Spécial Marche verte

La paralysie agitante

Maladie neurologique chronique, le Parkinson affecte le système nerveux central responsable de troubles moteurs d'évolution progressive.

Selon le consensus actuel, l'environnement jouerait un rôle plus important que l'hérédité.

07 Juin 2011 À 14:54

Découverte en 1817 par James Parkinson qui en avait fait la première description clinique en regardant les gens passer depuis son balcon, la maladie de parkinson est une maladie dégénérative résultant de la mort lente et progressive de neurones du cerveau. Comme la zone du cerveau (substance noire), touchée par la maladie, secrète de la dopamine et donc joue un rôle important dans le contrôle des mouvements, les personnes atteintes font peu à peu des gestes rigides, saccadés et incontrôlables. Au début, les symptômes peuvent être confondus avec le vieillissement normal de la personne comme la réduction de l'activité, une fatigabilité anormale, des douleurs mal localisées, des difficultés d'écriture, le tremblement d'une main, la raideur fluctuante, etc. Mais au fur et à mesure qu'ils s'aggravent, le diagnostic devient plus évident. Dans 70% des cas, le premier symptôme consiste en des tremblements rythmiques non contrôlables d'une main, puis de la tête et des jambes, se manifestant plus particulièrement au repos ou en période de stress. Par contre, 25% des malades ne présentent aucun tremblement. Les causes de la maladie de parkinson restent mal connues à ce jour. En effet, la maladie pourrait être la conséquence de l'interaction entre une prédisposition génétique (surtout chez des sujets de moins de 50 ans) et des cofacteurs environnementaux.

Selon le consensus actuel, l'environnement jouerait un rôle plus important que l'hérédité. On suspecte, effectivement, depuis de nombreuses années les métaux lourds et pesticides, mais sans preuve d'une cause unique. On a , également, suspecté puis confirmé que la bactérie «Helicobacter pylori» (bactérie à l'origine des ulcères gastro-duodénaux), pouvait contribuer à la survenue de la maladie de parkinson. Aussi, les gens atteints de la maladie vivent souvent des périodes de dépression. Or, des chercheurs étudient actuellement l'hypothèse que la dépression soit un facteur prédisposant à la maladie. Cependant, chez certains, elle peut être une manifestation précoce de la maladie. Pour ce qui est de la prévention, il n'existe malheureusement pas de moyens reconnus par les médecins pour prévenir la maladie. Cependant, il est très important que le malade reste actif et qu'il fasse de l'exercice. Exercer régulièrement de l'activité physique augmente la mobilité, l'équilibre et la coordination du corps pour lutter contre la déprime. Par ailleurs, comme les personnes atteintes de la maladie de parkinson sont plus sujettes à l'ostéoporose, il est conseillé de pratiquer des exercices des articulations portantes pour fortifier le squelette. Sans oublier de prendre régulièrement sa «dose» de soleil, principale source de vitamine D, essentielle pour les os.

Pour ce qui est des traitements disponibles, ceux-ci permettent d'améliorer mais pas de guérir. Par ailleurs, le début du traitement s'accompagne quasiment d'une grande amélioration, voire d'une disparition des signes de la maladie. Cependant après une période, plus ou moins longue, les effets commencent à se dissiper et il faut augmenter les doses. La kinésithérapie qui comprend l'exercice physique quotidien, la gymnastique, l'entrainement à la marche, le travail de l'équilibre postural, etc., est un complément thérapeutique important. Aussi, divers traitements novateurs, comme la greffe de cellules dopaminergiques fœtales et la thérapie génique, sont étudiés, mais ce sont des traitements expérimentaux. L'essentiel est que de nos jours, les traitements disponibles permettent de diminuer les symptômes et de ralentir la progression de la maladie assez efficacement. On peut vivre avec le Parkinson pendant plusieurs années.

Le syndrome parkinsonien

On distingue la maladie de parkinson des autres syndromes parkinsoniens qui se manifestent par les mêmes symptômes, mais qui n'ont pas la même cause ni la même évolution. En effet, la maladie de parkinson représente 85% des cas d'un ensemble de maladies dites de «syndrome parkinsonien». Ce dernier se manifeste aussi par des troubles du mouvement, mais la physiologie de la maladie diffère. Le syndrome parkinsonien est habituellement causé par un déséquilibre du système cholinergique (l'acétylcholine) plutôt que par un déficit en dopamine. Dans l'ensemble, certaines différences sont visibles et le traitement n'est pas le même. Le syndrome parkinsonien se définit comme une association de plusieurs symptômes neurologiques traduisant l'atteinte du système nerveux central et comprenant une lenteur et une rareté des mouvements (akinésie) avec une hypertonie c'est-à-dire une rigidité. Il peut être causé par des dommages causés au cerveau à la suite d'un traumatisme ou d'une tumeur, de petits accidents vasculaires cérébraux et la consommation de certains médicaments utilisés pour traiter les nausées, l'épilepsie, l'hypertension ou les troubles psychiatriques.
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EXPLICATION : Mostapha El Alaoui Faris, • Neurologue

«Il est important pour le malade de rester actif le plus tard possible»

Combien de personnes sont touchées par la maladie de parkinson au Maroc ?

Cette maladie est peu connue au Maroc et n'est pas encore considérée comme une priorité de santé publique, mais vu l'augmentation de l'espérance de vie et le vieillissement de la population, cette maladie neuro-dégénerative sera de plus en plus fréquente. Selon les estimations épidémiologiques, environ 30.000 personnes seraient atteintes de la maladie de Parkinson, avec environ 4.000 nouveaux cas déclarés chaque année.

Quels sont les signes qui doivent alerter au-delà des tremblements ?

Les troubles liés à la maladie de parkinson apparaissent le plus souvent vers 50 à 70 ans. Au moment où les premiers symptômes cliniques apparaissent, on estime que 60% à 80% des cellules nerveuses de la substance noire seraient déjà détruites. Le symptôme le plus fréquent de la maladie est le tremblement. Cependant, les autres signes cardinaux de la maladie sont l'akinésie (ralentissement moteur) et la contracture musculaire. Il faut savoir que la maladie peut débuter par des signes trompeurs tels qu'une dépression ou des douleurs de pseudo-rhumatismales. A noter que toutes les personnes atteintes de cette maladie ne présentent pas systématiquement un tremblement et que le tremblement des membres peut être présent dans d'autres maladies neurologiques que la maladie de parkinson.

Au niveau des traitements, où en sommes-nous ?

Les médicaments sont de deux types: Les médicaments dopaminergiques représentés par la L-dopa, qui se transforme au niveau du cerveau en dopamine, dont la production est réduite dans la maladie de parkinson. Ainsi que les médicaments agonistes dopaminergiques qui potentialisent l'action de la dopamine en agissant sur les récepteurs de la substance noire. La L-dopa est administrée à doses progressives (pour obtenir la suppression des symptômes), essentiellement quand il existe une lenteur des mouvements et une raideur musculaire. En plus des médicaments, il faudrait suivre une rééducation fonctionnelle (kinésithérapie) à tous les stades de la maladie. Frugalement, un soutien psychologique est parfois nécessaire en particulier lors de l'annonce du diagnostic de cette maladie chronique et potentiellement handicapante. Aussi, il est important pour le malade de rester actif le plus tard possible et d'être bien soutenu. Autre point important, la nécessité d'une prise en charge pluridisciplinaire de cette maladie chronique associant le neurologue, coordinateur de l'équipe, au kinésithérapeute, à l'ergothérapeute, à l'orthophoniste, à l'infirmier voire aux psychologue ou psychiatre.
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