Une table ronde a été organisée sur l'influence de l'image sur l'opinion publique, par l'ambassade des Pays-Bas au Maroc dans le cadre de l'exposition World Press Photo 2010.
Face aux dangers de la manipulation de l'opinion publique, certains préconisent de promouvoir l'éducation à l'information.
LE MATIN
14 Avril 2011
À 15:16
Le public doit dépasser le choc des photos transmises par les télévisions et prendre le temps de réfléchir pour ne pas céder à la manipulation. C'est le message principal retenu par les participants à la table ronde, organisée dernièrement sur le thème «L'influence de l'image sur l'opinion publique », par l'ambassade des Pays-Bas au Maroc, en marge de l'exposition World Press Photo 2010 au Théâtre national Mohammed V à Rabat. « Ghaza a été toujours présenté par les médias comme un lieu marqué par la violence et dominé par le mouvement islamiste palestinien, le Hamas. Mais la photo de la petite Palestinienne, victime de la dernière guerre israélienne contre ce territoire, la tête coupée et exposée dans la cadre de la World Press Photo 2010, nous transmet un autre message, qui est le suivant : Gaza est aussi un lieu où règnent des sentiments», a indiqué un intervenant à cette rencontre.
Lors de cette rencontre, le débat sur le rôle de la photo ne s'est pas seulement limité aux médias traditionnels, (radio, télévision, agence de presse, etc.), mais s'est élargi aussi aux nouveaux médias (blogs, forums sociaux, etc.) « La caractéristique des nouveaux médias, c'est qu'ils produisent instantanément l'émotion », a noté Houda Chaloun, blogueuse. Pour les fervents défenseurs de ces nouveaux médias, il existe aujourd'hui une génération de journalistes citoyens. Sur ce registre, certains ont proposé de ne pas faire un amalgame et qu'il devient nécessaire de faire la différence entre ceux qui lancent des messages, en l'occurrence des blogueurs, et ceux qui diffusent des informations vérifiées qui sont les journalistes. « Pour ceux qui pensent que les blogueurs sont des journalisme citoyens, il faut bien savoir que le journalisme est un métier doté de règles déontologiques. Tandis que les blogueurs, même s'ils sont actuellement des acteurs dans les nouveaux médias, il n'en demeure pas moins qu'ils restent des lanceurs de messages », a lancé Driss Bennani, journaliste.
Quant à Abdeljalil Bounhar, reporter-photographe pour l'agence Associated Presse au Maroc, il a expliqué que son objectif est de donner au public la photo juste. Comment ? « Lorsque nous couvrons une manifestation, il faut lire tous les slogans afin de traduire par la photo l'atmosphère qui règne sur place », a-t-il répondu.Bertus Hendriks, chercheur à l'Institut des relations internationales « Clingendael » à La Haye et ancien journaliste, lui, a expliqué que lors des attentats du 11 septembre 2001 de New York, malgré l'hommage de l'ancien leader palestinien, Yasser Arafat, pour les familles des victimes, c'est le discours de Sharon déclarant que Yasser Arafat est bien le Ben Laden pour Israël qui l'a emporté dans les télévisions américaines.
Face aux dangers de la manipulation de l'opinion publique surtout avec l'irruption des nouveaux médias, certains préconisent de promouvoir l'éducation à l'information. L'exposition World Press Photo 2010 est le résultat d'un concours international annuel pour les reporters-photographes. Chaque année, un jury indépendant juge les photographies participant dans dix catégories différentes, soumises par des reporters-photographes, des agences de presse, des journaux et des hebdomadaires du monde entier.