Il n'y aurait aucun risque de pollution, selon la gestion déléguée, qui avait été saisie récemment sur un éventuel mélange avec des eaux usées. De quoi rassurer les citoyens.
L'eau distribuée à Casablanca n'a pas besoin d'un traitement supplémentaire.
LE MATIN
20 Mars 2011
À 12:37
L'eau potable de Casablanca serait-elle polluée ? Les Casablancais ont paniqué récemment à cause d'une probable pollution de l'eau potable suite à son mélange avec les eaux usées. L'origine de cette rumeur serait selon un quotidien arabophone, la détérioration des réseaux de distribution d'eau potable datant de 1930 et non renouvelés par la gestion déléguée. Une découverte faite au cours des travaux de tramway au niveau du boulevard Hassan II. Contactée à ce sujet, Lydec a démenti l'information : «Les réseaux d'eau potable sont totalement séparés des réseaux d'eaux usées. Il n'y a aucune interconnexion entre les deux réseaux», a-t-elle indiqué. De même, un spécialiste d'installation et contrôle des réseaux de distribution d'eaux, nous confirme qu'il est impossible que l'eau potable soit mélangée aux eaux usées : «L'eau potable est mise sous pression de 3 bars. Cette pression la pousse toujours vers l'extérieur. De fait elle ne peut en aucun cas être mélangée aux eaux usées. Même en cas de réparation des réseaux, les techniciens lancent toujours un processus de stérilisation afin d'éviter toute contamination». De plus la gestion déléguée affirme que la qualité de l'eau potable sur Casablanca est contrôlée quotidiennement 24H/24 et 7j/7 depuis son arrivée dans les réservoirs de Lydec jusqu'à son acheminement aux foyers des habitants, tout au long du réseau de distribution.
Et de préciser que son laboratoire de contrôle a réalisé en 2010 près de 82.000 analyses bactériologiques et physico-chimiques, alors que les exigences légales marocaines sont de 62.000 analyses par an. Les Casablancais pouvaient donc boire sans crainte l'eau du robinet ? «Les résultats des analyses confirment la conformité totale de la qualité de l'eau distribuée aux normes sanitaires en vigueur au Maroc», soulignent les responsables de Lydec. Afin de définir précisément une eau potable, des normes ont été établies qui fixent notamment les teneurs limites à ne pas dépasser pour un certain nombre de substances nocives et susceptibles d'être présentes dans l'eau. Quelles sont alors ces normes qui pourraient garantir que l'eau qu'on peut boire est sans risque pour la santé ? «Le fait qu'une eau soit conforme aux normes, c'est-à-dire potable, ne signifie pas forcément qu'elle soit exempte de matières polluantes, mais que leur concentration a été jugée suffisamment faible pour ne pas mettre en danger la santé du consommateur», explique une biologiste marocaine. Une eau potable doit alors être exempte de germes et d'organismes parasites, car les risques sanitaires liés à ces micro-organismes sont grands. Elle ne doit contenir certaines substances chimiques qu'en quantité limitée comme les nitrates, les phosphates, les métaux lourds, les hydrocarbures et les pesticides. Néanmoins, la présence de minéraux dissous (de 0,1 à 0,5 gramme par litre) est indispensable à l'organisme. Autre détail important, l'eau potable ne doit pas corroder les canalisations afin d'arriver "propre" à la sortie des robinets.
A en croire la gestion déléguée, toutes ces normes sont respectées à Casablanca. Toutefois, certains habitants se posent plusieurs questions quant au goût et la couleur de l'eau du robinet. «Des fois, je suis surpris de voir couler de mon robinet une eau jaune ou qui a le goût des médicaments. Je n'ai pas les moyens d'acheter tout le temps des bouteilles d'eau minérale et j'ai peur pour ma santé ainsi que celle de ma famille», confie un habitant du centre-ville. «En tant que distributeur, distribuer une eau potable de qualité à l'ensemble des clients fait partie des missions fondamentales de Lydec. C'est pourquoi la conformité de l'eau à l'entrée et à la sortie des réservoirs est surveillée 24H/24 et 7J/7 à partir du Bureau Central de Conduite», répond Lydec. Des paramètres tels que la turbidité, le chlore et la température sont notamment contrôlés. Ces contrôles concernent également toute la chaîne de distribution : l'analyse d'échantillons est effectuée quotidiennement à travers 168 points de prélèvement répartis sur l'ensemble de la Wilaya du Grand Casablanca. Une modification des caractéristiques de l'eau (organoleptiques) peut avoir lieu. Selon le site de sa production, l'eau s'enrichit en oligo-éléments et en sels minéraux. Ainsi, ses qualités gustatives varient selon la propriété des roches et des sols qu'elle rencontre», ajoute le délégataire. Selon le lieu de sa production, l'eau peut alors être plus ou moins calcaire, fluorée, riche en magnésium, parfois douce ou dure.
Mais selon Lydec, l'eau distribuée n'a pas besoin d'un traitement supplémentaire : «Cette situation n'a pas d'impact sur la santé humaine». «Comment expliquer alors la forte présence de personnes atteintes de maladies rénales dans les zones suspectes», s'interroge un autre Casablancais. «Les maladies des reins sont des conséquences de la présence de plusieurs particules dans l'eau ou dans notre alimentation. Néanmoins, la pollution de l'eau cause des maladies hydriques comme la diarrhée», explique une biologiste marocaine. L'expert en contrôle des réseaux de distribution d'eaux confirme également que même en cas de non stérilisation des canalisations de l'eau potable après réparation, on l'aurait su à cause des infections qui auraient touché une large population. Il est à noter que la croyance que des maladies sont dues à l'eau est complexe pour un grand nombre de raisons. Sur la dernière décennie, les problèmes de santé relatifs à l'eau sont devenus de plus en plus vastes, avec l'émergence de nouvelles maladies d'infection relatives à l'eau et la réémergence de certaines déjà connues. Des spécialistes internationaux confirment que les données sont disponibles pour certaines maladies relatives à l'eau et l'hygiène (qui incluent la salmonelle, le choléra, la shigellose), mais pour d'autres telles que la malaria, la schistosomiase ou les infections les plus modernes telles que la légionellose ou les SRAS des analyses doivent encore être effectuées. La cause de plusieurs groupes de maladies peut seulement en partie être attribuée à l'eau. Même quand l'eau joue un rôle essentiel dans la propagation des maladies, il peut être difficile d'évaluer l'importance relative des composants aquatiques sur les écosystèmes locaux.
160 KM de réseaux renouvelés
Les réseaux de distribution d'eau potable datant de 1930 ne seraient-ils pas renouvelés par le délégataire ? «Faux, répond ce dernier. Le contrat de gestion déléguée prévoit un programme annuel de renouvellement des installations. Lydec respecte ses engagements qui font l'objet d'un contrôle par les autorités». A titre d'illustration, le gestionnaire délégué a consacré 231 millions de dirhams au renouvellement des réseaux de l'eau potable pour la période 2007-2010, soit 105 % par rapport aux objectifs fixés par le contrat de gestion déléguée. Cela correspond à plus de 160 kilomètres. Il est à noter que la majorité des installations de Casablanca ont été pendant de longues années en état de vétusté. Certaines de ces installations attendent toujours d'être rénovées afin de lutter contre les inondations, les problèmes sécuritaires, hygiéniques et sanitaires.