Les fontaines de la métropole à l'abandon

On ne le dira jamais assez, le patrimoine casablancais est souvent délaissé et mal entretenu. Plusieurs bâtiments tombent en ruine, d'autres sont écrasés par la spéculation foncière. De même, des édifices de la ville blanche sont laissés à l'abandon. À titre d'exemple, la capitale économique souffre d'un manque flagrant de fontaines. Les points d'eau existants depuis plusieurs années sont dans un état déplorable, à part la fontaine de la place Mohammed V qui fonctionne de temps à autre. Pourtant, ces lieux rafraîchissent l'atmosphère. En outre, une fois bien entretenus, ils participent également à l'embellissement de la ville.

Il est à signaler que la ville dispose de quatre fontaines, dont trois sont délaissées et abandonnées. Une cure de jouvence de ces fontaines a déjà été entreprise par le Conseil de la ville en 2004. Pour l'instant, on ne voit que des points d'eau détériorés qui servent parfois de dépotoirs. Pourtant, ces édifices constituent des éléments du patrimoine et également des lieux qui agrémentent les flâneries des promeneurs. Ainsi, les fontaines de l'avenue Prince Moulay Abdallah, de la place Mohammed V et de la rue du Jura (rue piétonne au Mâarif) qui ajoutaient une touche de gaieté à «Dar El Beida» ne sont plus qu'un souvenir de «la belle époque». «Même quand elle ne marche pas, la fontaine de la place Mohammed V est la seule à attirer encore des visiteurs en raison de sa proximité du Parc de la Ligue arabe», affirme une habitante de la capitale économique.

«Il est dommage que ce point d'eau soit également laissé à l'abandon petit à petit. Pis, en plus de l'eau qui y coule rarement, même en été, on y a installé des clôtures en fer qui rendent la fontaine encore plus moche», ajoute un autre Casablancais. Selon des nostalgiques de «Dar El Beida», la fontaine de la place Mohammed V berçait les visiteurs aux rythmes des sons de l'eau dansante sur un morceau classique occidental, un morceau arabe ou oriental. «Quand le soleil se couchait sur Casablanca, la fontaine de la place Mohammed V s'illuminait, en rouge et vert et en bien d'autres couleurs. L'arc-en-ciel se mélangeant à l'eau crée un spectacle ravissant de son et de lumière, invitant ainsi les passants et visiteurs à passer des moments inoubliables», affirme un Casablancais sexagénaire. Il ajoute que c'était un vrai spectacle qui marquait chaque visiteur de la ville blanche.

Selon certains Casablancais, cette fontaine a été construite en 1976. Le projet a été mené par Jacob Banon, élu en 1962 au conseil municipal de la ville. Néanmoins, d'autres amoureux de la ville blanche affirment que ladite fontaine a été construite en 1971, selon un modèle qui existait à Lisbonne. Aujourd'hui, les principales caractéristiques des fontaines casablancaises ont disparu avec le temps. Pour leur redonner vie, une véritable synergie doit s'installer entre les différents intervenants de la ville que sont les autorités locales, la société civile, les mécènes, les départements ministériels, les investisseurs privés et les citoyens. Une synergie qui permettra de rendre à Casablanca son lustre d'antan.

Autre constat

Le parc de jeux Yasmina est également doté d'une grande fontaine qui faisait jadis le bonheur des visiteurs. Malheureusement, ce point d'eau ne fonctionne plus depuis plusieurs années. "A chaque fois que j'emmène ma fille au parc, elle se réjouit de voir la fontaine, mais elle ne comprend pas pourquoi elle ne contient pas d'eau", affirme un père de famille. Ce dernier n'est pas le seul qui se lamente sur le sort de la fontaine Yasmina ainsi que sur celui du parc. L'ensemble des Casablancais regrette le fait de voir tout un symbole de leur ville disparaître ainsi, d'autant qu'un nouveau projet de réaménagement du boulevard Moulay Youssef prévoit la destruction du fameux parc. Au niveau de la mosquée Hassan II, les fontaines qui ornementent sa grande place ne sont pas toujours en état de marche. S'agit-il d'une stratégie d'économie des ressources naturelles ? En tout cas, les fontaines fonctionnelles font certainement le bonheur des jeunes notamment en été. Preuve en est, les petits Casablancais qui se rafraichissaient auparavant dans un point d'eau installé par une entreprise privée au niveau du boulevard Abdelmoumen.