Bébé a grandi, il marche, saute, court, parle un peu... ? Alors, l'heure de l'apprentissage de la propreté a sonné.
LE MATIN
10 Février 2011
À 16:49
Se débarrasser des couches est une étape importante dans la croissance de l'enfant, il s'agit de son développement normal, c'est pourquoi, il faut gérer ses fonctions naturelles de façon adaptée. Alors, à quel âge commencer l'apprentissage et comment procéder ?
Alors que nos grands-mères préconisaient une mise sur le pot précoce, la tendance actuelle est beaucoup plus tempérée et l'approche des deux ans semble plus indiquée pour cette nouvelle phase du développement de l'enfant. En effet, à deux ans l'enfant semble pour beaucoup prêt pour aller sur le pot, vu qu'un enfant de moins de deux ans, est dans l'impossibilité de contrôler ses sphincters (de se "retenir"), car son système nerveux n'est pas encore au point. Il ne l'est qu'entre deux et trois ans en fait. Mais plutôt que l'âge, il est important de bien choisir la période, la saison et l'aptitude de l'enfant à vouloir aller sur le pot. A ce titre, l'été est certes la saison la plus propice au bon apprentissage de la propreté. L'arrivée des beaux jours peut permettre aux enfants de rester sans couches pendant la journée, tout au moins. Mais se retrouver sans couches, ne signifie pas immédiatement pour l'enfant prendre conscience des signes annonciateurs du pipi, ni accepter de s'asseoir sur le pot pour faire ses besoins.
«Mon fils a 2 ans et demi et je commence à lui apprendre à être propre, Le problème c'est qu'il ne veut pas s'asseoir sur le pot, je suis désespérée», confie Rajaa. Ghita elle, est plus chanceuse avec sa fille: «Ma fille a 16mois et quand elle voit le pot elle dit «Popo»!», dit-elle. Et d'ajouter: «je crois qu'il faut les laisser grandir tranquillement. Ils ne doivent pas être bousculés. Mais quand ils demandent le pot, il faut les encourager». Alors comment savoir si l'enfant est prêt ?
Si le temps le permet, il est conseillé de laisser l'enfant sans couches, avec une culotte. Faire pipi dans la culotte permet au jeune enfant de prendre conscience de l'acte. Dès lors que les pipis de l'enfant commencent à s'espacer de plus d'une heure, l'apprentissage peut dans ce cas, débuter. Mieux vaut au départ, Laisser l'enfant jouer avec son pot (propre). Ensuite le faire asseoir sur le pot. Il est important que l'enfant ne considère pas la mise sur le pot comme une punition mais comme un jeu, ça facilitera les choses. «Avec mon fils de trois ans, je lui disais qu'il fallait donner à boire et à manger à «madame toilette» et il a trouvé ça très drôle. Et quand il me dit qu'il ne veut pas y aller je lui dis que «madame toilette» pleure car elle a faim et soif et cela l'amuse beaucoup», explique Sanaa. Autre solution, lui proposer le WC (comme les grands). Il est fréquent que des enfants refusant le pot, se dirigent spontanément vers la cuvette des WC. Notamment s'ils ont des frères et sœurs aînés. Dans ce cas, le mieux c'est d'opter pour un siège réducteur à poser sur la cuvette. «Ma fille commençait tout juste à devenir propre quand j'étais en voyage. Pour le pot j'ai pris un réducteur, qu'ont met sur notre cuvette. Ça l'a beaucoup aidée, le jour où je suis rentrée de voyage, elle est devenue propre toute la journée, même pendant la sieste», affirme Nawal. Sinon, il existe quelques signes qui révèlent si l'enfant est prêt à être propre.
Nous pouvons citer par exemple : "Maman, pipi !" Pas de message plus clair, apprendre à décoder les grimaces de son enfant quand il sent venir l'envie et bien sûr, il y a les classiques à savoir l'agitation quand le pipi se pointe, l'immobilisme et le dos qui se voûte à l'heure du caca…
Les bébés ne sont pas tous pareils
Il se peut que l'enfant refuse catégoriquement de s'asseoir sur son pot ou qu'il n'y reste que quelques secondes et parte en courant. Dans ce cas là, les psychologues conseillent de ne pas insister ou de gronder, pour ne pas provoquer de blocage.
Autre cas de figure, l'enfant accepte de rester patiemment sur le pot mais ne fait rien. Là encore il s'agit d'une étape importante dans le processus d'autonomie, il vaut mieux essayer de le distraire pour qu'il se relaxe. «Un jour il a fait pipi dans le pot deux fois, mais je suis restée une demi-heure à ses côtés et lorsqu'il a voulu faire son grand besoin il m'a apporté une couche et il l'a fait dedans», se souvient Ilham. De l'apprentissage du pot jusqu'à la totale autonomie, du temps est nécessaire pour que l'enfant parvienne à se contrôler. Il est possible donc, qu'il se lâche plus dans sa culotte. En effet, un enfant qui joue ne voudra pas interrompre son jeu pour aller sur le pot. De même lorsque l'enfant est fatigué ou malade. Là aussi, le dialogue et la patience sont de mise. L'entrée à l'école maternelle est parfois un excellent déclencheur pour les petits, un désir pour eux de faire comme les copains et copines de classe et de s'affirmer. «Mon garçon a été propre trois jours après la rentrée en maternelle, il ne voulait plus mettre de couches, ni utiliser de biberons», confirme Sara.
Certains n'apprennent jamais à se contrôler
Le phénomène du pipi au lit correspond à une perte d'urine inconsciente et involontaire pendant le sommeil, à un âge où l'on devrait contrôler son sphincter. Le terme médical est L'énurésie, cette pathologie qui touche en général, les jeunes enfants, peut perturber également certains adolescents et adultes. Les médecins dénombrent trois facteurs importants, qui seuls ou combinés, peuvent provoquer l'énurésie: Une petite capacité vésicale et/ou une contraction involontaire et prématurée de la vessie, une production très élevée d'urine pendant la nuit. Et la sensation d'une vessie pleine n'éveille pas l'enfant, ce qui est provoquée par un dysfonctionnement de son horloge interne. Chez l'adolescent et l'adulte, nous distinguons les facteurs médicaux et les facteurs psychiques.Lorsqu'un adulte souffre d'énurésie, la cause est souvent un problème hormonal. «L'antidiurétique» qui garantit une moins grande production d'urine pendant la nuit, n'est pas présent en quantité suffisante. En conséquence la production nocturne d'urine est trop importante par rapport à la capacité vésicale. Aussi l'énurésie est héréditaire, si un parent en souffrait, il y a de fortes chances que l'enfant la développe. A propos des causes psychiques, Fatima Kettani, psychologue spécialiste des problèmes familiaux, assure que: «La méthode utilisée par les parents, est très souvent la cause principale du développement du problème chez l'enfant moins jeune. La peur de celui-ci et la violence des grands peut aggraver les choses».
EXPLICATION Ghizlane Benjelloun • Pédopsychiatre
«L'apprentissage peut se faire sereinement avec certaines règles éducatives»
Y a t-il un âge adéquat pour mettre l'enfant sur le pot ?
L'acquisition de la propreté peut être un chemin long et difficile si les parents forcent l'enfant à un âge où il ne peut pas encore contrôler ses sphincters. Ce contrôle est soumis à l'influence conjointe de la maturation physiologique, du développement psychologique et de l'éducation. En fait, la maîtrise automatique du sphincter anal est acquise normalement entre deux ans et deux et demi.
Quelles méthodes faut-il utiliser ?
Cet apprentissage peut se passer sereinement si la relation avec les parents est basée sur le respect de l'enfant, mais aussi avec un certain nombre de règles éducatives. Autrement dit, si les parents ont du mal à se faire entendre, ne sont pas assez fermes ou s'ils sont trop laxistes, la propreté peut générer des conflits sans fin car c'est un rapport de force qui s'établit. Pourquoi certains enfants
refusent se passer des couches ?
L'enfant saisit bien l'enjeu de faire dans le pot. Mais on retrouve des enfants qui par opposition aux parents vont faire pipi à côté, par terre, ou juste après avoir passé une heure sur le pot… et parfois au moment de la défécation, certains enfants sont saisis par une vive angoisse qui résiste aux réassurances de leur mère.
A quel âge faut-il commencer à s'inquiéter ?
On ne parlera de retard ou d'énurésie que si la miction est répétée, involontaire et le plus souvent nocturne chez les enfants âgés de plus de 5 ans. Et on ne parlera d'encoprésie que si l'émission fécale est répétée et involontaire de consistance normale ou quasi normale dans des lieux non appropriés, généralement diurne, survenant inopinément, après l'âge habituel d'acquisition de la propreté à partir de 4 ans.