Le jeu clair d'une main trop visible
LE MATIN
14 Avril 2011
À 18:05
Il est pitié de voir comment les mégalomanes qui s'agacent encore du bon droit marocain et qui persistent à vouloir le violenter sur son intégrité territoriale, entretiennent dans leurs fantasmes collectifs, le mythe du « polisario », ce grand canular du 20ème siècle. La principale explication de cette dérive doit être recherchée du côté des fonds de commerce qui entretiennent le clientélisme et facilitent la manipulation. Comment se fait-il que le nouveau millénaire enregistre encore la déliquescence totale d'un mouvement agonisant ? L'opinion internationale, longtemps fourvoyée par une propagande ravageuse qui a fait perdre jusqu'aux repères censés crédibiliser toute analyse politique, est aujourd'hui convaincue que la prétendue « rasd » est un mirage. Cette conviction se fonde sur le principe élémentaire de droit international pour qui la souveraineté est une et indivisible, c'est-à-dire qu'elle est intégrale et non partageable. Elle se fonde aussi sur ce théorème maintes fois vérifié dans l'Histoire du monde : l'attachement des populations à leurs droits légitimes relève du sacré.
Ceci dit, il est de bon ton de rappeler que la liberté et l'irresponsabilité sont incompatibles et qu'à partir du moment où la liberté perd le sens des valeurs qui réalisent le consensus implicite d'une société, son pouvoir dépérit pour céder la place au clientélisme…médiatique. Sur le sujet et dans un monde où les Etats sont préoccupés par les défis des alliances changeantes, résultat des révolutions récentes, les pays membres de l'Organisation des Nations unies vont-ils faire montre de mépris pour les violations des droits de l'Homme au nom d'une géopolitique de l'énergie ? Autrement dit, quel sens donner au «document interne» diffusé récemment sur Internet du secrétariat général de l'ONU et relatif au Sahara marocain ? Non pas un document de discorde, ni officiel, il ne devrait faire objet d'aucune discussion.
Néanmoins, un point interpelle plus d'un observateur averti. L'insistance sur la nécessité d'amender un paragraphe dudit »document » relevant de la question des droits de l'Homme devrait inciter le Haut Commissariat des droits de l'Homme à rappeler au Conseil de sécurité l'obligation particulière et importante de la protection de la population séquestrée dans les camps de Tindouf (territoire algérien). En la matière, la lecture de ce rapport comporte trop d'inconnues en ce qui concerne sa rédaction.
Elle incite au maintien du processus onusien dans l'impasse et démontre également que la préoccupation des rédacteurs face aux conséquences humanitaires dramatiques des prisons de Lahmada n'est pas à l'ordre du jour.
A croire que les tenues de sessions de Genève n'ont aucun impact sur les choix et décisions prises à New York. Dès lors, quelle interprétation donner aux déclarations du ministre des Affaires étrangères algérien qui a déclaré, au lendemain de la réunion de Malte, être insatisfait des résultats du processus des pourparlers informels.
Mais « quel que soit le poids de la question du Sahara, les relations entre l'Algérie et le Maroc restent très importantes et d'une grande valeur », avait indiqué Mourad Medelci lors d'un entretien accordé à un quotidien algérien, en insistant sur le fait que « l'Algérie n'a aucune autre intention que de coopérer de manière étroite avec ce pays frère….et que chaque partie respecte la vision et la position de l'autre ».
De qui se moque-t-on ? De l'autre ? Serait-il cet autre qui ouvrirait les guillemets du paragraphe 119 dudit document interne sachant qu'Alger interdit à tout organisme, qu'il soit onusien ou autre, d'accéder aux camps de Lahmada ? On pourrait résumer les choses différemment : un simple exercice d'écriture ….sans lendemain mais dont les rédacteurs sont invités à voir un document voire documentaire, le film Stolen, programmé à la 18ème édition du New York African Festival au Lincoln Center. Stolen ou l'esclavage des temps modernes. En tout état de cause, cette fuite de « document » rappelle un épisode de juin 2001. L'on retrouve dans cette histoire le joyeux drille Abdellah Baali, actuel ambassadeur de l'Algérie à Washington et ex-représentant de la république à l'ONU en cette période. Le jeu est clair puisque la main est visible.
L'épine au pied
Nul doute que le dossier du Sahara marocain (Sakiat Hamra-Oued Dahab) est parmi les dossiers dont on a voulu qu'il occupe une partie de l'opinion publique internationale dans la mesure où le non-règlement définitif de la question handicape en grande partie les efforts arabes pour surmonter les séquelles laissées par le colonialisme et consacrées par la guerre froide. Ce qui a insufflé à l'Algérie libérée de nouvelles ailes pour créer des causes et en semer les premiers germes. Le monde arabe est en mouvement....et ni la ligue arabe, ni l'OCI ne reconnaissent les mercenaires algéropolisariens. Le monde arabe n'est pas prêt à payer le prix des calculs et ambitions révolus visant une impossible scission entre les nations.