Prix Goncourt en 1993 pour "Le Rocher de Tanios", Amin Maalouf a été élu au fauteuil 29 au premier tour de scrutin.
LE MATIN
24 Juin 2011
À 14:41
La persévérance a payé : l'écrivain franco-libanais Amin Maalouf a été élu jeudi au premier tour à l'Académie française, après deux tentatives malheureuses en 2004 et 2007, année où il avait jeté l'éponge avant le vote. "Mon élection à l'Académie française est un symbole très important pour le Liban, un moment que je vis intensément et qui est reçu dans mon pays d'origine avec la même intensité", a-t-il confié à l'AFP."Dès que j'ai commencé à me consacrer à la littérature, l'Académie avait pour moi un sens. Je ne pensais pas alors y entrer mais cette idée a peu à peu germé", a ajouté le nouveau membre de cette prestigieuse institution créée en 1635, chargée de veiller au respect de la langue française et d'en composer le dictionnaire. Prix Goncourt en 1993 pour "Le Rocher de Tanios", Amin Maalouf a été élu au fauteuil 29 au premier tour de scrutin, avec 17 voix sur 24 votants, contre trois voix au philosophe Yves Michaud. Il succède à l'anthropologue Claude Lévi-Strauss, décédé en octobre 2009 à 101 ans et qui avait été élu en 1973 au fauteuil d'Henry de Montherlant."C'est un fauteuil prestigieux, intimidant et stimulant, et je m'en approche avec humilité et une immense joie", souligne l'écrivain.
Avant Amin Maalouf, à la double culture arabe et française, l'Académie a accueilli en 2006 la romancière algérienne Assia Djebar, première personnalité du Maghreb élue sous la Coupole. Né le 25 février 1949 à Beyrouth, dans une famille chrétienne dont une des branches maternelles est francophone et vient d'Istanbul, Amin Maalouf a consacré son œuvre au rapprochement des civilisations, s'interrogeant sur les rapports politiques et religieux entretenus par l'Orient et l'Occident. Journaliste au principal quotidien de Beyrouth An-Nahar, il est contraint à l'exil en France en 1976 alors que son pays est ravagé par la guerre civile. Ces thèmes de l'exil et de l'identité, lui qui se sent chrétien dans le monde arabe et Arabe en Occident, occupent une large place dans ses essais, parmi lesquels "Les identités meurtrières", publié en 1989, ou "Le dérèglement du monde", paru en 2009. A Paris, il devient journaliste dans un média économique, puis rédacteur en chef de la revue Jeune Afrique. Les membres de l'Académie procèderont ces prochains mois à d'autres élections après les décès de la grande helléniste Jacqueline de Romilly, le 19 décembre 2010, et de l'écrivain Jean Dutourd, mort le 18 janvier 2011.