Le mode de scrutin et la transhumance taraudent les partis
Le retour à l'uninominal cache mal la crainte des prochaines législatives.
LE MATIN
10 Janvier 2011
À 18:29
Les prochaines élections législatives de 2012 marqueront sans aucun doute l'échiquier politique marocain d'un trait indélébile. Les partis politiques les plus en vue y jaugeront leur capacité à mobiliser, à vaincre l'usure du temps et surtout à tenir tête aux changements subis ces trois dernières années.
Nul n'en doute aujourd'hui, l'arrivée du PAM sur la scène a chamboulé les calculs de plus d'une formation. Et à un peu plus d'un an du prochain scrutin, les grosses machines se mettent doucement en marche pour vrombir au temps opportun. En attendant, par ailleurs, que le ministère de l'Intérieur fasse sa tournée habituelle de concertation avec les partis politiques, ceux-ci semblent tous d'accord sur un principe : les lois électorales méritent changement. En effet, plusieurs de leurs dispositions visant un échiquier plus ramassé, le bannissement de la transhumance, le verrouillage des dépenses de campagne…n'ont pas donné les résultats escomptés. Par exemple, les partis qui furent de fervents défenseurs du scrutin de liste, comme l'USFP, prônent aujourd'hui le retour à l'uninominal. Devrions-nous en déduire que le tapage sur les programmes politiques n'était que diversion ? Pas certain du moment où rien n'empêche un candidat de porter les principes de son parti comme il porte les ingrédients de son succès électoral.
Dans une réalité politique marquée par la désaffection et son corollaire qu'est l'abstentionnisme, le retour à la bonne vieille méthode des machines électorales locales s'impose. Et fini les égards et petits soins d'antan. Un parti comme l'Ittihad ne trouve désormais aucune gêne à mettre la barre le plus haut possible. Son changement de cap concernant le mode de scrutin trouve en partie sa raison dans un découpage électoral pas trop saucissonné.
Au détriment des petites formations de gauche, dont il voulait jouer la locomotive, l'USFP opte pour un seuil de représentativité de 8% au lieu de 6%. Ceci dans l'intention de porter ce taux à 10% pour aboutir à une majorité forte à même de gouverner sans problème.
Enfin, pour lutter contre le phénomène d'abstention des électeurs, le parti opte pour l'obligation de vote pour tout citoyen ayant atteint l'âge requis. Pour le PPS, la priorité est à la mise à niveau de la loi sur les partis, considérée comme gage de crédibilité du processus électoral. Sur le nomadisme des députés, le parti de Nabil Benabdellah veut que les dispositions de la loi soient plus claires qu'il n'en est aujourd'hui.
Par exemple que le changement de couleur politique fasse automatiquement tomber la députation. Le Parti de l'Istiqlal se dit aussi intéressé par tout moyen à même de limiter la transhumance des parlementaires. Comme d'autres formations, le parti du Premier ministre en a souffert. Ses ténors ressentent aujourd'hui une satisfaction que ceux qui ont retourné la veste aient été déboutés par leur terre d'accueil.
Pointé du doigt au même titre que le RNI pour avoir accueilli députés et conseillers communaux venant d'autres formations, le PAM ne se laisse pas intimider pour autant. Le parti de Mohamed Cheikh Biadillah érige la moralisation de la scène politique en credo. Durant ses tournées régionales, le PAM n'a cessé de mettre l'accent sur cet aspect dont le but est de renforcer le rôle des institutions élues et à rétablir la confiance en l'action politique. Le fait de rayer de sa carte politique députés et conseillers communaux, sans se soucier de leur nombre ou poids électoral, pour préserver le parti des velléités purement électoralistes, est en soi un acte de courage politique. A la deuxième chambre, par exemple, Biadillah a osé, en termes de moralisation, ce que ses prédécesseurs ont diplomatiquement éludé. Toutefois, cette volonté commune de mettre au goût du jour les lois électorales, cache un malaise sur fond de peur des prochaines législatives. Où sont donc passés les appels aux pôles politiques et principalement celui de gauche ? Seul comptent aujourd'hui le niveau de cohésion interne et l'apaisement requis avant tout rendez-vous électoral.
Pointé du doigt au même titre que le RNI pour avoir accueilli députés et conseillers communaux venant d'autres formations, le PAM ne se laisse pas intimider pour autant. Le parti de Mohamed Cheikh Biadillah érige la moralisation de la scène politique en credo. Durant ses tournées régionales, le PAM n'a cessé de mettre l'accent sur cet aspect dont le but est de renforcer le rôle des institutions élues et à rétablir la confiance en l'action politique.
Le fait de rayer de sa carte politique députés et conseillers communaux, sans se soucier de leur nombre ou poids électoral, pour préserver le parti des velléités purement électoralistes, est en soi un acte de courage politique.
A la deuxième chambre, par exemple, Biadillah a osé, en termes de moralisation, ce que ses prédécesseurs ont diplomatiquement éludé. Toutefois, cette volonté commune de mettre au goût du jour les lois électorales, cache un malaise sur fond de peur des prochaines législatives. Où sont donc passés les appels aux pôles politiques et principalement celui de gauche?Seul comptent aujourd'hui le niveau de cohésion interne et l'apaisement requis avant tout rendez-vous électoral.