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Encore un vendredi dans le sang

Les Syriens ont manifesté vendredi par milliers à travers le pays pour affirmer leur détermination à protester jusqu'à la chute du régime de Bachar al-Assad.

16 Septembre 2011 À 19:22

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, en visite en Libye, s'en est violemment pris au président Assad, affirmant que «ce genre de dirigeant doit comprendre que son ère est révolue parce que le temps des régimes oppresseurs a pris fin». Au lendemain des déclarations du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui a appelé à une action internationale «cohérente» sur la Syrie, en soulignant les «promesses non tenues» de M. Assad, les forces de sécurité syriennes ont poursuivi leurs opérations de ratissage et leurs perquisitions, faisant de nouvelles victimes. Mais malgré la répression, les manifestants sont de nouveau descendus dans la rue notamment à Deir Ezzor (nord-ouest), Homs (centre) et dans la province de Damas, sous le slogan : «nous avançons jusqu'à la chute du régime». Les militants sur le terrain se disent «plus que jamais déterminés» à renverser le régime, six mois après le début de leur révolte à la mi-mars.

À Homs, deux manifestants ont été tués par les tirs des agents de sécurité lors de rassemblements qui ont réuni des milliers de personnes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des militants sur place. À Hama (nord), les agents de sécurité «ont encerclé la mosquée Saad Ben abi Waqas» en prévision d'un rassemblement anti-régime, ont annoncé des militants sur place qui ont fait état d'un survol d'avions sur cette ville rebelle, qui avait connu en juillet des manifestations ayant rassemblé des centaines de milliers de personnes. Une personne a également été tuée dans le quartier de Nahr Aïcha à Damas par des tirs des forces de sécurité, de même qu'une à Douma, dans la banlieue de la capitale, selon l'OSDH. Quatre personnes sont mortes et onze ont été blessées lors de perquisitions à Hilfaya, à 17 km de Hama (nord), tandis qu'une personne a péri dans le village de Khattab, également dans la province de Hama, selon l'OSDH. D'autre part, trois personnes ont été tuées dans les villages de Sargé et Kafar Oueid (nord-ouest) par des tirs des forces de sécurité, qui menaient là aussi des perquisitions, selon la même source. En outre, l'OSDH a fait état de la découverte de huit cadavres : six à Jabal al-Zaouiya (nord-ouest) et deux à Homs. La plupart de ces personnes ont péri au cours des dernières 24 heures dans des opérations menées par les forces de sécurité. La télévision publique syrienne a annoncé de son côté qu'un membre des forces de sécurité avait été tué et quatre blessés à Basr al-Harir dans le gouvernorat de Deraa (sud), lors d'une attaque menée par des «groupes armés».

Depuis le début de la contestation mi-mars, la répression a fait plus de 2.600 morts, selon l'ONU. Plus de 70.000 Syriens ont été interpellés, plus de 15.000 personnes sont actuellement détenues et des milliers d'autres portées disparues, selon l'OSDH. Pendant ce temps, l'opposition tentait de s'organiser, mais sans réelle cohérence. A Istanbul, des opposants syriens ont annoncé la composition d'un «Conseil national», qui vise à organiser la lutte contre le régime du parti Baas, au pouvoir depuis près d'un demi-siècle. «Le premier principe du Conseil est notre engagement à renverser le régime», a déclaré Yaser Tabbara, un de ses membres, ajoutant que son organisation serait fidèle à la «nature pacifique de la révolution» et à «l'unité de la Syrie», tout en étant défavorable à une intervention étrangère. Un autre rassemblement de l'opposition, baptisé «Conseil national de transition syrien» et chapeauté par les comités de coordination de la révolution, a choisi Burhan Ghalioun, directeur du Centre des études arabes à la Sorbonne à Paris, comme président. Choisi à son insu, M. Ghalioun a promis de faire de cette initiative «le point de départ d'un véritable front d'opposition unifié».

Après ces annonces, les États-Unis se sont félicités des efforts de l'opposition syrienne, un porte-parole du département d'État américain soulignant qu'en raison de la répression il était «très difficile pour eux de s'organiser politiquement». Par ailleurs, des partis de l'opposition regroupés au sein de «l'Instance de coordination nationale» ont prévu de se réunir samedi dans une banlieue de Damas, a annoncé à l'AFP son porte-parole Hassan Abdel-Azime. Près de 300 opposants, dont l'économiste de renom Aref Dalila, les écrivains Michel Kilo, Georges Sara, Hussein Oudate, devront débattre «des moyens de sortir de la crise», selon la même source.

Liban : un véhicule militaire visé par des tirs de l'armée syrienne

Un véhicule militaire transportant cinq soldats libanais a été touché jeudi après-midi dans un village proche de la Syrie par des tirs de soldats syriens postés de l'autre côté de la frontière, a annoncé jeudi un responsable de la sécurité dans le nord du Liban. L'incident est survenu alors que 18 soldats syriens patrouillaient aux abords du village d'Al-Mouansseh, dans le nord du Liban, a indiqué ce responsable.

Les soldats syriens ont tiré en direction du territoire libanais pour des raisons inconnues, atteignant le véhicule mais sans faire de blessé, a-t-il précisé. Des soldats libanais se sont ensuite déployés le long de la rivière Nahr-El-Kebir, qui sépare le Liban de la Syrie dans cette région, selon des habitants. Selon lui, les tirs ont repris jeudi soir côté syrien en direction du village de Hneider, à deux kilomètres d'Al-Mouansseh. Un des habitants du village a été blessé à la poitrine et transporté a l'hôpital, a-t-il poursuivi.
Des habitants ont dit à l'AFP que plusieurs maisons de Hneider avaient été touchées par les tirs qui ont duré une demi-heure environ. L'armée libanaise avait affirmé plus tôt dans un communiqué qu'une patrouille syrienne était entrée en territoire libanais avant les premiers tirs.
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