Avec ce nouveau produit, soutenu par le ministère de la Culture et la Caisse Arabe de la Culture et des Arts, en partenariat avec le Théâtre National Mohammed V, la troupe du « Théâtre Chamat » estime présenter son point de vue théâtral sur un personnage historique hors du commun. >
LE MATIN
15 Mai 2011
À 11:54
« Quand le professeur et ami, Anouar Al Mortaji, m'a proposé son texte sur Hassan Al Wazzan, je me suis trouvé devant une personnalité historique très attirante qui nous parle toujours. Une personnalité dont il est difficile de juger et d'expliquer les choix. Par la même, il se trouve que Léon l'Africain est un personnage dramatique par excellence. C'est un fait, parmi tant d'autres, qui m'a encouragé de mettre en scène ce texte», souligne Bousselham Daif.
En effet, l'ouverture sur le monde du personnage Léon l'Africain a été un point très important dans le travail du metteur en scène. D'autant plus que le sujet pose la problématique de trouver un équilibre entre ce qui est actuel et ce qui est pérenne, avec une forte présence du côté spirituel.
«La représentation théâtrale ne nous transmet pas l'Histoire telle quelle, mais fait une lecture du présent en utilisant des ingrédients du passé. J'ai essayé de créer une harmonie et une complémentarité entre les composantes de la pièce, dont le comédien qui est un facteur essentiel, mais aussi la recherche d'un dialogue synchronisé entre différentes formes, couleurs, musiques et cultures », renchérit le metteur en scène. Et d'ajouter que le choix du comédien, Frédéric Calmès, n'est par fortuit, « car son parcours ressemble fortement à celui de Hassan Al Wazzan ». Ce dernier, connu sous le nom de Léon l'Africain, a eu une vie très mouvementée, ponctuée de plusieurs voyages à travers le monde.
Ce natif de Grenade (Andalousie musulmane) vers 1488 se réfugie avec sa famille à Fès en 1492 où il suit des études de théologie. Initié à la diplomatie par son oncle maternel, il s'engage dans cette voie dès l'âge de 20 ans, en conduisant des missions politiques et commerciales qui lui ont permis de voyager à travers tout le Maroc, les pays du Maghreb, de l'Arabie, de l'Afrique saharienne, jusqu'à Constantinople et l'Egypte. De retour du pèlerinage musulman à la Mecque, il est capturé par un chevalier de l'Ordre de Saint-Jean, Pedro di Bobadilla qui en fait cadeau au pape. Baptisé par ce dernier, il est devenu Jean-Léon de Médicis, dit « Léon l'Africain », connu par sa « Cosmographia de Affrica », publié à Venise sous le titre de «Description de l'Afrique » qui relate la vie, les mœurs, les us et coutumes dans l'Afrique du XVIème siècle. C'est cette vie très intéressante que l'auteur, Anouar Al Mortaji, a voulu mettre en exergue tout en s'arrêtant sur les principales stations du parcours de Léon l'Africain. « L'auteur s'est appuyé sur des références historiques qu'ils a pu transcrire avec une subtilité artistique et littéraire, réussissant par la même à placer le récit entre le passé et le présent», explique Hassan Lamniî. Un beau voyage que le talent des comédiens a pu transmettre au spectateur en le subjuguant et en attirant son attention du début jusqu'à la fin de la pièce.
Le Théâtre Chamat
Avec ce nouveau produit, la troupe du « Théâtre Chamat » entame sa treizième saison, après avoir réalisé, entre autres, « Rass Al Hanout », «La Musique », « Al Awwada », «La vie et le rêve perdus d'un peuple». Son défi est de présenter un théâtre nouveau et différent. Car Bousselham Daif souhaite rester fidèle à un genre de théâtre qui communique avec l'âme et les sens, puis cherche dans les profondeurs de l'esprit de l'être marocain. Selon lui, le théâtre est un vrai atelier de l'imaginaire. Dans cette pièce, la mise en scène de Bousselham a été guidée par plusieurs éléments en rapport avec les idées et les choix assez ambigus du personnage Hassan Al Wazzan que les spectateurs pourront déceler tout au long de la représentation. Donc, après Rabat, Safi, Marrakech et Tétouan, c'est au tour des publics de Fès et d'Al Hajeb de déguster les aventures de ce grand diplomate voyageur.