Véritable fief de jeunes talents, l'établissement a ouvert ses portes le 21 juin dernier à Rabat. Scène dédiée à la musique live et à la découverte des talents, le coin «in» de la capitale rouvre ses portes le mercredi 7 septembre pour une saison sans fausse note !
Dans une ambiance cosy et harmonieuse, le Cotton Club permet aux jeunes artistes de donner libre cours à leur talent.
LE MATIN
06 Septembre 2011
À 17:05
Le jour de la Fête de la musique, le Cotton Club ouvrait ses portes à Rabat comme pour s'inscrire dans la tradition de ces endroits qui font honneur au quatrième art et accueillir à bras ouverts les mélomanes de la ville. Dans une ambiance cosy et harmonieuse, le Cotton Club promet un voyage au cœur de Harlem, où la musique underground sortait des sentiers battus et où chaque musicien ou amoureux de la musique pouvait exprimer son talent au grand jour, ou plutôt au grand soir. En effet, le principe de base de ce club fermé, certes, mais loin d'être privé ou «bling-bling», est de découvrir de nouveaux talents. Partant du constat que le Maroc regorge de jeunes épris de musique, qui ne demandent qu'à exprimer leur talent mais qui n'ont pas toujours les moyens d'y parvenir, cette scène ouverte représente un véritable tremplin. Sans prétention aucune, l'endroit permet de découvrir un groupe nouveau en première partie et de faire la connaissance d'apprentis musiciens à partir de 23h30 grâce à la «jam session». «Jamer» comme le criait haut et fort le roi du reggae Bob Marley, est le mot d'ordre du Cotton Club. D'influence pop, soul, rock, jazz ou encore reggae, différents musiciens se rencontrent, souvent pour la première fois, munis de leurs instruments et dans la bonne humeur. Des improvisations, du partage, des fausses notes parfois, mais qui passent inaperçus devant la passion et l'énergie vivifiées par l'amour de cet art.
Idée initiée par un amoureux de la musique et surtout un musicien, le Cotton Club est une réponse à un manque vécu. «C'est le genre d'endroit qui n'existait pas à mon époque», témoigne Mehdi El Omari, responsable artistique du club. «C'est un lieu qui va permettre à des groupes de se produire, mais aussi a des jeunes de s'exprimer et de se dévoiler au public». «En peu de temps déjà le club à évolué, ça veut dire que le besoin existait vraiment», confie la même source.
Un besoin mais également une rareté, c'est ce qui caractérise le marché de la musique au Maroc. «Ce qui se passe au Maroc, c'est que le cercle des musiciens est trop fermé. On ne se connaît pas assez. L'objectif du Cotton Club est de permettre la rencontre des professionnels de la musique et des apprentis musiciens afin de faire naître des collaborations, ou tout simplement pour un partage d'expériences», témoigne un responsable de l'endroit déjà mythique pour ceux qui s'y sont produits. «Nous manquons terriblement de live à Rabat. Les endroits qui proposent du live proposent souvent la même chose, des groupes qu'on voit depuis des années et qui ne se renouvellent pas», déclare un habitué des coins live de la capitale. «Avec le Cotton Club, en moins d'un mois, j'ai découvert quatre nouveaux groupes et que de belles surprises ! Les sessions jam sont terribles aussi !» confie la même source.
Un endroit ouvert et tolérant puisqu'il permet à des jeunes qui ne l'espéraient pas de jouer sur une vraie scène. Simo, jeune musicien, avait frappé à plusieurs portes avant de découvrir le club. «Tous les endroits demandent une maquette, de l'expérience, quelque chose de carré. Moi, je commence. J'ai un groupe avec qui je joue dans mon garage. Ce qui m'a frappé au Cotton Club c'est qu'on m'a demandé de venir avec mon groupe et de jouer à partir de 23h30. Nous avons joué, nous avons plu, nous avons été recrutés ! C'est aussi simple que cela», dit Simo le sourire aux lèvres. Le Cotton Club qui ne se contente pas de rassembler les musiciens, mais invite également des professionnels du milieu afin de recruter ces jeunes musiciens. Un effet boule de neige où le talent, une fois révélé devient sollicité.
«Les gens aiment le live, le vrai, le spontané et ça, je veux en faire notre marque de fabrique», confie le directeur artistique, faisant de son idéal une réalité sûre. La réalité d'un lieu de rencontre de musiciens qui viennent partager des moments de musique sous le regard attentif des légendes qui décorent les murs du Club. Mélange assumé des genres et des profils, le Cotton Club promet de belles aventures musicales pour la nouvelle scène marocaine puisqu'il tend à devenir une base de données des nouveaux groupes, une sorte d'Anapec. Reste à espérer que l'endroit garde son authenticité et l'esprit underground qui le caractérisent et ne se transforme pas en un club coton, vide et avide d'argent, ennemi juré de la musique.
Du côté de Harlem
Le Cotton Club était une salle de concert et un dancing du quartier de Harlem à New York qui fonctionnait pendant et après la Prohibition. Alors que le club se distinguait par les meilleurs musiciens noirs de l'époque, tels que Duke Ellington, Cab Calloway, Louis Armstrong et Ethel Waters, il refusait généralement l'entrée aux noirs. Durant l'âge d'or, le club était utilisé en tant que lieu de rendez-vous chic dans le cœur de Harlem, présentant régulièrement les dimanches les célébrités noctambules telles que Jimmy Durante, George Gershwin, Al Jolson, Mae West, Irving Berlin, Moss Hart, le maire de New York Jimmy Walker et bien d'autres encore.
Le champion poids lourd Jack Johnson ouvrit le Club de Luxe sur la 142e Rue et l'Avenue Lenox à Harlem en 1920. Owney Madden, un contrebandier et gangster connu, reprit le club en 1923 alors qu'il était emprisonné à Sing Sing et changea son nom en Cotton Club. Le club a été fermé brièvement en 1925, à cause de la vente d'alcool, mais a rouvert plus tard sans ennuis. Les danseuses et stripteaseuses se produisirent à la prison de Sing Sing où était emprisonné Owney Madden, jusqu'à sa libération en 1933.