Spécial Marche verte

Attention aux complications !

Toute surface de peau est propice pour le piercing : lèvres, nombril, arcades… mais parfois, il faut faire le choix entre l'art corporel et la bonne santé.

La cicatrisation dure de 6 à 9 mois pour un piercing du nombril.

27 Septembre 2011 À 16:08

Devant les tatouages et les chirurgies esthétiques, le piercing demeure le plus connu des modifications corporelles. Cette pratique, en vogue depuis plusieurs années sous d'autres cieux, intéresse de plus en plus les jeunes au Maroc. Elle consiste, essentiellement, à transpercer la peau pour y introduire un bijou. Que ce soit aux endroits habituels (oreilles, narines …) ou d'autres moins classiques comme le nombril, tétons… aucune zone du corps n'échappe à cette mode.

Mais attention! A cause de ce petit bijou mignon que l'on arbore, la personne est exposée à de nombreux risques. Surtout si le piercing n'est pas effectué dans de bonnes conditions d'hygiène. En effet, la peau ou la muqueuse constituent des barrières pour protéger l'organisme des germes. Cela dit, le piercing transperce ces barrières et opère une effraction cutanée. C'est là où résident les risques, infectieux en l'occurrence, parce que lors de cette opération, des germes pénètrent et entrainent des maladies infectieuses. D'autres risques sont aussi à noter comme les réactions allergiques aux bijoux et aux produits de nettoyage du piercing. Par contre, lorsque l'acte est effectué dûment, les risques sont minimes voire inexistants.
L'exécution du piercing est généralement douloureuse. On note aussi un saignement plus au moins abondant, ainsi qu'une inflammation (rouge, gonflée et sensible) de la zone percée.
Avant de procéder à cette opération, il est primordial de prendre des précautions. Tout d'abord, le choix de la personne qui va effectuer le piercing. Il faut se diriger vers un professionnel consciencieux. Pour cela, il faut se renseigner au préalable afin de trouver un «perceur» conscient des risques de contaminations par le biais des instruments utilisés. Et cela implique plusieurs mesures à prendre.

Il s'agit tout d'abord de la propreté du local. Pendant votre recherche, exigez une propreté optimale. En l'occurrence le matériel, le lavage des mains avant et après l'acte et, le détail le plus important, le port de gants stériles. Cela peut paraître anodin. Mais non. Le port des gants est d'une grande importance dans chaque phase de l'opération, qui va de l'examen de la zone à percer, au nettoyage et la désinfection de la peau ou muqueuse et enfin le perçage et la pose du bijou. Il existe deux procédés pour le perçage. Le premier, classique, est celui effectué à l'aide du pistolet. Le deuxième, fait par l'aiguille, s'avère beaucoup plus minutieux. En effet le perçage par pistolet, qui est généralement utilisé par les bijoutiers, revêt plusieurs inconvénients. Le pistolet ne peut pas être stérilisé. Il est utilisé pour tous les clients. Certes, il est nettoyé avec de l'alcool mais cela n'omet guère le risque de contamination parce que la stérilisation n'est pas garantie à 100%. De surcroit, quand on utilise le pistolet, ce n'est pas l'aiguille qui perce, mais le bijou lui-même. Et cela entraîne une déchirure du tissu vu que ce dernier n'est pas précis, contrairement à l'aiguille qui est parfaitement adaptée de par sa forme spécifique.

La période de cicatrisation diffère d'une personne à l'autre. Cela implique les particularités du métabolisme, le type de peau et aussi l'hygiène de vie de chacun. La zone percée rentre aussi en compte. Elle peut prendre plusieurs mois pour se cicatriser. Par exemple, la cicatrisation dure de 6 à 9 mois pour un piercing du nombril. Il faut aussi savoir qu'il ya deux phases de cicatrisation, la première est initiale. C'est en cette période que la peau se forme autour du «tube» et elle exige des soins importants. Ensuite, la cicatrisation totale prend place et ceci peut être remarqué au niveau du tube. Quand ce dernier devient blanc et souple, la cicatrisation définitive est effectuée.

Conseils pratiques d'entretien

L'utilisation régulière pendant les deux premières semaines de l'antiseptique prescrit par le perceur est importante. Cependant, si l'usage est prolongé (c'est-à-dire plus de deux semaines), il peut provoquer une acclimatation et le produit perd de son efficacité. Au cours de cette période, il est aussi préférable d'effectuer le nettoyage deux fois par jour, matin et soir.
Et puisque la cicatrisation s'effectue principalement durant le sommeil, il est conseillé de nettoyer le piercing juste avant de dormir. Il ne faut pour autant pas oublier que les piercings diffèrent et aussi la façon de les entretenir. Des zones sont beaucoup plus sensibles que d'autres et nécessitent un soin plus délicat. Contrairement à ce qu'il laisse entendre, l'alcool est à proscrire parce que sa formule irrite et abime le tissu cicatriciel. Pour ce qui est du bijou, il est impératif de le nettoyer avec de l'eau chaude par exemple pour enlever les dépôts secs qui résident sur sa surface.

* Journaliste stagiaire
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EXPLICATIONS: Dr Abdellatif Achibet,
Médecin généraliste

«Le plus grave est la transmission d'infections virales»

Quels sont les risques liés au piercing ?
Les risques liés aux piercings sont nombreux, particulièrement les réactions allergiques aux ingrédients des désinfectants pour nettoyer. De même, des allergies aux métaux des bijoux, en particulier le nickel. Par ailleurs, les infections bactériennes particulièrement au staphylocoque sont fréquentes. Le piercing lié à l'utilisation des instruments type pistolet de perçage, de perforation des oreilles, augmente les chances d'infections des parties molles et de destructions cartilagineuses. Les traumatismes fortuits à l'occasion d'un accrochage inopiné du piercing avec un autre obstacle peuvent engendrer des déchirures voire des dégâts importants. Le plus grave est la transmission d'infections virales graves particulièrement l'hépatite B, l'hépatite C et le virus du Sida. Ne parlons pas des piercings intimes, assez répandus dans certains pays développés, non complètement cicatrisés, qui augmentent le danger d'être contaminé par les maladies sexuellement transmissibles.

Que faut-il faire en cas d'infections ?
Les complications sont fréquentes et nécessitent une prise en charge médicale. Il s'agit essentiellement de douleurs prolongées, de saignements ou d'infections motivant une prescription d'antalgiques et des anti-infectieux. En cas d'infections graves surtout virales, la prise en charge peut être lourde de conséquences.

Quels sont les précautions à prendre et les gestes à proscrire ?
Les risques sont toujours présents, mais ils peuvent être réduits en employant des bijoux appropriés et en couvrant de rubans adhésifs, ou mieux interdire les piercings pendant les activités sportives. Favoriser la perforation par un professionnel ou l'asepsie draconienne est respectée.
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