«Pas d'attente, pas d'encombrement: vous n'avez plus qu'à vous laisser conduire !», telle est la devise de la société du transport urbain. Mais la clientèle ne se retrouve pas toujours dans la situation promise par ce slogan.
LE MATIN
05 Février 2011
À 15:56
Il y a quelque trois années, les Casablancais se sont réjouis devant la création du réseau des taxis verts. Des petits taxis qui se déplacent jusque chez le client et qui se distinguent par leur disponibilité dans le temps et l'espace. Le but principal de la société est d'épargner aux citoyens les longs moments d'attente dans la rue ainsi que les désagréments de certains chauffeurs de taxis qui se permettent de définir au préalable les trajets qu'ils veulent parcourir et de ceux qui préfèrent les clients séparés pour plus de rentabilité. «Nous offrons au client le confort de rester chez lui et d'attendre l'arrivée du taxi qui ne dépasse pas en général dix minutes», lance l'un des conducteurs . «Le compteur n'est mis en marche qu'après l'arrivée du chauffeur devant le lieu indiqué par le client. Toutefois, ce service est payé par une majoration sur le tarif affiché sur le compteur de 10 DH le jour et 15 DH la nuit», poursuit-il.
Pourtant, certains clients se montrent insatisfaits de ces prestations. A cause de l'embouteillage infernal à Casablanca et les nombreux travaux de réparation et de construction, même les taxis verts n'arrivent pas à l'heure. Mustapha, un client de la société, a appelé la centrale pour demander un taxi mais il a été surpris par la qualité des services. «En tant que client, je ne m'attendais pas à un comportement pareil. Une façon de parler et un vocabulaire loin du professionnalisme. De plus, le chauffeur de taxi a refusé de changer d'itinéraire pour venir me chercher», fustige-t-il. Et d'ajouter : «Il m'a dit sans scrupule qu'il était loin de moi et qu'il n'y pouvait rien. Quelle utilité alors apporte ce fameux taxi vert». Les chauffeurs de taxis habituels confirment ce que dit Mustapha. «Nous sommes à la disposition des clients tout le temps alors que les taxis verts ne changent pas de parcours pour aller chez le client contrairement à ce qu'ils avancent », maugrée un chauffeur de taxi « non vert».
Pour les responsables du taxi vert cela est normal. La centrale essaye de joindre le taxi le plus proche, mais ce dernier peut être très loin de la destination du client. «Nous savons très bien que certains clients ne sont pas satisfaits mais nous ne pouvons pas faire mieux concernant la question du retard. Il faut être logique nous habitons à Casablanca et le trafic n'y est pas évident», explique un chauffeur du taxi vert. «En revanche, il faut savoir que nous aussi nous avons des problèmes avec les clients. Beaucoup d'entre eux pensent que le service est gratuit alors que ce n'est pas le cas. Ils croient aussi que nous sommes à l'attente de leurs appels à la centrale alors que nous travaillons, les taxis sont les nôtres. Donc les clients aussi ne sont pas conscients du nouveau principe de la société», ajoute-t-il. En effet, certains citoyens ont du mal à accepter la majoration du tarif affiché sur le compteur et prennent les chauffeurs pour des voleurs, alors que c'est le principe de la société. «Je préfère prendre un taxi normal au lieu d'attendre et payer dix dirhams de plus. Cela revient beaucoup trop cher», lance Fatima Zahra.
Leila est une fidèle cliente de la société des taxis verts. Son travail l'oblige à voyager souvent à l'étranger. Pour aller à l'aéroport elle fait toujours appel à la société du transport urbain. Diagnostic : elle est à moitié satisfaite. «Si je dois parler des taxis verts, je vais dire que les standardistes ne décrochent pas du premier coup, il faut toujours attendre la deuxième ou la troisième fois. Et les dix minutes de délai d'attente sont rarement respectées. En tant que cliente de ce service pendant deux ans, je peux dire que je suis «satisfaite» si j'oublie deux incidents», confie-t-elle. «Le premier s'est passé il y a un an lorsque mon avion a atterri à minuit et que personne ne m'a répondu alors qu'ils prétendent être à notre service 24h/24. J'ai du alors réveiller ma famille et attendre mon père qui est venu me chercher. Le deuxième c'était lorsque j'ai fait des courses dans un hyper marché et en sortant j'ai appelé un taxi vert. J'ai été malheureusement surprise par le refus du chauffeur sous prétexte qu'il n'embarque pas les bagages lourds », poursuit Leila. Entre plaintes des clients et celles des artisans du taxi vert, le service a encore besoin de temps pour être mieux adapté.
Historique
La société « taxi vert » a été créée par Abdallah Challal. C'est un Marocain résidant en Belgique. Il préside trois sociétés du genre dans trois villes belges. L'une d'entre elles sous-traite avec le Parlement européen pour le transport des délégations parlementaires en déplacement à Bruxelles.
Le projet de création d'une socité de taxis verts date de 2003. La première étape accomplie par les fondateurs était d'acheter une vingtaine de taxis rouge et blanc afin de toucher de plus près les contraintes du métier. En 2007, le dossier de l'entreprise a été déposé auprès des autorités locales. Un an plus tard la société a pu enfin avoir les accords pour commencer le travail en juin 2008.