Le CNCE (Conseil national du commerce extérieur) se propose de jouer un rôle stratégique pour assurer aux produits marocains un meilleur positionnement sur le marché mondial. >
LE MATIN
18 Novembre 2011
À 17:50
Le Conseil national du commerce extérieur (CNCE) se transforme en observatoire et se propose de jouer un rôle stratégique pour assurer aux produits marocains un meilleur positionnement sur le marché mondial. Ce qui peut être considéré comme une tentative de cet organisme, qui a été créé en 1996 dans le but de mettre en œuvre des synergies entre les secteurs public et privé, en vue d'un meilleur développement des exportations, de faire face aux nouveaux défis auxquels le Maroc est confronté, avec les limites que connaissent les politiques expérimentées jusqu'à aujourd'hui. En fait, malgré toutes les stratégies mises en place, les exportations marocaines n'arrivent pas à percer sur les marchés. Cette transformation du CNCE en Observatoire, qui est attendue depuis quelques temps, ne tardera pas à se concrétiser, d'après le ministre du Commerce extérieur, Abdellatif Maazouz. Intervenant à l'occasion de l'inauguration du nouveau siège du CNCE, cette semaine à Rabat, le ministre a indiqué que cette décision intervenait dans un contexte marqué par l'adhésion du Maroc aux règles de l'économie internationale et l'octroi du statut avancé au Royaume dans ses relations avec l'Union européenne.
Il est à noter que la transformation du CNCE en Observatoire a fait suite à une étude réalisée par le ministère en collaboration avec le centre. Cet Observatoire, dont le décret de changement d'appellation sera adopté par le prochain Conseil du gouvernement, se penchera sur les grandes questions du commerce extérieur, en l'occurrence l'évaluation de ses performances et de sa compétitivité, et assurera le suivi des tendances des marchés internationaux. Se proposant comme un mécanisme de veille stratégique, selon sa présidente, Nezha Lahrichi, dans une déclaration à la MAP, l'observatoire sera chargé notamment de collecter des informations, de les analyser et de les diffuser auprès des opérateurs économiques, dans l'objectif de leur assurer une veille relative à leurs performances et leur compétitivité. L'observatoire va assurer également le suivi des grandes tendances mondiales dans les secteurs prioritaires identifiés par la nouvelle stratégie de promotion des exportations.
Par ailleurs, d'après un communiqué du CNCE, si la composition du conseil n'a pas changé, l'on relève toutefois une nouveauté. Il s'agit de la création d'un comité d'experts choisi parmi les personnalités nationales et internationales «reconnues pour leur expertise et pour leurs travaux et publications en matière économique et dans le domaine du commerce extérieur». En outre, avec cette mutation, le centre devra apporter du conseil à l'État en matière de planification pour sortir les exportations marocaines de leur sous-développement et accompagner les opérateurs pour qu'ils ciblent mieux leurs marchés et soient plus agressifs. Mais cette mission s'annonce rude, puisque les problèmes des exportations sont plutôt structurels. Ils sont en liaison avec la dépendance des exportations marocaines d'un nombre limité de marchés, notamment en Europe. Ce qui expose celles-ci à de grands risques quand cette zone vit des difficultés, comme ce qui se passe actuellement. Et même les accords de libre-échange (ALE) signés par le Maroc avec ses partenaires dans différentes régions de la planète n'arrangent pas les choses. Bien au contraire, ces ALE ont accentué le déséquilibre dans la balance commerciale, puisque le Maroc ne profite pas vraiment de cette ouverture.
Offre à l'exportation limitée
En plus d'un manque d'agressivité commerciale et de diversification des marchés, les exportations marocaines pâtissent également d'une absence de diversification des produits, surtout ceux à haute valeur ajoutée. En fait, les exportations marocaines sont dominées par une poignée de produits. À titre d'exemple, les ventes des phosphates constituent parfois jusqu'à un tiers des exportations marocaines (comme en 2008). Cette situation est due notamment à une tendance accrue de l'économie à avantager le secteur tertiaire au détriment de l'industrie qui tarde à décoller, à quelques exceptions près, malgré une stratégie ambitieuse dans ce domaine.