La tempête qui a éclaté au sein du parti de l'épi à Rabat vient de prendre fin. C'est du moins ce que confirment certains élus du Mouvement populaire au conseil de la ville de la capitale qui ont annoncé il y a quelques jours leur démission collective du parti. Ces derniers semblent avoir changé de position.
LE MATIN
27 Septembre 2011
À 15:47
Les concertations qui ont eu lieu entre les démissionnaires et le chef de file Mohand Laenser sont qualifiées de très positives. Mené par Houcine Kerroumi, le mouvement de contestation de la capitale s'était exprimé contre la candidature aux élections de Omar Bahraoui et Abdelkader Tatou. La réaction des démissionnaires a secoué le parti de l'épi. Celui-ci, comme à l'accoutumée, à la veille de chaque rendez-vous électoral, vit au rythme des tirs à la corde. Contacté par «le Matin», le principal contestataire, Houcine Kerroumi, semble avoir lâché du lest, estimant que le secrétaire général du parti a su mettre fin à cette question en se portant garant du respect de la procédure démocratique. «Ce sont les bases qui vont trancher et décider quel candidat coopter.
La commission nationale va recevoir les propositions des bureaux locaux et provinciaux», dit-il. Selon des sources du Mouvement populaire, Mohand Laenser, habitué aux ébullitions internes, est parvenu, non sans difficulté, à apaiser la colère des voix dissonantes. «On a réalisé que nous nous étions précipités. La désignation de Omar Bahraui et Abdelkader Tatou n'était, en fait, qu'une rumeur», précise l'un d'entre eux. S'agissait-il vraiment d'une rumeur ? Les deux harakis, contestés par les conseillers locaux, sont en effet pointés du doigt de part et d'autre, notamment l'ex-maire de la capitale qui avait mal pris son échec à rempiler à la tête du conseil de la ville en 2009. À partir de cette date, il a brillé par son absence aussi bien au niveau de la mairie que de l'institution législative.
Le secrétaire général tient, malgré tout, à le défendre, soulignant que certes il était moins présent que d'autres, en raison des études supérieurs de ses enfants au Canada, mais il a bien assisté à au moins trois sessions parlementaires après les élections communales de 2009. «Il habite toujours Rabat et doit désormais s'engager à faire son travail d'élu car, apparemment dans la capitale, il n'y a pas encore de concurrents à M. Bhraoui et M. Tatou. M. Joumani a déjà annoncé qu'il ne voulait plus faire de politique. M. Kerroumi a également affirmé qu'il ne comptait plus se porter candidat», précise-t-il au Matin tout en signalant que le parti n'avait pas encore tranché. Les prochains jours s'annoncent animés au sein du MP. À la veille des élections anticipées, le Mouvement populaire subira fort probablement d'autres secousses internes à cause de la question épineuse du choix des candidats. Le parti est en train de recevoir les rapports des commissions provinciales. Mais c'est au bureau politique de trancher.
Un ténor du parti tient à souligner que le bouillonnement interne est on ne peut plus normal au sein d'un parti qui vit encore sous l'effet de la fusion de trois composantes, à savoir le Mouvement populaire, le Mouvement national populaire et l'Union démocratique. Une fusion qui n'est pas encore totalement digérée par tous les harakis et pèse lourdement sur la formation. Malgré les diverses élections auxquelles le parti a participé depuis la décision de former un seul bloc haraki, les différentes sensibilités ont du mal à cohabiter et à accepter sans difficulté les choix des responsables centraux. Certains n'hésitent d'ailleurs pas à lancer aux autres les pires accusations. La course vient à peine de commencer !
Enjeux
Une grande responsabilité incombe aux formations politiques en cette phase cruciale de désignation des candidats. Les partis politiques sont appelés à coopter des profils répondant aux exigences de la conjoncture spéciale qu'est en train de vivre le Maroc. Le renouvellement des élites est fort souhaitable pour donner un coup de fouet à l'institution législative qui souffre jusqu'à présent d'une image altérée auprès de l'opinion publique. Les partis sauront-ils répondre aux attentes des électeurs ? L'enjeu est de taille. Certaines formations vivent des ébullitions internes à cause de l'absence de critères précis pour la désignation des candidats. Le même problème se posera au niveau de la liste nationale, surtout lorsqu'il s'agira de nommer la tête de liste. La pratique du copinage doit, à présent, céder la place à celle de l'objectivité, tant au niveau des législatives du 25 novembre qu'à celui des prochaines communales.