L'humain au centre de l'action future

Le complexe conjugué à la simplicité

Le 9 décembre dernier, Anna Gavalda a soufflé ses quarante ans. Dix années avant, elle sortait un exceptionnel recueil de nouvelles sous le titre incitatif « Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part ». Incitatif, ne serait-ce qu'au niveau d'une formulation qui invite à une certaine découverte sans qu'elle n'en désigne les termes. Une perspective, en fait, basée sur une éventualité non identifiable. Qui plus est se conjugue à la multiplicité des horizons.

21 Janvier 2011 À 17:43

C'est que Anna nous invite à vivre, ou plutôt à revivre la vie dans sa quotidienneté. Le complexe dit et raconté dans une simplicité pour le moins déconcertante. D'autant plus que l'auteur, en deux trois temps, nous donne même envie d'écrire. Tellement l'acte semble être facilité par le truchement de ce « parler-direct » qui ne met nullement de distance entre le narrateur, le narré et leurs univers respectifs. Encore moins avec le lecteur.

Ce dernier se trouvant, à l'insu de son plein gré, embarqué dans l'acte de narrer. L'exemple type nous y est donné dès l'entame de la première nouvelle, intitulée « petites pratiques germanopratines ». Lisons : « Saint-Germain-Des-Près !?... Je sais ce que vous allez me dire : « Mon Dieu, mais c'est d'un commun ma chérie, Sagan l'a fait bien avant toi et tellement mieux ! » Une bien belle entrée en matière qui fait du lecteur, non pas cet « agent externe » qu'on incite à rester sur le banc, mais un réel acteur du récit. Tellement, il se sent interpellé à prendre part aux rouages de la structure narrative. Tellement, il se sent impliqué dans les rouages de l'histoire qu'il ne peut qu'entrer en action. Du coup, c'est la complicité qui se trouve en maître de céans. N'en déplaise à ceux qui ne voit du romanesque que la capacité des auteurs à compliquer l'acte d'écrire, quand bien même l'approche a droit de cité, il n'en demeure pas moins que Gavalda s'inscrit dans une tendance qui simplifie pour rendre le quotidien, ou à la limite une part de ce quotidien, à sa valeur nominale.

En une douzaine de nouvelles, l'auteur nous fait rencontrer des personnages de tous les jours sous différentes facettes. Peu importe qu'on aime ou qu'on n'aime pas le « raconté », c'est surtout le « racontant » qui séduit dans la splendeur de sa simplicité.

Biographie d'Anna Gavalda

Auteur à succès, Anna Galvalda occupe une place de choix dans les rayons de littérature populaire. Après avoir grandi en Eure-et-Loir dans une atmosphère folklorique, Anna Gavalda est envoyée en pension, à 14 ans, à la suite de la séparation de ses parents. Elle suit une hypokhâgne et obtient une maîtrise de lettres à la Sorbonne.
Profitant du calme de la Seine-et-Marne et maman de deux enfants, elle cumule les métiers de chroniqueuse pour le cahier Paris-Ile-de-France du Journal du Dimanche, de professeur de français et d'assistante vétérinaire. Cette jeune femme dynamique reçoit le Grand Prix RTL-Lire pour son premier recueil de nouvelles «Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part» en 1999. Mélange de simplicité, de merveilleuses et tragiques vérités quotidiennes, ce titre ne quitte pas les classements des meilleures ventes pendant des mois et est traduit dans une trentaine de langues. Elle s'essaie les années suivantes à de nouveaux styles, écrit son premier roman et un livre pour enfants.
C'est durant l'été 2003 qu'elle commence à travailler sur son quatrième titre, un nouveau roman, ‘Ensemble, c'est tout', un véritable succès dans le monde littéraire, critique et public, adapté au cinéma en 2007 par Claude Berri.

Source : evene.fr
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