocains résidant à l'étranger, notamment les jeunes et les femmes. « Nous espérons ainsi remédier au problème de la désaffection des jeunes vis-à-vis de la politique », fait savoir la même source. L'encadrement se fera à travers les bureaux du parti qui seront créés dans plusieurs villes marocaines ainsi que dans les principaux pays de l'immigration. En parallèle, une bonne communication avec les Marocains « de l'intérieur » s'impose selon Yahia Bensaid, expatrié marocain en France et membre du Parti socialiste français. Les membres de la commission préparatoire n'ont eu de cesse d'affirmer que le Collectif reste ouvert à quiconque veut y adhérer. « Toutes les sensibilités politiques sont les bienvenues. Nous nous déclarons un parti du centre attaché aux constantes et sacralités nationales, mais cela ne nous empêche pas de nous ouvrir aux autres obédiences politiques », assure Saïd Ida Hassan tout en affirmant que « l'objectif n'est pas de fonder un parti populiste ou d'accéder à des postes de responsabilité politique, mais bien de devenir un parti influençant les politiques publiques dans le domaine de la migration ».
A côté de cet objectif spécifique, à savoir rétablir les MRE dans tous leurs droits politiques et sociaux, le Collectif veut s'inscrire dans les efforts nationaux visant la défense de la marocanité du Sahara, de l'identité et de la culture marocaines. Mais avant de se mettre à la tâche, le Parti doit commencer par s'organiser. Des réunions sont prévues prochainement entre les membres de la commission préparatoire à l'intérieur comme à l'extérieur du Maroc pour esquisser le programme politique du Parti. Des rencontres de communication avec la population sont également programmées dans plusieurs régions du Maroc en préparation du congrès constitutif du Parti prévu avant janvier 2011 d'après M. Chemaou, conseiller juridique de la commission préparatoire.
«Le projet de constitution du Collectif pour la patrie est scindé en deux volets : un volet juridique consistant à constituer le dossier juridique du parti et à le doter d'une charte d'éthique qui sera pour lui un rempart contre la corruption, l'abus du pouvoir et d'autres pratiques politiques malsaines ; et un volet pratique où il est question de communiquer autour du parti et de l'accompagner médiatiquement. Nous avons tenu à prendre tout le temps qu'il faut pour bien mûrir notre projet et tirer les enseignements qui s'imposent des expériences réussies de certains pays européens. C'est pour cette raison que l'annonce de l'agenda du Parti a pris du retard », précise-t-il. Une fois le Congrès constitutif tenu, c'est une autre bataille que les membres du Collectif devront mener, à savoir chercher des sources de financement. Selon M. Chemaou, aucun financement étranger ne sera apporté au Parti qui «veut avoir un prolongement national plutôt qu'un prolongement à l'étranger». Pour le moment, les frais de lancement du Collectif qui a déjà élu domicile à Rabat seront supportés par les membres de la commission préparatoire en attendant de trouver des bailleurs de fonds marocains.
Flash-back
Tout a commencé le lendemain du discours royal donnant le coup d'envoi au chantier de la réforme constitutionnelle. 150 Marocains expatriés, pour la plupart des cadres bien placés dans leurs pays de résidence, ont ainsi formé l'Instance des Marocains du monde pour la révision de la Constitution considérée comme la plus grande organisation dédiée aux MRE. A l'instar d'autres formations appelées à donner leurs avis à propos de la réforme, cette instance a présenté un mémorandum à la Commission consultative chargée de la révision de la Constitution, contenant ses propositions pour faire avancer la cause des immigrés marocains. Saïd Ida Hassan, président de la Commission préparatoire du congrès constitutif du Collectif, se félicite du fait que le texte révisé a tenu compte de ces propositions et, surtout, qu'il a donné accès aux MRE aux plus grandes instances politiques du pays, chose dont ils ont été longtemps privés.