Devant les risques que la surexploitation, devenue patente, fait peser sur l'avenir de la ressource céphalopodière, le département de la Pêche maritime a décidé, mardi dernier, d'instaurer dans l'immédiat une période de repos biologique dans la pêcherie poulpière tout au long du littoral marocain, pendant la saison du printemps, caractérisée par le démarrage de la période de reproduction de l'espèce poulpe.
La surexploitation de la pêche du poulpe est toujours à l'ordre du jour.
LE MATIN
13 Avril 2011
À 13:17
Cette mesure, qui vise à préserver le stock parental à garantir la reconstitution du stock, intervient dans le cadre du plan d'aménagement de la pêcherie poulpière mis en application depuis 2004. Un plan qui s'inscrit profondément dans le cadre de la vision de la stratégie Halieutis et dont les dispositions de gestion de la pêcherie font l'objet d'une dynamique évolutive et s'adaptent avec l'évolution des indicateurs biologiques et socio-économiques de cette pêcherie.
Seulement, selon les résultats de la dernière campagne de prospection réalisée par le navire de recherche de l'Institut national de recherche halieutique (INRH), entre le 24 mars et 03 avril 2011, cette pêcherie, qui fait l'objet de deux repos biologiques par an, depuis 1989, demeure marquée par sa fragilité et la faiblesse de ses indices d'abondance. En d'autres mots, la surexploitation de la pêche du poulpe est toujours à l'ordre du jour. Par ailleurs, le département de la Pêche maritime a indiqué, selon la MAP, avoir entamé, en compagnie des opérateurs, une réflexion autour de la révision du mode de gestion actuel de cette pêcherie, éventuellement à travers l'instauration, à titre expérimental, d'une seule période de repos biologique, en automne (août-septembre-octobre) avec la possibilité d'ajustement de la date effective de son entrée en vigueur en fonction des résultats de suivi de l'état de la ressource. Toutefois, d'après le département de la Pêche maritime, les facteurs de réussite de cette option restent tributaires de plusieurs conditions qui retardent pour le moment sa mise en application.
Par ailleurs, le ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime a insisté sur le retrait de la mer de tous les pots actuellement immergés avant de lancer la pêche à la turlutte. Le renforcement des moyens de contrôle au niveau local n'est pas en reste. A noter que l'opération de nettoyage nécessite un délai et une logistique à mettre en place avec les autorités de contrôle. A ce titre, le système de VMS (contrôle satellitaire des navires) doit être opérationnel à bord de tous les chalutiers (côtiers et hauturiers).
Des mesures techniques
Sur une quarantaine de stocks pour lesquels un diagnostic a pu être établi par l'INRH, à partir des indicateurs biologiques de l'exploitation et des campagnes de recherche menées en mer, 50% des stocks sont jugés dans un état de surexploitation plus ou moins avancée, 40% sont considérés comme étant actuellement pleinement exploités et seulement environ 10% semblent encore peu touchés par la pression de pêche. Des mesures techniques de gestion ont été introduites dans certaines pêcheries pour corriger les effets des facteurs de surexploitation à travers l'instauration de périodes et de zones fermées à la pêche. C'est notamment le cas dans la pêcherie poulpière, qui, suite à son ‘'effondrement'' en 2003, a bénéficié, dans le cadre du premier plan d'aménagement mis en place par le département de la Pêche maritime, d'une batterie de mesures techniques et d'un suivi renforcé par la recherche scientifique. Les mesures mises en place comportent le contrôle de la pression de pêche : •Par un contingentement des captures (TAC « total autorisé de capture » et quotas), •Une régulation de l'accès à cette pêcherie (révision à la baisse des capacités de pêche et leur stabilisation), •Maintien des périodes et zones de fermeture de la pêche, •Cantonnement des flottes en fonction de leurs caractéristiques techniques, •Réglementation des engins de pêche et application du maillage et des tailles réglementaires.