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La voix de Farida Mahwash retentit dans le ciel du Chellah

● Le groupe Mahwash de l’Afghanistan s’est produit, samedi dernier, au site du Chellah pour le plaisir d’un public de mélomanes.
● La Diva Farida a ensorcelé le lieu avec sa voix puissante et charismatique.

La chanteuse du groupe interprétant des airs du fin fond de son pays natal. Ph. Kertouch

21 Mai 2012 À 16:35

Comme chaque année, le site historique du Chellah accueille une pléiade d’artistes et de groupes traditionnels dont la musique constitue un legs patrimonial riche en paroles et en sonorités envoûtantes. Tel est le cas de cette 11e édition du festival Mawazine qui voit défiler, tour à tour, des ensembles venant de Macédoine, de Turquie, de Russie, d’Espagne, d’Iran, de Chine, d’Inde et d’Afghanistan. Ce dernier pays nous a émerveillés avec son groupe légendaire «Ustad Farida Mahwash».

Un ensemble que le public éclectique du Chellah a eu le plaisir d’apprécier, à sa juste valeur, le temps d’un concert. Un voyage musical des plus envoûtants où l’assistance s’est laissée emporter volontairement par la magie de cet art au confluent des musiques arabe, persane, indienne et des traditions purement afghanes. La chanteuse du groupe, Farida Mahwash, a pu capter toutes les attentions grâce à sa voix forte et mélodieuse chantant des airs du fin fond de son pays natal où elle rêve de revenir un jour pour y chanter. Cette Oum Kaltoum afghane, qui a quitté sa terre natale malgré elle, à cause de la montée de l’extrémisme, réside actuellement aux États-Unis d’où elle part conquérir le monde en compagnie de l’ensemble Kaboul dirigé par son fils Khaled.

Plusieurs distinctions

Les compositions très élaborées qu’elle chante, inspirées des raga indiens et des formes traditionnelles de son pays, lui ont valu plusieurs distinctions, dont le prix «Asia/Pacific Award of World Music» de la BBC en 2003.Mais, son parcours artistique a commencé à s’enrichir depuis les années 60 où elle a été découverte par le directeur de la radio où elle travaillait. Ce qui lui a permis d’obtenir une bourse de formation au chant et à la musique auprès d’Ustad Mohammad Hashem. Ce dernier lui a enseigné le raga indien ainsi que des formes traditionnelles afghanes. Il lui a fait explorer ses racines régionales ainsi que la musique classique indienne. Farida fut vite repérée par les professionnels et élue artiste de l’année en 1970. C’est là qu’une belle carrière artistique s’est ouverte devant elle et l’a permis d’obtenir le titre d’Ustad (maître), en 1977, pour ses surprenantes capacités vocales et musicales.

Ce prix lui a été décerné par le célèbre Ustad Mohammad Hussain Sarâhang. Elle était la première femme à avoir suivi cette voie. Elle devient, de ce fait, l’une des plus grandes chanteuses du pays, capable de s’exprimer dans tous les styles. Cette dame de la musique enchaîne les concerts dans différents pays du monde où elle est toujours accueillie avec beaucoup de respect et de reconnaissance. Elle enregistre régulièrement des albums passionnés et raffinés, notamment en France avec Radio Kaboul, groupe formé essentiellement de musiciens afghans exilés. Ses musiciens sont aussi considérés qu’elle, grâce à leur virtuosité et leur dévouement pour leur patrimoine musical ancestral. Ils voyagent à travers le monde emportant avec eux leur culture séculaire transmise de génération en génération, en compagnie d’une voix qui clame la paix et l’amour.


Questions à : Aziz Daki, directeur artistique de Mawazine

«La scène du Chellah représente l’âme du Festival»

Dans quel but a été conçue la scène de Chellah ?C’est une scène qui répond à une thématique précise qui est celle des musiques du monde. Cet espace représente un peu l’âme du festival. Il donne à voir et à entendre les valeurs de cet événement, comme l’ouverture sur l’autre, la découverte de l’autre, le multiculturalisme. C’est aussi un lieu où se produisent des artistes qui viennent de très loin, notamment de Chine, d’Inde, d’Afghanistan, de Russie… Ce qui permet au public marocain de rencontrer d’autres façons de vivre.

Sur la base de quels critères sont sélectionnés les artistes et groupes invités ?Bien sûr, on se base sur des critères de qualité et de popularité dans le monde. Ce sont tous des artistes qui tournent partout et ont beaucoup de succès là où ils passent.

Ne croyez-vous pas que cette scène n’a pas la promotion qu’elle mérite ?Nous n’épargnons aucun moyen pour faire la promotion de cette scène comme de toutes les autres. On n’arrête pas de dire que la scène du Chellah est très importante pour le festival. Mais nous constatons que les journalistes sont attirés par les scènes qui attirent plus de foules.

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