Trahis par la vie et oubliés par la chance, les adolescents ne cessent de se morfondre dans le pessimisme, dans la déprime et dans le malheur parce qu'ils ne font pas partie de ceux à qui la vie sourit. Alors à leur tour, ils boudent la vie et décident de s'en séparer !
Ne pouvant plus supporter cette pression, la jeune fille a décidé de se donner la mort.
LE MATIN
29 Novembre 2011
À 17:45
C'est malheureusement un fait, une réalité. Loin des scénarios tragiques des films américains, les Marocains doivent affronter ce phénomène. De nos jours, il est pris en considération. D'ailleurs, plusieurs actions sont régulièrement organisées pour sensibiliser la société sur cette tragédie qui prend de plus en plus d'ampleur. Le prochain évènement en date, est le un concours vidéo et affiches qui s'organise autour du thème «Brisons le silence. Stop au mal être chez les jeunes».
Ce concours, organisé par les associations «Sourire2Reda» et «Extramuros», dont les prix seront distribués le 5 février 2012, a pour objectif de rompre le silence dans lequel peuvent vivre les jeunes dans un moment difficile de leur vie et donner la possibilité à chacun de s'interroger sur la question du mal être et du suicide chez les jeunes. Ce qui, justement, constitue un des objectifs de l'association «Sourire2Reda», laquelle fait partie des nombreuses associations qui ont vu le jour pour combattre le phénomène du suicide chez les jeunes. L'association a été créée en 2009, à la suite de la mort tragique de Reda Laraki, 13 ans et demi. Tout le monde se rappelle, en effet, de cet adolescent qui a mis fin à ses jours un certain 5 février 2009. «Il avait depuis toujours le sourire aux lèvres, jusqu'à ce jour. Son acte tragique a pour conséquences de révéler l'existence chez les jeunes, de souffrances silencieuses et insoupçonnées, pouvant s'exprimer de façon tragique par la violence envers eux-mêmes ou envers les autres et de lever le voile sur le suicide au Maroc», indique Meriem Laraki, présidente de l'association. Et d'ajouter: «C'est dans ce contexte que l'association a vu le jour, avec pour vocation de venir en aide aux jeunes en souffrance. Elle contribue ainsi à la prévention du phénomène suicidaire chez les jeunes».
Le jeune adolescent, paix à son âme, a été victime de harcèlement moral, d'agressions verbales répétées et de racket pendant une assez longue durée. Ce sont les raisons qui l'auraient poussé à se suicider. Le phénomène du suicide chez les jeunes est plus important que l'on a tendance à le croire. Et Reda n'était pas le premier à avoir choisi la solution extrême. Avant lui, une jeune lycéenne s'était jetée dans le vide, comme ultime moyen de se débarrasser de la douleur qui l'avait envahie. «C'était une jeune fille brillante et première de sa classe. Son acte était une vraie tragédie», raconte une enseignante. «Ses soi-disant amies l'avaient droguée pour que son copain puisse abuser d'elle. Après cet incident, le jeune a continué à la harceler en la menaçant de dévoiler à tout le monde qu'elle avait perdu sa virginité», confie l'enseignante. Ne pouvant plus supporter cette pression, la jeune fille a décidé de se donner la mort. «Durant cette phase de la vie, où l'adolescent est en quête de soi-même, le suicide ou la tentative de suicide peut être une manière de manifester un malaise que le jeune n'a pas réussi à extérioriser. Ou, au contraire, il a exprimé son mal être, mais n'a pas été entendu par les adultes», souligne Abdelkrim Belhaj, psycho-sociologue. Selon lui, le suicide reste un cas isolé, mais ce sont plutôt les tentatives de suicide qui prennent de plus en plus d'ampleur. «Les jeunes optent pour les tentatives de suicide afin d'attirer l'attention de leurs familles et de la société et manifester un mécontentement. Cependant, ils ne sont pas vraiment conscients de la gravité de leur acte et que celui-ci peut être dangereux pour leur vie», estime-t-il.
Le psycho-sociologue insiste aussi sur le rôle important que jouent les parents dans ces tragédies. «Les jeunes qui choisissent la solution extrême souffrent, en général, de l'absence de leurs parents et/ou de leur incompréhension. Lorsqu'on parle d'absence, ce n'est pas forcément physique. La défection psychique, émotionnelle et affective peut s'avérer tout aussi fatale», souligne-t-il.
Vaincre le mutisme
L'association a pour principale mission de venir en aide aux adolescents, en situation de souffrance psychique. L'objectif de l'association est la mise en place d'un centre d'écoute pour briser l'isolement des adolescents et éviter le passage à l'acte dans la violence portée contre soi ou contre autrui, afin de rompre l'isolement en libérant la parole, soulager, apaiser l'état de crise. Sans oublier d'accompagner la réflexion du jeune et lui permettre d'entrevoir des solutions et prévenir le passage à l'acte. Dans ce sens, l'association a mis en place «Stop Silence», premier espace chat anonyme pour les jeunes au Maroc et en Afrique. De par sa spécificité «chat», il est parmi les premiers au Monde. «Rien ne sert de pointer du doigt des responsables, ni d'en chercher la cause: un jeune qui dit en avoir marre de vivre doit être entendu rapidement ! Entendu par le cœur, entendu dans la bienveillance, le respect et le non jugement. Pas besoin d'être spécialiste pour changer la vie d'un jeune en détresse! Mais si ce cœur ne se présente pas, alors mettons en place des structures relais qui l'aideront à retrouver la lumière de son chemin», affirme la présidente.