Quatre personnes sur un scooter: le père, la mère et leurs deux filles. La grande, entre ses parents et la petite devant son père. Autre scène, autre quartier. La maman au volant de sa voiture avec un bébé de deux ans sur les genoux. Ça ne relève pas de la science-fiction, bien au contraire. Il s'agit d'un phénomène typique des pays en voie de développement. Les conducteurs, de voitures et de motos, n'hésitent pas à mettre leurs enfants sur les genoux en conduisant en négligeant complètement le danger et les risques que leur progéniture peut encourir. «Il ne risque rien. Je le tiens bien. Et je fais plus attention lorsqu'il est avec moi», indique Omar, 44 ans. Penché sur sa moto, avec son fils de trois ans dans les bras. «Elle ne veut jamais rester à l'arrière. Dès qu'on essaie de l'installer sur le siège arrière, elle fait une crise. Alors on la met à côté de nous pour éviter de la faire pleurer», explique Ikram, 32 ans, maman d'une petite Ghita, trois ans. Le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC) se bat depuis sa création pour sensibiliser les citoyens aux différents risques liés à l'utilisation de la route. On a l'impression, en circulant dans la rue, que tous les efforts fournis pour mettre en garde les conducteurs, n'ont aucun écho au sein de la société. C'est pour cette raison que le CNPAC accorde une importance particulière au volet concernant l'éducation routière. «L'éducation de la communauté à la sécurité routière est un travail de longue haleine que le CNPAC ne cesse d'améliorer au fil des années pour préparer notre société à relever les défis de l'insécurité routière dans le futur», indique un membre du comité.
Mais malgré les nombreuses campagnes de prévention, certains parents restent inconscients aux dangers. Transporter un enfant sur une moto, par exemple, comporte énormément de risques. En effet, la tête d'un enfant est disproportionnée par rapport au reste du corps et son cou est à peine ''assez musclé'' pour supporter le poids d'un casque. Selon des études, en cas de chute, sur 100 traumatismes graves, de 85 à 90 cas sont d'ordre crânien chez l'enfant, contre 45 chez l'adulte. Déjà que la plupart des conducteurs de motos ne prennent même pas la peine de se protéger eux-mêmes en mettant des casques. Ils ne pensent pas non plus à protéger la tête de leur progéniture. Sachant que le non-port de casque de protection pour le conducteur et le passager d'un cyclomoteur, motocycle, tricycle et quadricycle à moteur est un délit passible d'une amende qui peut aller jusqu'à 1.500 dirhams.
«Les Marocains sont des ''kamikazes''», se moque Hassan, conducteur de scooter. C'est le moins que l'on puisse dire. Le problème devient plus important quand ils mettent la vie de leurs enfants en danger. «Lorsque nous sortons en famille. Les enfants sont ''pris en sandwich'' entre ma femme et moi. Comme ça, ils ne courent pas de risques», ajoute-t-il. Inconscience? Peut-être? Les motards ne sont pas les seuls imprudents de la société. Les conducteurs de voitures sont, parfois, téméraires. «Je sais que c'est risqué de laisser son enfant prendre la place devant. Mais je trouve difficile de lui refuser cette demande», indique Sofiane. Et d'ajouter: «Je n'ignore pas que légalement, c'est interdit parce que mon fils n'a que sept ans. J'essaie de le lui faire comprendre mais en vain». En effet, le code marocain de la route prévoit le retrait d'un point du permis pour le non-respect de l'obligation du port de la ceinture de sécurité ainsi que pour l'embarquement d'enfant de moins de 10 ans sur le siège avant d'une voiture.
La sécurité dans les supermarchés
C'est connu. Tous les enfants adorent monter dans les caddies lorsque leurs parents font les courses dans les supermarchés. Le problème se pose lorsque ces enfants sont âgés de cinq ans et moins. En effet, à cet âge, les gamins sont plutôt perturbés et ne se tiennent jamais sur place. Le risque est donc présent. Ils peuvent à tout moment basculer et tomber du haut du cadi. Ce dernier n'est peut-être pas très haut. Mais il est suffisamment élevé par rapport à la taille d'un petit de cinq ans. «Je n'oublierai jamais le jour où ma petite fille de deux ans, à l'époque, est tombée du chariot. Je n'imaginais pas qu'une telle blessure pouvait provoquer des points de suture à une gamine», raconte Fadwa. Et d'ajouter: «Cette chute nous a traumatisées toutes les deux. Aujourd'hui, je ne mets plus du tout mes enfants dans les caddies. Quitte à ne pas les emmener avec moi au supermarché».