Cette année, bébé entre à la crèche

Depuis la naissance, la maman s'est tellement investie dans son rôle qu'elle pense être l'unique personne capable de s'occuper de son bébé. Elle a appris, avec le temps, le fonctionnement de son enfant, elle sait décrypter ses pleurs, y répondre…
Laisser donc son enfant à une tierce personne est difficile pour elle. Certaines mamans n'osent même pas en confier la garde aux papas. La seule personne en laquelle elle a confiance est sa propre mère. Ainsi, au moment d'inscrire son bébé à la crèche, plusieurs questions se posent pour elle et une certaine méfiance prend le dessus.
Il faut toutefois garder à l'esprit que les personnes en charge du bébé, assistantes maternelles ou éducatrices, ont toutes reçu une formation pour exercer ce métier. La journée, elles sont disponibles à 100% pour les enfants. Elles n'ont pas de repas à préparer, de repassage ou de ménage à faire. Des bébés, elles en ont vu passer et savent s'adapter au rythme de chacun.

Il est donc essentiel de dépasser cette angoisse, l'enfant vivra mieux cette séparation s'il sent que les parents, la mère surtout, le laisse en toute confiance le matin. Ce qui nécessite, parfois, un petit travail sur soi. Dans ce processus, le rôle de la mère est central. Avant la rentrée officielle à la crèche, une période d'adaptation est indispensable pour le bébé et ses parents. Elle peut être échelonnée sur une ou deux semaines: une ou deux heures les premiers jours, une demie journée, puis une journée entière. Ce temps d'adaptation est aussi l'occasion de faire connaissance avec le personnel de la crèche, de lui poser des questions, mais aussi de formuler les attentes en matière d'éducation et de soins à l'enfant.
Il est donc, indispensable, avant de confier son enfant à la crèche, de faire avec lui plusieurs visites «prise de contact». C'est également le moment de parler de ses jouets, de ses goûts... L'important étant d'instaurer une relation de confiance mutuelle avec celles ou ceux qui s'occuperont de lui.

Lors de toute situation nouvelle, il est important de parler à l'enfant, quel que soit son âge. Dans la mesure du possible, mieux vaut éviter une première séparation à certaines périodes critiques qui jalonnent le développement psychoaffectif du bébé, il s'agit de huit et 12 mois. L'enfant, à ces âges, prend conscience des étrangers et acquiert une autonomie. Pour garder ses repères, il a en contrepartie besoin de stabilité. Le jour J, n'hésitez pas à apporter à la crèche quelques objets de la maison: un doudou, un jouet… Ces objets familiers sont autant de petits repères qui rassureront l'enfant. La journée à la crèche de l'enfant est, en général, rythmée par des repères temporels essentiels pour lui: accueil, jeux, repas, sieste de l'après-midi, goûter, jeux et départ. Les journées sont surtout consacrées au pouponnage. Les crèches essaient de respecter le rythme propre à chaque enfant pour l'amener en douceur à être un peu plus autonome et à vivre avec les autres. Les moments de loisirs mettent l'ouïe et le toucher en éveil. Ils découvrent l'univers musical avec des berceuses et des comptines.

Première séparation

Le congé maternité prend fin et vient le moment de confier son enfant à une tierce personne. Des sentiments souvent contradictoires surgissent à l'heure de cette première séparation souvent difficile pour la maman, entre la culpabilité de confier son enfant pour aller vivre sa vie de femme active, l'angoisse d'un éventuel incident, et parfois, la jalousie envers cette tierce personne qui passera la journée avec son bébé, l'entrée à la crèche ou chez la nounou est un véritable crève-cœur. La maman ne s'occupe plus soi-même de son enfant, elle se sent dépossédée de son rôle.
Toutefois, aussi difficile soit-elle, elle peut être bénéfique pour chacun. Aussi petit soit-il, le bébé se rend compte de ce changement de vie. Il perçoit l'urgence du temps et du rythme, mais aussi l'anxiété de ses parents. Il peut traduire ce sentiment d'insécurité par quelques caprices. En même temps, cette séparation peut le rassurer. Elle lui montre que ses parents peuvent le laisser, mais qu'ils reviennent toujours le chercher.
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Explications : Ghizlane Benjelloun, pédopsychiatre

«Il ne faut pas mentir à son enfant»

Quel est l'âge idéal pour inscrire son enfant dans la crèche ?

Il y a surtout des moments à éviter pour l'entrée en crèche. Notamment huit , neuf mois ou un an, des moments où l'angoisse de séparation est très intense, le moment de la naissance d'un puiné... il n'y a pas d'âge idéal, tout dépend du degré de stimulation de l'environnement de l'enfant et de sa capacité d'adaptation.

Comment l'aider à s'adapter à la séparation ?

Il est essentiel que l'enfant soit informé à l'avance de la date du jour j, qu'il ait déjà vu son école avant, de lui expliquer de façon honnête ce qui se passe à l'école... ne pas mentir!! Les prochaines rentrées scolaires seront une joie ou un moment atroce si la première est un flop. Pour cela, les parents doivent être eux-mêmes convaincus de l'intérêt de l'école, gérer leur propre angoisses de séparation, faire confiance aux professionnels qui vont s'occuper de leur enfant ou bébé.

Quel est le rôle des éducateurs ?

L'école via les éducateurs assure un rôle de relai éducatif. Les limites, le cadre sont des notions qui vont être le quotidien du bébé mais aussi la socialisation et enfin les apprentissages de façon ludique. Les éducateurs ont aussi un rôle à jouer en rassurant les parents en étant professionnels dans la gestion des moments difficiles de séparation. Ils doivent respecter et comprendre la détresse des bébés et de leurs parents mais aussi rassurer en étant fermes sans rejeter ou se moquer...

Est-ce que la crèche est une étape importante avant le préscolaire ?

Absolument. Elle est même indispensable à une socialisation précoce et épanouie et à une ouverture sur le monde. A travers cette entrée dans la société, le bébé apprend les premières leçons de la vie, loin du milieu protecteur familial.

Quels conseils donneriez-vous aux parents ?

Je leur conseille de mettre leur bébé à la crèche quand ils sont prêts eux-mêmes, de faire confiance aux professionnels et de rester vigilants aux angoisses de leur bébé pour pouvoir le rassurer. Je leur conseille aussi de ne pas retirer leur enfant de la crèche ou de le laisser s'absenter régulièrement sous prétexte qu'il pleure trop ou qu'il n'est pas encore dans les apprentissages... c'est clairement négatif comme message et les enfants le retiennent pour tenter de s'absenter régulièrement même en primaire ou plus tard ...