Spécial Marche verte

Les lignes Témara-Rabat dans le chaos

Des témoignages concordants de passagers soulignent le manque de bus desservant les deux villes et les conditions de transport «inhumaines».
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23 Février 2011 À 16:19

Les problèmes du transport urbain à Rabat et Témara n'en finissent pas.... Ce n'est un secret pour personne: les deux villes voisines qui connaissent un trafic routier des plus importants, ont été toujours mal desservies. Janvier dernier, avec le déploiement d'un nouveau réseau d'autobus plus étoffé par Stareo, la société gestionnaire du transport urbain dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaers, on croyait ce problème résolu une fois pour toutes. Or, il n'en est rien sur le terrain. Les passagers, des fonctionnaires et des étudiants dans leur majorité, n'ont vu aucun signe d'amélioration dans les conditions de transport. Chaque jour que Dieu fait, ils souffrent le martyre en faisant l'aller-retour entre les deux villes distantes de 6 kilomètres seulement. «Mon trajet est très court et ne devait prendre théoriquement que 10 minutes au plus: il s'agit d'aller de Massira II où j'habite à Témara, vers mon lieu de travail situé à Hay Ryad à Rabat. Mais l'attente dure souvent beaucoup plus à cause du manque des bus. Celui que je prends arrive plus que surchargé, la porte se ferme à peine et les passagers étouffent dedans. Je dois donc attendre le troisième, voire le quatrième bus pour trouver ma place.

Et ce n'est pas mon cas à moi seul, c'est un calvaire vécu au quotidien par des centaines de riverains», témoigne Ilyass, cadre chez un opérateur téléphonique à Rabat. Et de poursuivre, ayant le cœur plein : «Mon message à la société délégataire et aux responsables étatiques est : s'il vous plaît, arrêtez d'humilier les passagers et de les transporter comme des marchandises !». Contacté, Sami Baghdadi, directeur commercial et marketing de Stareo, ne trouve pas qu'il y a une sous-capacité au niveau du parc d'autobus. «Onze lignes relient Témara à Rabat pour un total de 168 bus. Ce nombre concerne les heures de pointe, de 7h à 10h et de 14h à 19h30. Stareo a rajouté une ligne non contractuelle à Mers El Kheir à la demande de la commune de Mers et a dérouté une autre ligne pour desservir le quartier Nassim, à la demande de la commune de Témara», informe-t-il. Et pourtant, les plaintes fusent de part et d'autre à propos du nombre insuffisant des bus mis en circulation et de leurs retards fréquents. Le témoignage de Hajar, étudiante dans une école supérieure à Madinat Al Irfane à Rabat, abonde dans ce sens.

«Pour moi, prendre le bus pour me rendre à l'école est vraiment infernal. La ligne Témara-Madinat Al Irfane est dotée d'un seul bus qui, cerise sur le gâteau, vient souvent en retard et toujours plein à craquer. L'encombrement au sein du bus est insupportable et on court toujours le risque d'être agressé ou volé. C'est inhumain! », déplore-t-elle. Cependant, on ne peut nier que Stareo n'a pas lésiné sur les moyens matériels pour renouveler le parc d'autobus qui était, avant, dans un état de vétusté avancé. «Stareo reconnaît qu'une partie du parc, hérité des anciens concessionnaires, n'est pas en bon état », indique M. Baghdadi. En mai dernier, il a été procédé à l'acquisition de 150 nouveaux véhicules qui sont venus se substituer aux anciens. Maintenant, la société « en met plein la vue » à ses clients : bus flambant neufs, aérés, au design moderne et dotés de signalétique. Sur les plans esthétique et fonctionnel, on ne peut demander mieux. Mais dans le contexte actuel marqué par de grandes insuffisances dans le secteur du transport urbain, ces aspects ne revêtent qu'un intérêt accessoire aux yeux des citoyens.

L'apparence du bus représente le ''cadet des soucis'' d'un fonctionnaire qui se trouve chaque matin entre ''l'enclume des horaires de travail contraignants'' et le ''marteau de la rareté des moyens de transport''. « Il est vrai que les nouveaux bus mis en circulation sont de bonne qualité et répondent plus ou moins aux besoins des citoyens en termes de sécurité et de confort. Mais sur le plan quantitatif, ils n'ont pas réussi encore à combler le besoin en matière de transport urbain », nuance Hajar. Selon elle, il existe une seule solution possible pour mettre un terme à la souffrance des usagers. «A mon avis, il faut repenser le réseau du transport sur la ligne Rabat-Témara, vu qu'elle est fortement fréquentée. Augmenter le nombre des bus mis s'avère urgent ». Les renforts vont arriver très bientôt, à croire Sami Baghdadi. «Il est prévu d'acquérir 111 bus neufs en 2011, les 50 premiers devant être mis en service début mai au plus tard. Ceci est de nature à augmenter le nombre des bus en circulation et à améliorer la qualité du parc », annonce-t-il.
La crise du transport à Témara et Rabat connaîtra-t-elle enfin un heureux dénouement ? C'est l'avenir proche qui nous le dira.

Renforcement de la flotte

En mai 2010, Stareo, la société gestionnaire du transport urbain dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs, a procédé au renforcement de sa flotte par 50 bus supplémentaires desservant Témara. Une démarche qui s'est traduite, dans l'immédiat, par une plus grande fluidité du trafic et de meilleures conditions de transport. Mais à peine quelques mois sont passés que la crise a repointé son nez. Un passager interrogé constate même une réduction considérable au niveau du parc. Il avance l'hypothèse que cette réduction soit liée à l'imminente entrée en service du tramway de Rabat.
Une hypothèse infirmée officiellement par Sami Baghdadi, directeur commercial et marketing de Stareo. «En aucun cas le nombre des bus n'a été révisé à la baisse dans la perspective de la mise en service du tramway. Ce point n'est pas à l'ordre du jour de la société », déclare-t-il.
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